De son coté, la VSV déplore le blocage des fonds destinés aux conseils de Chebeya et Bazana, mis à la disposition du Barreau national par Osisa pour le transport et autres démarches
A quelques jours du prononcé du verdict, fixé au jeudi 17 septembre 2015 dans l’affaire Ministère public et Parties civiles contre le colonel Daniel Mukalay et consorts sur le procès en appel concernant l’assassinat des défenseurs des droits humains Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi, la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) se dit vivement choquée et dénonce les menaces mettant en insécurité les avocats des parties civiles.
C’était au cours d’un point de presse tenu le hier jeudi 3 septembre au siège de la VSV, dans la Commune de Ngaliema. D’après Rostin Manketa, directeur exécutif adjoint de la VSV, c’est depuis la comparution du renseignant Kalala Kalao, ancien chauffeur du colonel Daniel Mukalay, contre qui il a fait sa déposition à l’audience du 9 juillet 2015, que les avocats des parties civiles sont victimes de menaces.
Manketa a noté que ces menaces se sont amplifiées depuis les dernières plaidoiries des avocats des parties civiles, fin juillet et début août 2015, au cours desquelles il a été fait état de certaines pièces du dossier n’ayant pas fait l’objet de l’instruction, notamment les pièces relatives au rapport de la VSV sur les massacres des adeptes du Mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo en 2008 dans la province du Bas-Congo et le message électronique que feu Floribert Chebeya Bahizire avait envoyé à Maître Djakani à Bruxelles fin mai 2010, lui demandant de rédiger une plainte à déposer à la Cour Pénale Internationale contre les auteurs présumés de ces massacres.
Pour la VSV, les menaces dont font l’objet les avocats des parties civiles dans l’exercice de leur fonction d’avocat pour une cause juste ne font que corroborer la thèse de crime d’Etat ciblé et planifié, ainsi que l’absence de volonté politique en vue de contribuer à la manifestation de la vérité sur les circonstances réelles de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. » Vous les avocats des parties civiles, vous êtes en train de combattre le pouvoir en place, irez-vous jusqu’au bout « . «
Les parties civiles et leurs conseils cherchent la tête du chef de l’Etat et non Mukalay et John Numbi « , » vous risquerez de subir le même sort que les autres » (Floribert Chebeya et Fidèle Bazana). Tels sont le contenu de ces messages.
Outre ces menaces, la VSV signale encore la destruction de la boîte e-mail de Me Kabengela Ilunga et des lettres de blâme venant du Barreau National sur les prestations du collectif des avocats dans le dossier assassinat Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
La VSV, tout en condamnant fermement les menaces proférées sous diverses formes contre les avocats des parties civiles, exige de Kinshasa l’ouverture d’une enquête indépendante sur ses menaces et intimidations, afin d’en identifier les auteurs, de les présenter devant la justice pour qu’ils répondent de leurs actes.
L’Ongdh plaide pour que cesse immédiatement toutes les menaces contre les avocats des parties civiles dans l’exercice de leurs fonctions pour une cause noble et juste. Elle demande au gouvernement de la RDC de prendre des mesures sécuritaires appropriées en vue de sécuriser les avocats des parties civiles et leurs proches.
Pas trop chaud du verdict de la HCM
Quant au procès en appel à la Haute Cour Militaire, la VSV dénonce la soustraction des poursuites dont a une fois de plus, bénéficié le général John Numbi, suspect n°1 dans l’affaire de l’assassinat des deux défenseurs des droits humains. » La VSV n’entend rien de ce verdict qui sera prononcé le jeudi 17 septembre 2015 me se réjouis d’avoir épuisé toutes les voies de recours au niveau interne mais promet de saisir les instances judicaires internationales « , a martelé Rostin Manketa.
Etant partie civile à ce procès, la VSV se dit déçue et regrette d’avoir interjeté appel presque pour rien. L’Ongdh avait déjà exprimé des craintes quant à l’aboutissement heureux du procès en appel avec la manifestation de la vérité sur les circonstances réelles de l’assassinat de ses deux membres effectifs.
Mais elle espère qu’avec l’épuisement des procédures au niveau interne, toutes les voies sont et seront ouvertes pour que les mécanismes au niveau régional et international se saisissent du dossier. La VSV a les yeux tournés vers Dakar où repose désormais son espoir pour voir un jour John Numbi poursuivi dans cette affaire.
Le Barreau national indexé
A part les menaces et intimidations, les avocats des parties civiles éprouvent d’énormes difficultés depuis le gel de leurs fonds par le Barreau national de l’ordre des avocats de la RDC, à en croire des déclarations entendues hier.
Ce qui fait qu’ils ne seront pas en mesure de mettre à la disposition de la HCM leurs notes de plaidoiries ce vendredi.
Pour rappel, certaines organisations internationales dont Osisa avait mis à la disposition des avocats des parties civiles dans l’affaire Chebeya et Bazana une somme de 30.000 dollars américains. Cette somme a été mise à la disposition du Barreau national.
A l’époque du Bâtonnier national Mbuyi Mbiye Tenay, le décaissement de fonds se faisait sans problème. Mais n’est qu’avec l’arrivée du nouveau Bâtonnier national que le décaissement de ce fonds pose problème.
Pour ce moment, il reste une somme de 19.000 dollars américains, l’argent destiné aux avocats des parties civiles qui est bloquée au niveau du Barreau national de l’Ordre des avocats.
Par Godé Kalonji Mukendi