Election des gouverneurs – G7 : L’argent n’a pas suffi

Lundi 28 mars 2016 - 12:05
Image

Les résultats des joutes électorales pour la maîtrise de 20 nouvelles provinces de la République Démocratique du Congo sont maintenant connus. Seule la province du Sud-Ubangi qui attend l’Arrêt du Juge d’appel.

Le G7, groupe de ceux qui ont quitté la Majorité Présidentielle avec l’ambition de récupérer le pouvoir -espérant que la fin du deuxième mandat de Joseph KABILA entraînerait ipso facto la fin du Kabilisme- n’a pas réussi sa première épreuve du feu électoral. L‘échec a été total.

 

En effet, les élections provinciales de ce mois de mars représentaient le premier réel combat politique du groupe qui veut conduire Monsieur Moïse Katumbi, ancien Gouverneur du Katanga, à la magistrature suprême.

 

La première révélation de l’épreuve est que dans cette lutte politique, présenté comme capitale, le groupe de Mwando Nsimba, Olivier Kamitatu et consorts s’est gardé de mettre en avant une quelconque idéologie politique ni nième un simple programme. L’ambition s’est résumée en une seule revendication, le Président de la République Joseph KABILA et les Siens, doivent laisser la place, quel que soit ce qu’ils ont réalisé et les conditions dans lesquelles se sont concrétisés les succès ou les difficultés.

 

Dans sa tentative de prise de pouvoir, depuis plus d’une année, le G7 s’est résolu à ignorer la volonté du peuple. Tout a été mis en œuvre pour empêcher les congolais d’exprimer leur volonté quant à l’avenir. La proposition d’un Référendum pouvant décider du sort de nos institutions futures, le projet d’un dialogue national destiné à réunir les citoyens autour d’une table, pour éviter des troubles, ont été écartés d’un revers de la main sous ce fallacieux prétexte qu’un seul article de la Constitution, le fameux 220, devait à jamais sceller lé sort du peuple congolais.

 

L‘élection des Gouverneurs et Vice- gouverneurs de 21 nouvelles provinces était présentée comme la première étape de la prise du pouvoir par le G7.

Les masques sont tombés le combat de ce mois de mars a révélé le véritable projet de société et e sens de toute la démarche politique des anciens membres de la Majorité Présidentielle : Soumettre la RDC à la seule volonté de l’argent.

 

L’élection des Gouverneurs et Vice-gouverneurs était, au moins, l’occasion pour le G7 et Moïse Katumbi, de mettre en avant quelques bribes de leur projet de société, quelques lignes de leur idéologie ou seulement quelques points de leur programme. Personne n’a rien vu de tout ceci, sauf un énorme déferlement de promesses de distribution d’argent et des biens matériels de toute nature.

 

La compétition électorale pour la désignation des Gouverneurs des 20 nouvelles provinces a été, à souhait, révélatrice des mœurs qui risquent de transformer de fond en comble la culture politique de notre pays et de corrompre définitivement notre démocratie naissante.

 

La corruption n’est pas une nouveauté en RDC mais, jusqu’ici, elle est perçue négativement et chacun, au pouvoir comme dans l’opposition, la réprouve ou la vilipende. Bien souvent des langues se délient pour dénoncer l’achat des consciences lors des élections et autres votes.

 

Cependant, ce qui s’est passé la semaine passée, dans le cadre des élections pour la désignation des nouveaux gouverneurs de provinces est fort inquiétant pour l’avenir des Institutions de notre pays. Dans toutes les provinces, particulièrement dans celles issues de l’ancien Katanga, l’argent sale a circulé au grand jour des mains des candidats gouverneurs et souteneurs à celles de grands électeurs. Les trois jours de la campagne électorale, accordés par la CENI, ont été plutôt trois jours de marché de la corruption et moins de débat sur les programmes des candidats.

 

Dans l’Ex-Katanga, notamment, le G7 a banalisé ce phénomène dégradant, qu’est la corruption. Ce regroupement politique a, en effet, mis à nu des façons d’agir que certains pratiquaient dans l’ombre, pour sauvegarder un minimum de décence.

 

Cette pratique n’est pas anodine, elle est de nature à modifier profondément le jeu politique dans notre société. Nous n’irons pas jusqu’à prétendre que les moyens financiers ne jouent aucun rôle dans la formation et la promotion des opinions politiques. Nous voulons seulement affirmer, haut et fort, qu’il faut distinguer l’usage de l’argent pour faire connaître un projet politique et amener le peuple à y adhérer, e qui est positif, de l’achat des consciences et des voix, ce qui est mortel pour une démocratie.

