Ebola en RDC: lutter contre les rumeurs

Lundi 6 octobre 2014 - 09:16

Voici près de deux mois que la RDC se bat contre une épidémie d’Ebola. A ce jour officiellement 42 personnes en sont mortes. Dans la province de l’Equateur, la lutte contre l’épidémie s’organise, mais la zone - 100km2 de forêt équatoriale - est vaste et difficile d’accès. Surtout, dans certaines villes comme Boende, le chef-lieu de la zone, il y a des résistances dans la population. Les gens ont peur de cette épidémie et affirment qu’il s’agit d’une invention des Blancs. Reportage à Boende.

Dans un grand cahier, une infirmière du ministère de la santé fait le compte des patients qu’elle a reçu le jour même. Vingt-deux en tout, mais aucun cas suspect d’Ebola. Bonne nouvelle ? Pour l’infirmière Cécile Mossobé, c’est aussi le signe d’une certaine crainte dans la population par rapport à cette maladie : « La population n’est pas bien sensibilisée pour les cas d’Ebola. Ils sont en train de dire que si on vient là-bas, à l’hôpital, on va te mettre Ebola, parce qu’on a dit, si tu as Ebola, il faut être isolé… »

Nouria Carrera, épidémiologiste pour Médecins sans frontières (MSF) le confirme : avoir potentiellement Ebola fait peur. « Il y a vraiment une réticence à rentrer au centre médical. On explique que l’on va les traiter bien sûr, toujours de manière positive ; que le plus tôt on vient, mieux on va vivre, que l’on peut guérir. Mais c’est sûr que les patients associent Ebola à la mort. C’est un peu le message que l’on veut changer et sensibiliser par rapport à ça. »

Changer le message, une tâche difficile dans cette ville de plusieurs milliers d’habitants où la rumeur va plus vite que les informations fiables. « Il n’y a pas d’Ebola à Boende », peut-on d’ailleurs lire sur le mur de l’hôpital. Preuve que l’inquiétude reste très forte autour de cette maladie dont on peut pourtant guérir si on est pris en charge rapidement. Depuis quinze jours, le ministère a déclaré la gratuité des soins sur l’ensemble du secteur touché par l’épidémie. Les ONG espèrent que cela va encourager les patients à venir vérifier leur état de santé à l’hôpital.