Perriello en mission d’information au Congo, en France, en Egypte et en Angola.
Selon un communiqué du Département d’Etat américain distribué aux médias, l’Envoyé Spécial des Etats-Unis pour la Région des Grands Lacs d’Afrique, Thomas Perriello, devrait effectuer une tournée devant le conduire successivement au Congo Brazzaville, en Tanzanie, en France, en Egypte et en Angola entre au cours de ce mois de juillet 2016.
Une seule et même raison explique cette mission d’information : la situation politique préoccupante qui prévaut au Burundi et en République Démocratique du Congo.
S’agissant du Burundi, on apprend que le diplomate américain est invité à participer au Dialogue entre frères ennemis burundais qui se tient à Arusha, en Tanzanie, à l’initiative de la Communauté de l’Afrique de l’Est et sous la médiation de l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa. En ce qui concerne la République Démocratique du Congo, la communauté internationale demeure fortement préoccupée par les incertitudes que font peser, sur l’avenir du pays, le blocage du processus électoral et une épreuve de force, qui ne dit pas son nom, entre la Majorité Présidentielle régentée par le Chef de l’Etat en fonction, Joseph Kabila, et l’Opposition, fédérée sous la bannière d’Etienne Tshisekedi depuis le Conclave de Genval’ en Belgique. Les Occidentaux ne se font plus d’illusion quant aux velléités de conservation du pouvoir par le camp présidentiel, à travers un passage en force sur fond de l’Arrêt 262 de la Cour Constitutionnel permettant à Kabila de rester en fonction jusqu’à la passation de témoin avec son successeur sorti des urnes mais aussi à la détermination du camp adverse de résister à toute tentative de prolongation du mandat présidentiel.
A en croire le Département d’Etat, Thomas Perriello devrait, lors de ses étapes de Brazzaville, Paris, Caire et Luanda, discuter avec des leaders africains, des décideurs occidentaux ainsi que des bailleurs de fonds, « des inquiétudes croissantes relatives à l’impasse politique en République Démocratique du Congo et des efforts en faveur de la tenue d’un Dialogue inclusif rassemblant les acteurs congolais, visant à organiser les élections en temps voulu ».
On croit savoir que l’Envoyé Spécial des USA dans les Grands Lacs, dont le pays souhaite ardemment une passation civilisée du pouvoir à Kinshasa, conformément aux prescrits de la Constitution, c’est-à-dire à la fin de l’année en cours, va partager avec ses interlocuteurs cette lecture des enjeux politiques en RDCongo. Nul n’ignore que Washington est prêt à prendre des sanctions ciblées contre tous ceux qui, au sein des institutions congolaises, de l’armée, de la police, des services de sécurité, de la territoriale, de l’administration publique ou du monde des affaires, sont déjà épinglés comme des torpilleurs du processeurs électoral et des violateurs des droits de la personne humaine. On retient, à ce sujet, comme premier avertissement, la décision du gel des avoirs réels ou supposés du général Célestin Kanyama de la police sur le territoire américain, rendue publique par le Trésor américain il y a trois semaines.
On note aussi qu’à plusieurs reprises, le président Barack Obama, le Secrétaire d’Etat John Kerry ainsi que plusieurs diplomates américains ont exhorté le président Joseph Kabila à se retirer élégamment du pouvoir à la fin de son deuxième et dernier mandat, ce qui ouvrirait une nouvelle ère démocratique à son pays.
On peut rappeler que le Burundi se trouve plongé dans une grave impasse politique pour avoir connu, l’année dernière, des élections non démocratiques et non transparentes. Quant à la RDC, elle traverse une période préélectorale de tous les dangers, suite à la difficulté, pour sa classe politique, à savoir la Majorité Présidentielle et l’Opposition, à se mettre d’accord sur les termes de référence du Dialogue, reconnu. pourtant.par l’une et l’autre comme l’unique alternative pour faire débloquer le processus électoral en panne.
Le cas RDC est du reste suivi de manière particulière depuis l’adoption, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, de la Résolution 2277 préconisant,, entre autres voies de sortie à la crise politique actuelle, l’organisation d’un Dialogue inclusif. Pour l’instant, la question de l’alternance au sommet de l’Etat, à travers la tenue de l’élection présidentielle à l’échéance de novembre 2016, reste sans solution.
Les dernières manœuvres diplomatiques amorcées d’un côté par le Groupe de Soutien à la Facilitation du Dialogue, qui a rencontré Etienne Tshisekedi et plusieurs membres de l’Opposition le week-end dernier à Bruxelles, et de l’autre, par l’Envoyé Spécial des USA en Afrique et en Europe, laissent penser que la communauté internationale tient à prévenir le scénario du Burundi, où elle est en train d’accompagner le chaos post-électoral alors que c’était plus facile d’agir en amont.
D’ici peu, on saura si tous les nuages qui entourent le dialogue peuvent être évacués rapidement.
Par KIMP