2,50 m de haut, les robots qui régulent depuis quelques temps la circulation parfois agitée à Kinshasa, sont mieux appréciés que les roulages. Des passants et automobilistes s’habituent désormais au langage gestuel de ces automates.
Ces personnages de 2,50 m en aluminium, alimentés par un panneau solaire, remplacent les policiers chargés de réguler la circulation dans les carrefours de la capitale. A l’instar de celui installé devant le Parlement avec son ballet quotidien. Toutes les 5 minutes, il pivote son buste, son plastron passe du vert au rouge et il place ses bras à l’horizontale comme le ferait un agent pour bloquer une voie et laisser passer les voitures sur l’autre.
Au niveau du carrefour devant le Palais du peuple, les "Esprits de mort ", ces fameux bus plus ou moins délabrés, les voitures et les motos filent à toute allure sur les quatre axes qui cheminent vers ce rond-point. Mais quand au milieu du croisement, un robot géant, qui semble tout droit sorti du film " Retour vers le futur ", pivote sur lui-même et lève les bras à l’horizontale, tout le monde s’arrête. " C’est notre robot -roulage", s’exclame un automobiliste en souriant, "on l’aime bien, alors on le respecte !".
" Le robot, c’est mieux que le policier ", explique Roger à bord de son petit taxi au niveau du carrefour à un jet de pierre du Palais du peuple. "Il fait son travail, les minutes sont bien réglées et il ne fait pas de tracasseries ! ", sous-entendu : la créature d’aluminium ne demande pas d’argent pour arrondir les fins de mois difficiles et compenser les longues heures passées à réguler la circulation sous le soleil brûlant de Kinshasa.
" MAINTENANT C’EST MIEUX QU’AVANT "
Sur rond-point Victoire, certains véhicules s’arrêtent automatiquement au signale rouge de l’agent-machine de régulation de circulation. Cependant, quelques têtes brulées grillent le feu rouge. Pour les vendeurs ambulants trouvés sur les lieux, " depuis que ce robot a été placée dans ce carrefour, l’embouteillage ne se fait plus sentir comme dans le temps ". A en croire un vendeur d’accessoire de téléphone mobile, Gervain Makobo, " les policiers n’arrivent plus à ce carrefour ". "La circulation est devenue normale et les accidents ont sensiblement diminué " indique-t-il.
Des sources renseignent qu’en 2011, par exemple, il y a eu plus de 2.650 accidents de la route à Kinshasa. Des véhicules délabrés sillonnent les rues sans respect du Code de la route ". " Nous avons voulu créer un concept qui permettrait de mieux réguler la circulation chaotique de cette ville et assister les agents de circulation", explique Thérèse Izay Kirongozi, du collectif " Women technology ", constructeur de ces robots.
Certains chauffeurs se disent satisfaits de cette initiative qu’ils qualifient de " louable ". C’est le cas de Peter, chauffeur d’un camion. Pour lui, la machine, qui régule la circulation routière, est mille fois meilleure que les humains.
"La plupart de fois ce sont les roulages qui créent les embouteillages en arrêtant les véhicules d’une façon arbitraire, juste pour solliciter un billet de banque au près des chauffeurs-taxi " a-t-il dit. " Depuis que ce robot est implanté ici, ça va quand-même mieux ", a-t-il ajouté.
PROBLEME D’ADAPTATION
Si pour la majorité des conducteurs les robots leur facilitent la tâche, tel n’est pas le cas pour les autres. Interrogés, certains automobilistes ne semblent pas s’adapter à cette nouvelle réalité. Dans certains points de la ville, ils ne respectent pas les indications des robots, rendant ainsi la présence des policiers de roulage encore indispensable.
Au rond-point Victoire par exemple, l’un des carrefours les plus animés de la ville, les choses ne semblent pas vraiment aisées. Non seulement les chauffeurs n’obtempèrent pas aux indications du robot, mais en plus la dégradation de la chaussée complique la circulation. Un gros nid de poule s’est créé au croisement des avenues Victoire-Kasa-vubu. Les chauffeurs qui tentent de dévier la flaque d’eau qui se constitue à cet endroit après la pluie font peu de cas des indications du robot. Seuls les policiers arrivent à leur faire entendre raison.
LES OFFICIELS INDEXES
Les officiels congolais qui circulent dans les cortèges ne sont pas non plus des modèles en matière de respect du code de la route. "Ceux qui violent les normes de la route, il n’y a pas que les chauffeurs mais c’est aussi les autorités du pays. Quand une autorité vient et que le robot l’arrête, il ne s’arrête pas, il préfère passer, et quand il passe, le chauffeur qui observe cela et qui respectait le feu rouge fait automatiquement de même", explique un autre conducteur.Rachidi MABANDU
& Lady SIFA SABRINA