Dialogue : l’heure est grave !

Jeudi 4 août 2016 - 12:13
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Le Groupe de Soutien à la Facilitation du dialogue inclusif entre Congolais se réunit ce jeudi 04 juillet 2016, à l’immeuble Serkas, sur le boulevard du 30 juin, dans la commune de la Gombe, et plus précisément dans les locaux qui abritent le cabinet d’Edem Kodjo, facilitateur récusé depuis presqu’un mois par le « Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement », que pilote Etienne Tshisekedi. L’heure est grave, indique-t-on, car le temps est désormais compté aux Congolais pour non seulement la tenue de ce forum
mais aussi l’organisation de la présidentielle, dont le délai constitutionnel est contraignant.

Or, sans dialogue et partant sans un compromis politique entre parties prenantes, c’est la course aveugle de tout un pays vers l’abîme. La Communauté internationale ne le sait que trop bien, notamment sur la base du dernier rapport du Secrétaire général adjoint de l’ONU au Conseil de Sécurité, dans lequel il avait fait état d’une perspective de fin d’année 2016 chaotique si l’élection présidentielle n’était pas organisée à la date butoir du 27 novembre et si la passation de pouvoir n’avait pas lieu le 20 décembre entre le président Joseph Kabila, qui est en train d’épuiser son second et dernier mandat, et son successeur.

Afin de prévenir le pire, un Groupe de Soutien à la Facilitation a été mis sur pied, avec comme membres des Envoyés spéciaux de l’ONU, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, de l’Organisation Internationale de la Francophonie et des USA dans les Grands Lacs, auxquels se sont joints automatiquement des représentants de la Grande-Bretagne, de la Belgique, de l’Allemagne et de la France. On croit savoir que l’ordre du jour de la rencontre de ce jeudi va comporter comme points principaux l’évaluation objective et exhaustive
des préparatifs du Dialogue, dont le Comité préparatoire n’a pu démarrer les travaux le samedi 30 juillet, comme annoncé par le Facilitateur Kodjo, en raison sans doute de sa récusation par l’Opposition réunie autour d’Etienne Tshisekedi.

Nombre d’observateurs pensent que le Groupe de Soutien à la Facilitation du Dialogue devrait établir un procès-verbal de carence à charge de l’ancien premier ministre togolais et Secrétaire général honoraire de la défunte OUA (Organisation de l’Union Africaine). En effet, en six mois de travail, aucune avancée notable n’a été enregistrée dans la voie du Dialogue. En dehors d’interminables consultations qu’il a menées auprès de la classe politique et de la société civile à Kinshasa et de quelques virées vers Bruxelles pour sonder Etienne Tshisekedi d’abord en solo et ensuite en groupe après le Conclave de l’Opposition à Genval (08-10 juin 2016), il a donné l’impression d’être déconnecté des réalités de la scène politique congolaise.
L’une des gaffes qu’il a commises était de précipiter le démarrage des travaux du Comité préparatoire du Dialogue et de les intercaler entre le meeting de la Majorité Présidentielle annoncé pour le vendredi 29 juillet et celui de l’Opposition fixé de longue date au 31 juillet. L’image envoyée dans l’opinion par une telle initiative est qu’Edem Kodjo s’était inscrit dans le schéma du passage en force, dont le résultat ne pouvait être que l’exclusion de leaders politiques ayant un poids sociologique non négligeable au sein de la société congolaise. Et le report sine die de cette activité a fini par faire
croire à tous que l’homme agissait sous la dictée des forces occultes.

Le sort de Kodjo pourrait être règle aujourd’hui

Au vu du terrible désaveu dont il fait l’objet de la part du «Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement », Edem Kodjo devrait avoir l’élégance de rendre le tablier. Avec tout le respect qu’on lui doit, force est de constater qu’il n’a pas la maîtrise du dossier du dialogue. Il est en effet bizarre de constater que le fameux Comité préparatoire du Dialogue qu’il avait mis sur pied était entièrement dominé par des délégués de la Société civile.
Comment a-t-il pu ignorer les principaux acteurs de la crise politique ? De quoi allait-on parler dans un forum préparé par une « composante » elle-même atomisée par des querelles de leadership et truffée des satellites de la Majorité et de l’Opposition ?
Pourquoi Edem Kodjo a-t-il persisté à agir comme s’il avait peur de la mutation du Groupe de Soutien à la Facilitation en Comité préparatoire du Dialogue ?  Il convient de dire, en toute honnêteté, que la communauté nationale aurait intérêt à désigner un nouveau facilitateur, mieux informé des enjeux politiques de la RDC, plus indépendant, plus pédagogue et plus psychologue que son prédécesseur. Dans l’hypothèse du maintien de l’intéressé à son poste, le dialogue déjà en panne prendrait un sérieux coup d’arrêt..
Kimp

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