Ebola : la RDC vient de vaincre sa 7ème épidémie

Lundi 17 novembre 2014 - 13:20

La population est invitée à garder et à pratiquer toutes les mesures d’hygiène car la fin de l’épidémie ne signifie pas que le danger est totalement écarté, le pays étant sous la menace des cas d’importation de la maladie de l’Afrique de l’Ouest.
La République Démocratique du Congo a, à travers le ministre national de la Santé publique, le Dr Félix Kabange Numbi, déclaré officiellement, le samedi novembre dernier à Kinshasa , la fin de l’épidémie de maladie à virus Ebola dans le secteur de Djera, en Territoire de Boende, dans le district de la Tshuapa, au sud de la province de l’Equateur, à plus ou moins 1300 Km au nord de la capitale congolaise. Il s’agit de la 7ème épidémie de cette maladie que vient de connaitre ce pays depuis 1976.
Cette déclaration a été faite au cours d’une conférence de presse animée dans la salle de conférence du Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) par le ministre de la Santé publique, qui avait à ses côtés le représentant de l’Organisation Mondiale de Santé (OMS), le Dr Joseph Caboré et la représentante a.i. du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) en RDC, Mme Sylvie Fouet. La déclaration de fin de cette épidémie a été faite conformément au Règlement Sanitaire International. Depuis le 4 octobre 2014, a expliqué le Dr Félix Kabange, aucun nouveau cas confirmé de maladie à virus Ebola n’a été enregistré dans le Territoire de Boende, soit 42 jours de recherches actives des cas, de surveillance intense et de sensibilisation des communautés.
Présentant le bilan de cette épidémie qui a été déclarée officiellement le 24 aout 2014, le ministre de la Santé publique a indiqué que 49 décès ont été enregistrés sur un total de 66 cas dont 38 confirmés au laboratoire. Sur les 49 décès, il y a eu 28 cas probables et 21 cas confirmés au laboratoire. On a enregistré 8 décès dus à Ebola parmi les membres du personnel soignant. 17 malades ont connu la guérison.
Le ministre de la Santé publique a invité toute la population congolaise à garder et à pratiquer toutes les mesures d’hygiène élémentaire dont le lavage des mains au savon ou à la cendre. Le personnel médical est appelé à observer les mesures universelles d’hygiène hospitalière et de contrôle de l’infection. La fin de l’épidémie, a averti le ministre Félix Kabange, ne signifie pas que le danger est totalement écarté car le pays reste sous la menace des cas d’importation de la maladie à virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest. En plus, l’écosystème de la RDC l’oblige à être en permanence en alerte.
Une maîtrise précoce
Selon le Dr Félix Kabange Numbi, la maîtrise précoce de l’épidémie de maladie à virus Ebola dans le Territoire de Boende est liée principalement à la triple approche mise en œuvre par la RD Congo. La première est l’approche communautaire qui consiste en l’appropriation de la lutte par les communautés à travers les stratégies » village par village » et » pas un ménage sans désinfectant « .
La 2ème approche qui est clinique ou médicale passe par la gratuité des soins dans toutes les structures et l’administration des soins de qualité dans les centres de traitement d’Ebola. La 3ème approche porte sur les enterrements sécurisés de toutes les personnes décédées pendant la période d’épidémie.
Selon le ministre de la Santé publique, c’est vers la fin de la semaine du 11 au 17 août 2014 qu’une alerte a été donnée par une unité des Forces Armées de la RDC basée à Watsikengo qui a fait état d’une maladie mystérieuse qui tuait les gens dans le territoire de Boende. L’alerte est parvenue au chef de l’Etat qui a donné des instructions au gouvernement pour une riposte appropriée.
L’épidémie de maladie à virus Ebola dans le Territoire de Boende a été maitrisée en 40 jours. Mais la surveillance s’est poursuivie pendant 42 jours supplémentaires, soit deux fois la période d’incubation de la maladie qui est de 21 jours, pour s’assurer qu’il n’y a plus de cas, conformément au Règlement Sanitaire International.
Avant l’épidémie qui vient de prendre fin dans la zone de santé de Boende, la RDC a connu six épidémies de maladie à virus Ebola : la 1ère en 1976 à Yambuku à l’Equateur (318 cas dont 280 décès) où le virus a été isolé pour la 1ère fois et baptisé du nom de la rivière Ebola qui est proche de ce village; la 2ème épidémie en 1977 à l’Equateur avec un seul cas et un décès ; la 3ème en 1995 à Kikwit dans la province du Bandundu (315 cas dont 254 décès) ; la 5ème en 2007 dans le Territoire de Mweka (264 cas dont 187 décès) et la 5ème épidémie en 2008 toujours à Mweka (32 cas dont 14 décès) dans la province du Kasaï Occidental ; la 6ème épidémie en 2012 à Isiro au nord de la Province Orientale (57 cas dont 21 décès).
Sept épidémies d’Ebola en 38 ans en RDC
La maladie à virus Ebola, autrefois appelée » fièvre hémorragique à virus Ebola « , est une maladie très dangereuse, contagieuse et meurtrière provoquée par un virus. 60 à 90% de malades décèdent de cette maladie. Il n’existe ni traitement ni vaccin contre cette maladie. Mais si le malade est pris en charge à temps, il pourrait augmenter ses chances de guérison.
Deux à vingt-un jours après la contamination, Ebola se manifeste par les signes suivants : montée brutale de la fièvre ; fatigue intense ; maux de tête ; douleurs musculaires ou articulaires ; nausées et vomissements ; diarrhées ; hoquets ; éruptions cutanées ; saignements au niveau des gencives, des yeux (yeux rouges), du nez, des oreilles, de l’anus et parfois des voies urinaires ; insuffisance rénale et hépatique.
Le virus Ebola se transmet d’une personne malade à une autre qui est saine par contact direct avec les liquides organiques suivants : le sang, les vomissures, les urines, les selles, la salive, les spermes, les sécrétions vaginales, la sueur.
Le virus Ebola se transmet lors des manipulations des corps des malades décédés de la maladie à virus Ebola et à travers des personnes infectées ou des objets ayant servi au malade. Les singes, les rats, les chauves-souris, les antilopes et les porcs ainsi que les animaux trouvés morts dans la forêt et dans la brousse jouent un grand rôle dans la transmission du virus Ebola à l’homme.
Par Norbert Tambwe

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