En République démocratique du Congo, la connexion à la fibre optique a été un fiasco. A cet égard, les responsabilités sont partagées La construction à Muanda (Kongo Central) d’une station d’atterrage - la plus chère en Afrique - n’a pas résolu le problème. Bien au contraire. Dans le box des accusés, figure, en première ligne, la Société commerciale des postes et télécommunications (SCPT) quia fait preuve de complaisance dans le pilotage de ce dossier. Dans ses forfaitures, la SCPT a bénéficié de la couverture de son ministère de tutelle, celui des PT&NTIC. Prise en otage par une maffia politico-administrative, le projet de la fibre optique a fait flop. Aujourd’hui, il est question d’établir les responsabilités et de sanctionner les coupables.
Où en sommes-nous avec la fibre optique ? En juillet 2013, le chef de l’Etat, sous les regards des caméras, lançait à Muanda la connexion à la fibre optique. La presse avait alors trouvé tous les superlatifs pour célébrer l’événement. Dans la presse locale, on pouvait lire «La RDC bascule enfin dans le haut débit. Rendez-vous historique à Muanda. Fibre optique: Kabila inaugure, Kin-Kiey rassure ... ». Depuis, plus rien.
L’inauguration de juillet 2013 n’aura été qu’un coup de pub, sans impact réel sur la connexion de la RDC à la fibre optique. Pourtant, c’est à coup des millions de dollars américains que le gouvernement avait financé ce projet. Comment en est-on arrivé là ? Tout le monde se pose cette question.
LA GRANDE SAGA
La société chinoise CITCC a signé avec la SCPT un contrat de 350 000 000 Usd pour la construction du réseau national de la fibre optique sur une longueur de 11 000 km. Suivant des données disponibles les travaux ont été répartis en quatre (4) tronçons. Dans le cadre de mise en œuvre de ce projet, la phase a été réalisée sur le tronçon Kinshasa - Muanda «avec des imperfections intolérables », ont formellement reconnu les experts commis au contrôle de ces travaux. La 2ème Phase, en cours d’exécution, reste -pourtant loin d’attirer l’attention des responsables chargés de suivre le projet, en l’occurrence la SCPT et le ministère des PT&NTIC.
L’analyse de ce dossier laisse certaines zones d’ombre qui suscitent quelques inquiétudes. Conséquence : la connexioi3 Internet continue d’être de qualité douteuse.
Il ressort que la première phase du projet, supposée couvrir le tronçon Kinshasa-Muanda sur une distance de 637 km, a été couverte à hauteur de 33 millions Usd, en raison de 53 400 Usd le kilomètre. Pourtant, la qualité des services rendus est loin de couvrir les plaintes et doléances des opérateurs de télécoms qui, jusqu’à ce jour, préfèrent de loin continuer dé louer des bandes auprès de la SCPT.
La deuxième phase, prévue pour desservir le tronçon Kinshasa et Kasumbalesa sur une longueur d’environ 3 000 km, a coûté au gouvernement – à travers un endettement auprès d’Exim Bank Bank of China - un montant de 221 000 000 Usd. Le coût au kilomètre de fibre déployé est de 77 000 Usd, soit une augmentation de 44% par rapport au tronçon Kinshasa-Muanda.
Malgré ce surcoût, la qualité n’a pas non plus été au rendez-vous. Dans un cas; comme da6s l’autre, les résultats ont été bien en deçà des standards requis.
Selon les experts, le travail abattu, ainsi que l’augmentation injustifiée du coût au kilomètre ne trouvent aucune explication. Dans le projet de mise en œuvre de la fibre optique, l’Etat a été roulé totalement dans la farine aussi bien à Muanda, avec la construction de la station d’atterrage, que dans, le déploiement de la ligne jusqu’à Kasumbalesa, en passant par Kinshasa.
C’est dire qu’en RDC, le projet de la libre optique n été une arnaque, couverte du sceau officiel de l’Etat congolais.
Alors que la société CITCC exécute, avec beaucoup de difficultés et d’imperfections, un contrat signé par la SCPT sur une longueur de 11 000 km, le commun des mortels s’interroge.
Au stade actuel du projet, la RDC dispose-t-elle d’une agence de contrôle d’exécution des projets capable de vérifier l’affectation des fonds au prorata de la distance à couvrir ? A cette question, les experts pensent que le calcul devait être simple. 637 km + 3300 km = 3 967 km, pour un montant global de 251 millions Usd contre 350 millions Usd, soit 36% des travaux réalisés contre un décaissement d’environ 72%.
De l’avis des spécialistes, il y a un déséquilibre par rapport aux travaux réalises. Aussi se posent-ils cette question : à qui profite le gap sur des fonds réellement dépensés ?
Dans les milieux des PT&NTIC, on pense que seule une enquête menée en toute indépendance permettra de faire toute la lumière autour de la nébuleuse qui entoure le projet de fibre optique.
Dans ces conditions, la mise en œuvre des 3eme et 4eme phases du projet paraît dès lors compromise. L’opinion attend impatiemment l’aboutissement de ces phases 3 et 4 dont les provisions seraient consignées dans le contrat dûment signé entre la SCPT et la société CITÇC. A l’heure actuelle, il-ne resterait qu’environ 90 millions Usd pour couvrir quelque 7 033 km.
Pendant que l’opinion attend des réponses à ces multiples préoccupations, une autre inquiétude vient s’ajouter. Aux dernières nouvelles, les tronçons 3 e 4 de ce projet seraient unilatéralement ravis à la société chinoise CITCC au profit d’une autre société chinoise, dénommée ZTE. La décision daterait de 2012, suivant un arrêté du ministre des PT&NTIC.
Entre les entreprises chinoises CITCC et ZTE, la bataille s’annonce rude. La première avoue ne pas lâcher prise, déterminée à poursuivre le contrat conclu u précédemment avec la SCPT. Dans ce bras de fer, c’est au gouvernement que reviendra certainement le dernier mot.
Autant de préoccupations et questions qui légitiment des éclaircissements en vue de permettre à l’opinion de découvrir, enfin, toute la maffia qui s’est déployée autour du projet de fibre optique. Transparence oblige.
Le POTENTIEL