Dossier Katumbi : des pressions politiques dénoncées

Mercredi 3 août 2016 - 12:06
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Recrutement imaginaire de mercenaires, spoliation immobilière sans preuves
L’ACAJ, qui revient sur la lettre de la présidente du Tripaix de Lubumbashi, constate que l’ancien gouverneur du Katanga est devenu la bête noire de la Majorité présidentielle

Depuis qu’il a quitté son poste de gouverneur de l’ancienne province du Katanga, démissionnant ainsi du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et après qu’il ait annoncé sa candidature à la présidence de la République, Moïse Katumbi Chapwe est devenu la bête noire de la Majorité présidentielle.

Il a dû répondre, au mois de mai dernier, des accusations fantaisistes de recrutement de mercenaires et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, avant d’être condamné à trois ans de prison ferme par le Tribunal de paix de Lubumbashi pour une affaire de  » spoliation immobilière « .

Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Me Georges Kapiamba, qui a tenu un point de presse hier mardi 2 août pour dénoncer les pesanteurs et pressions politiques sur la justice concernant le dossier Katumbi, reconnait avoir pris connaissance de la lettre du 25 juillet 2016 de Madame Chantal Ramazani Wazuri, présidente du Tribunal de paix de Lubumbashi, adressée au ministre de la Justice.

Dans cette correspondance, dont copies ont été réservées à la MONUSCO, aux différents ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques accréditées en RDC, elle dénonce publiquement les pressions ainsi que l’extorsion de signature dont elle a été victime de la part de différentes autorités pour que son tribunal condamne Moïse Katumbi.

Ce, à en croire cette Ongdh, dans le but de l’écarter de la course vers l’élection présidentielle. Il faut rappeler que le 31 juillet dernier, le jet transportant Moïse Katumbi a été interdit de survoler l’espace aérien congolais et d’atterrir à l’aéroport international de N’Djili, pour des raisons que l’opinion ignore.

Condamnation

L’ACAJ condamne toute instrumentalisation de la justice à des fins politiques, et rappelle qu’à plusieurs occasions, elle a appelé les autorités de la République démocratique du Congo à respecter et faire respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire qui doit accomplir les missions lui assignées par l’article 150 de la Constitution. Et qu’à l’intention particulière du gouvernement, l’ACAJ a toujours rappelé qu’au terme de l’article 151 de la Constitution, il ne peut donner d’injonctions aux juges dans l’exercice de sa juridiction, ni statuer sur les différends, ni entraver le cours de la justice.

C’est ainsi que Me Georges Kapiamba a profité du point de presse d’hier pour recommander au gouvernement de respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire, mettre fin aux interférences et pressions exercées sur les magistrats, principalement dans les poursuites engagées contre les membres de l’Opposition et de la société civile à cause de leurs opinions.

Au facilitateur désigné par l’Union africaine ainsi qu’au groupe d’appui à la facilitation, il leur est demandé d’accentuer des pressions sur le gouvernement afin d’obtenir la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion, et la cessation des poursuites judiciaires politiques engagées contre Moïse Katumbi. Ce, avant le démarrage du dialogue national.

Quant aux partis politiques et organisations de la société civile, ils sont appelés à poursuivre la lutte pour les droits de l’homme et la démocratie en usant de tous les moyens garantis par la Constitution.

Des manifestations de la MP et de l’Opposition

L’Acaj note que du 20 au 31 juillet 2016, la Majorité présidentielle a organisé 7 marches et réunions publiques à Bandundu, Bunia, Butembo, Kalemie, Kinshasa, Kolwezi et Matadi. L’Opposition et la société civile ont quant à elles organisé 4 à Bukavu, Kinshasa, Kindu et Uvira, tandis que 9 leur ont été interdites par les autorités locales.

Tout en félicitant la police pour l’encadrement satisfaisant du cortège d’Etienne Tshisekedi lors de son retour à Kinshasa le 27 juillet dernier, et du meeting qu’il a présidé le 31 juillet, l’Acaj condamne cependant la répression violente de la manifestation pacifique des conducteurs de taxis-motos à Kisangani le 25 juillet 2016, et deux réunions pacifiques des militants de l’Udps à Lubumbashi les 26 et 27 juillet 2016.

Elle demande au gouvernement d’assurer à tous les partis politiques, de la Majorité présidentielle comme de l’Opposition, ainsi qu’aux organisations de la société civile, l’exercice de liberté des manifestations et des réunions pacifiques conformément à l’article 12 de la Constitution.

L’article 26 de la Constitution violé

Cette Ong rappelle que la pratique de déclarer une journée  » chômée et payée  » et de contraindre les cadres et agents de la fonction publique et des entreprises privées, des élèves et étudiants, des vendeurs… à participer à des manifestations ou réunions publiques de la Majorité présidentielle, est illégale. Car elle viole l’article 26 alinéa 2 de la Constitution. Ceci est un crime contre la démocratie.

Par Lefils M