Une délégation du M23 est bel et bien arrivée dans la capitale rd congolaise en vue d’une réunion avec le Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, accord qui était censé amener la paix dans l’Est du Congo.
Kinshasa et l’ex-M23 évaluent, depuis vendredi 27 mai, la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi. Déclaration à travers laquelle le mouvemenr rebelle dissout s’était engagé à renoncer à la rébellion armée. Au cours d’une réunion au siège du Mécanisme national de suivi (MNS), les parties prenantes à l’Accord-cadre ont passé en revue les différents points de la Déclaration de Nairobi pour prendre acte des choses qui sont en train d’être faites et celles qui restent à faire. Ces travaux, qui se sont poursuivis le samedi 28 mai, ont lieu sous les auspices de l’Envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies dans les Grands Lacs, Said Djinnit.
Mais à son ouverture, la réunion a bien failli capoter.
Et pour cause, alors que la réunion devait commencer, les trois membres de M23 venus de Kampala refusent de participer aux discussions. Motif : ils attendent la libération de trois de leurs camarades qui sont en détention à Kinshasa. " On nous l’avait promis, ils font partie de notre délégation ", assure l’un des membres de la délégation. " C’est faux, regardez cette lettre du secrétaire exécutif de la CIRGL ", l’une des organisations sous-régionales, rétorque-t-on, côté gouvernement. Et pourtant, Ntumba Luaba avait écrit le même vendredi au président du M23, Bertrand Bisimwa, lui rappelant qu’il était convenu que le chef de leur délégation ne soit accompagné que de deux assistants.
Cette libération des prisonniers figure dans les obligations du gouvernement dans les déclarations de Nairobi, insiste-t-on, du côté de l’ancien mouvement rebelle dissout alors que la partie gouvernementale estime avoir amnistié ceux qui étaient éligibles. La libération des prisonniers a justement figuré à l’ordre du jour de cette réunion, de même que le rapatriement des ex-rebelles toujours réfugiés en Ouganda et au Rwanda. Tous les ultimatums posés l’année dernière par la communauté internationale n’avaient servi à rien.
Néanmoins, ces pourparlers à Kinshasa se sont déroulés dans un esprit constructif. " A ce jour, nous avons fait beaucoup de progrès. Nous nous réjouissons du fait que cette réunion soit tenue dans le cadre du Mécanisme national de suivi, pour poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration de Nairobi ", s’est félicité Said Djinnit. " Au niveau du gouvernement, nous avons évolué dans une logique de sincérité et de responsabilité. Nous avons considéré, en ce qui nous concerne, que tout était fait. Aujourd’hui, nous saluons l’arrivée à Kinshasa du coordonnateur désigné par le M23. Nous avons programmé des réunions qui pourront nous permettre de décider de la suite des travaux", a déclaré le coordonnateur du MNS, François Muamba Tshishimbi.
Parmi les questions qui feront l’objet de prochaines réunions, l’on note la libération des membres de l’ex-mouvement rebelle faits prisonniers. La délégation du M23 espère que tout se passera dans le sens de faire avancer les choses. Sur les onze points retenus, seuls deux points auraient été respectés. De ce fait, l’ancienne rébellion du M23 menaçait même de se désengager du processus de Nairobi.
La Monusco a toujours rappelé que ces engagements devaient être respectés par toutes les parties. Dans un communiqué publié mardi 27 octobre à Bujumbura (Burundi), la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs a aussi invité les dirigeants de l’ex-M23 à "continuer à être engagés et à maintenir l’esprit des déclarations de Nairobi pour apporter la paix et la stabilité en RDC et dans la région ".
Sont présents dans la capitale congolaise, les garants de cet accord : Saïd Djinnit et Ibrahima Fall, tous deux Envoyés spéciaux pour les Grands Lacs respectivement de l’ONU et de l’Union africaine, ainsi que des représentants des organisations sous-régionales. Rachidi MABANDU