La meilleure gestion de la faune en République démocratique du Congo nécessite l’implication des magistrats. C’est le sens donné au forum organisé le mardi 15 septembre à Kinshasa par Juristrale et Africa Wildlife Foundation.
Les organisations de la Société civile spécialisées dans le domaine environnemental trouvent important, sinon nécessaire d’impliquer les magistrats dans le combat contre les crimes liés à la destruction de l’écosystème. Dans cette optique, Juristrale et African Wildlife Foundation ont ouvert le mardi 5 septembre à Kinshasa, un atelier de deux jours axé sur « la réduction des crimes fauniques par des poursuites judiciaires efficaces ». Les participants à cet atelier sont essentiellement des magistrats civils et militaires. Les organisateurs de cet atelier partent du postulat selon lequel la RDC est à la fois «source et lieu de transît » du butin de ces crimes.
Pour les intervenants à l’atelier de Kinshasa, les crimes touchant la faune ont pris de l’ampleur dans le monde. Et la RDC n’est pas épargnée. Elle est à la fois « source et lieu de transit » des fruits de ces crimes. A titre d’exemple, ils ont évoqué la saisie récurrente de pointes d’ivoire QU d’autres espèces protégées au niveau des frontières. Parmi les espèces menacées en RDC, l’on cite notamment l’éléphant, le bonobo, le paon congolais et l’okapi. Pour les organisateurs de ces travaux, une concertation entre différents acteurs du secteur permettra de lutter plus efficacement contre les crimes fauniques.
Les participants sont en grande partie des magistrats civils et militaires. Prennent aussi part à ces assises des représentants de l’institut national pour la conservation de la nature (ICCN), ceux de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) et du ministère de l’Environnement. « Nous avons regroupé tant les hommes de loi que de contrôle - comme la police, la douane - qui peuvent se mettre ensemble aux côtés des gestionnaires des aires protégées pour partager leurs difficultés et trouver des moyens communs et plus flexibles adaptables au contexte pour réellement appliquer la loi», a expliqué Hugues Akpona, représentant pays d’African. Wildlife Foundation.
Selon lui, la loi sur la protection des richesses fauniques de la RDC existe, mais «son application a toujours fait face à certaines contraintes qui nécessitent une concertation pour comprendre les raisons qui poussent - le gestionnaire des aires protégées à éprouver du souci dans sa gestion connaître les raisons des difficultés qui apparaissent dans l’application de cette loi ».
LA RDC DISPOSE D’UN MASSIF FORESTIER IMPORTANT
Les forêts de la RDC couvrent environ 135 millions d’hectares dont 99 millions de forêts denses humides, soit 67% du territoire national. Elles représentent près de la moitié des forêts tropicales humides d’Afrique. A l’instar des autres secteurs économiques, le secteur forestier est aussi, entré dans une phase de relance après la longue pério1e trouble de la décennie l990. Le code forestier a été promulgué en 2002 en lieu et place de l’ancienne réglementation coloniale datant de 1949. Er dépit des menaces qui pèsent sur ces forêts, les données sur les ressources forestières restent encore très partielles et ne concernent qu’une partie du territoire national. D’après des études financées par l’UE sur l’état des lieux des forêts du Bassin du Congo en 2008, le taux de déforestation est évalué à 0,2% par an, bien qu’étant le taux le plus élevé des pays du bassin, reste marginal au regard de la totalité de la couverture forestière. Cependant, ce chiffre masque des menaces réelles qui pèsent sur l’écosystème forestier de a RDC.
Tout d’abord, du fait de l’existence d’un abondant réseau de pistes rurales reliant de nombreux villages, le massif forestier se fragmente. Les défrichements agricoles ouvrent aussi des saignées de plusieurs kilomètres de large et isolent peu à peu les lots forestiers les uns dés autres.
D’autre part, le rythme de déforestation est localement beaucoup plus élevé que la moyenne nationale dans les régions fortement peuplées et dans lesquelles le secteur agricole est dynamique. Autour de grands centres urbains, la récolte du bois de chauffage est à l’origine d’une dégradation forestière et parfois de déforestation pure et simple.
L’exploitation forestière intensive dans le Bas-Congo a, en effet, contribué à la dégradation des forêts de cette zone... Mais outre les ‘ressources contenues dans les forêts congolaises, les plus grandes réserves de flore sont concentrées dans les trois jardins botaniques du pays. Notamment Kinshasa, EalaMbandaka (Equateur) et Kisantu (Bas-Congo). Ces jardins sont plus qu’un simple espace de loisirs. Ils assurent la conservation des plantes rares (conservation ex-situ) et servent en même temps de centres d’éducation à l’environnement et lieux de recherche sur la biodiversité.
Par Olivier KAFORO MOKE