L'UE projette de systématiser les dépistages dans les aéroports sur les passagers en provenance des pays frappés par l'épidémie, a annoncé le commissaire à la Santé, Tonio Borg, alors que les premiers cas sont apparus en Europe. La communauté internationale prend de plus en plus conscience du danger que représente le virus Ebola, qui commence à sortir des frontières d'Afrique occidentale. Dans ce contexte, le 16 octobre 2014, la ministre italienne Beatrice Lorenzin et le commissaire à la Santé, Tonio Borg, ont tenu une réunion de haut lieu à Bruxelles pour une stratégie face à l'expansion du virus. L'épidémie touche principalement quatre pays : la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria. Selon les dernières prévisions, l'épidémie devrait encore perdurer plusieurs mois. De son côté, l'Europe compte ses premières victimes. Les premières victimes sur le territoire européen Plus tôt dans la semaine, l'Allemagne a signalé le décès d'une infirmière onusienne évacuée à Leipzig en Allemagne, malgré le traitement qu'elle a reçu au sein d'une unité isolée. Entre temps, une infirmière espagnole a été contaminée par le virus après le décès d'un patient à Madrid en août. Elle fait actuellement l'objet d'un traitement. Tonio Borg a annoncé aux ministres de la Santé des États membres que l'Europe devait redoubler ses efforts afin de porter secours aux pays touchés par le virus en Afrique occidentale.
De plus, il a demandé aux Vingt-huit de faire en sorte que des laboratoires, des hôpitaux et des services de santé publique soient aménagés pour protéger efficacement les citoyens européens, mais aussi pour stopper l'expansion de la maladie sur le territoire européen. D'autres mesures supplémentaires devront être prises, a-t-il indiqué. Le dépistage, un dispositif nécessaire mais pas suffisant Les États-Unis ont mis en place de nouveaux dispositifs de dépistage dans cinq aéroports internationaux pour les voyageurs en provenance des pays touchés par Ebola. Cependant, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies considère que ces dépistages n'auront qu'une efficacité limitée. « Pour moi, en tant que commissaire européen, chaque personne dépistée grâce à de tels dispositifs représente une vie sauvée : potentiellement, de nombreuses vies pourraient être épargnées » a-t-il analysé. « Toute personne que nous pouvons prendre en charge et soigner grâce à un dépistage (lors de leur arrivée à l'aéroport) est une raison pour envisager cette solution », a-t-il poursuivi. Le commissaire à la Santé a demandé aux législateurs européens d'admettre qu'il fallait remettre des contrôles frontaliers dans le cadre de la lutte contre la maladie, même si la mission de l'UE est de faire tomber ces mêmes frontières en vertu du principe de la libre circulation des citoyens européens et des biens. Les spécialistes considèrent que « le dépistage à la sortie » des passagers aériens représenterait l'un des instruments les plus efficaces en vue d'éviter une expansion de la maladie sur le territoire européen. Mais ce dispositif ne peut être considéré comme une garantie absolue contre la maladie, qui a une période d'incubation de 21 jours. Du fait de cette durée d'incubation, il est possible que les premiers symptômes apparaissent après le dépistage.
Or, Ebola devient transmissible une fois que les symptômes deviennent manifestes. Le virus prend de l'avance Le virus « est en train de gagner la course » a déclaré, le 15 octobre, Anthony Banbury, le chef de la mission des Nations Unies chargé de coordonner la réponse d'urgence à Ebola. « Si nous ne prenons pas les devants dans la crise, si nous n'atteignons pas nos objectifs, alors le nombre de personnes contaminées par Ebola montera en flèche comme certains l'ont prédit. La stratégie dont nous disposons ne serait pas adaptée pour une crise d'une telle ampleur », a-t-il mis en garde. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a comptabilisé 4 447 personnes décédées depuis l'éruption de la maladie. Selon les dernières projections, le taux d'infection pourrait atteindre de 5 000 à 10 000 nouveaux cas par semaine d'ici deux mois si aucun effort supplémentaire au niveau mondial n'est déployé en vue de lutter contre l'expansion du virus. Prochaines étapes: -20 octobre : réunion des ministres des Affaires étrangères : Ebola est à l'agenda - 23-24 octobre : réunion des dirigeants de l'UE : Ebola est à l'agenda