 

Par ces actes odieux d’achat des électeurs mis en œuvre aux yeux de tous, le G7 entreprend d’installer dans le microcosme politique des changements malveillants qu’il deviendra difficile de remettre en cause. Des observateurs sérieux assistent actuellement à une dépravation des mœurs politiques absolument inacceptables dans une culture démocratique.

 

Ce mois de mars a véritablement montré la tentative d’un groupe déterminé à changer le paradigme de la conviction politique dans notre pays.

Excités par le miroir aux alouettes, des promesses, tantôt des voitures de luxe, tantôt des maisons ou autres terrains, des Députés provinciaux ont parcouru les hôtes des capitales provinciales à la recherche des candidats Gouverneurs et Vice-gouverneurs susceptibles de leur faire payer le prix le plus élevé. A ce rythme-là nous risquons d’avoir des Gouverneurs dont le seul mérite sera d’avoir acheté leurs postes. On a voulu, non pas convaincre, mais seulement acheter des postes. Nous sommes en droit de craindre que ceux qui auraient acheté les responsabilités des Gouverneurs, ne consacrent leur mandat uniquement à rentabiliser leur investissement. Que deviendrait alors le sens du choix politique en République Démocratique du Congo?

 

Si nous poursuivons dans ce schéma, les gouverneurs ne deviendront plus que des businessmen. Nos gouvernorats seront transformés en lieux de commerce de toute sorte, sauf de bonne gouvernance.

 

Le phénomène que nous dénonçons ici est révélateur de l’idéologie politique que le G7 se propose de promouvoir en République Démocratique du Congo. Le passé sulfureux, qui n’est plus à démontrer, de certains leaders de ce groupe, attachés, non pas à rechercher le bonheur du peuple congolais, mais seulement à tendre vers un enrichissement personnel, aurait dû nous prévenir depuis longtemps.

 

Mais, d’aucuns se demandent, est-ce là une raison de laisser faire? de laisser se normaliser la corruption ?

Le déroulement de la campagne électorale pour l’élection des Gouverneurs de provinces devrait nous servir de leçon et ouvrir grands les yeux de tous les Congolais. De peur que ces antivaleurs ne viennent se projeter sur les futurs enjeux des scrutins au niveau national.

 

Un groupe dont le leader avait mis en place un système pour accaparer de toutes les opportunités d’affaires d’une province entière ne peut prétendre nous offrir un projet de société susceptible d’amener le plus grand nombre de Congolais au bien-être.

Pour avancer, la RDC a besoin d’un leadership exemplaire et développementaliste. Le G7 ne remplit pas cette condition, il faut donc se méfier de ce groupe mercantiliste qui ne S’intéresse qu’à l’accumulation individuelle des richesses.

 

En ce qui les concerne, les députés provinciaux, qui vendent leur vote pour une maison ou une voiture, doivent savoir que, par ces gestes, ils aliènent également leur propre avenir et celui de leurs enfants. Nous ne pouvons, par inconscience, transformer notre pays en un marché.

 

Ces députés provinciaux ne se rendent pas compte que le droit de voter fait partie de droits extra-patrimoniaux, c’est-à-dire qui ne peuvent, en aucun cas, être évalués en argent.

 

Reprenez votre dignité! Ne vendez pas votre voix pour des biens qui disparaitront rapidement, attachez- vous à choisir les meilleurs d’entre vous, ceux qui sont capables de servir à l’avancement du pays.

 

Tout responsable politique devrait savoir que la République n’est pas un simple marché, c’est un système de gouvernement des hommes qui aspirent à améliorer leurs conditions de vie. Ces citoyens, ces êtres chers méritent qu’on leur présente un vrai projet, un dessein attractif et épanouissant. Pour ce faire la population a besoin des personnalités formées, éduquées, disciplinées et ayant des idées claires quant aux objectifs à- atteindre. Ceux qui auront le rôle d’encadrer, d’éduquer, de moraliser et d’encourager notre peuple doivent être choisis parmi les meilleurs d’entre nous.

 

L’éthique politique de notre Nation devrait donc être : “ Inchi yetu aiko soko “, “ Ekolo na biso ezali zando te », Djitunga djetu ki tshisalu to “, Nsi na beto ke zandu ve ».

 

Par Kajepa Molobi