Le ministère de l’Intérieur étant le centre d’impulsion des élections dans ce pays, sa neutralité devient ipso facto très discutable
Mise en place en novembre 2014, l’actuelle équipe de l’exécutif central qui a acquis, à tort ou à raison, la réputation d’un gouvernement de cohésion nationale, aura totalisé quatre mois d’existence au cours de ce mois de mars 2015 !
A la faveur de la mise en place de ce gouvernement, plusieurs cadres de premier plan du PPRD (parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) ont fait leur entrée dans la haute sphère de décisions du pays en même temps qu’ils continuent de jouer des rôles déterminants au sein de cette formation-phare de la Majorité présidentielle !
Le plus remarquables et remarqué de tous ces hauts cadres du PPRD sortis désormais du lot à l’occasion de la mise en route dudit gouvernement est sans nul doute Evariste Boshab qui fut élevé au rang de vice-premier ministre et obtint la direction du ministère de l’Intérieur et de la sécurité tout en continuant à régenter les affaires du PPRD !
Le cahier de charges qui fait Jaser
Il y a lieu d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale qu’Evariste Boshab est le concepteur incontestable du plan directeur général visant à la pérennisation du régime politique en place en RDC dont le projet de modification ou de mise en place d’une nouvelle constitution ainsi que l’élaboration biaisée d’un calendrier électoral ont constitué jusque-là les principales composantes.
Celles-ci ont été révélées au grand public à la veille de la révolte populaire survenue à Kinshasa et dans certaines régions de l’arrière-pays entre les 19, 20 et 21 janvier de l’année en cours !
Il y a lieu également d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur le contenu concret du cahier de charges du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité.
En effet, le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité dans le contexte politique actuel en RDC a pour mission d’être avant tout le centre d’impulsion de toutes les élections qui se dérouleront en RDC et non une structure d’organisation, de contrôle et de régulation de la territoriale au service de la bonne gouvernance.
Boshab doit changer de poste !
En tant que centre d’impulsion électorale sur toute la ligne, le ministère en charge de l’Intérieur et de la Sécurité commandera aux activités de la commission électorale nationale indépendante (CENI) et veillera scrupuleusement aux directives et consignes électorales du régime en place depuis l’enrôlement des électeurs dont il est seul à maîtriser les chiffres jusqu’à la publication des résultats des scrutins et, pourquoi pas aussi jusqu’à l’examen et au règlement définitif des contentieux qui en résulteraient !
Ainsi qu’on peut le constater, le ministère de l’Intérieur et de la sécurité est-il devenu un ministère hautement stratégique pour le régime politique en place qui tient absolument à avoir la mainmise sur le processus électoral en préparation pour le besoin de la cause.
On peut donc imaginer pourquoi ce processus électoral ne pouvait pas être placé entre les mains de n’importe qui. Ceci expliquant cela, Evariste Boshab, pour toutes les raisons évoquées plus haut, a été retenu pour diriger cet important ministère !
Or, en plus qu’il est ministre chargé de conduire des élections, Evariste Boshab est chef d’un parti au pouvoir qui présentera beaucoup de candidats aux prochaines élections qui auront plus de chances de gagner que les candidats d’autres formations politiques concurrentes.
La démocratie est sérieusement menacée en RDC. Le ministère de l’Intérieur et de la sécurité étant devenu désormais le centre d’impulsion des élections dominé par un seul parti politique mieux identifié, sa neutralité devient ipso facto très discutable.
Et de là à conclure que pour éviter un scandale qui se profile déjà à l’horizon, Evariste Boshab doit changer de poste ministériel à défaut de démissionner du gouvernement pour conserver honnêtement son poste de commandement au PPRD !
Par Kambale Mutogherwa