Kabila pour 3 ans de transition, les opposants disent non, sauf mama Marthe.
Qu’est-ce que les rd-congolais ont fait au bon Dieu pour voir, une fois encore, leur avenir politique bouché avec la perspective de voir le fils à papa, Félix Tshisekedi Tshilombo, prendre la primature, ouvrant ainsi une énième transition politique en RD-Congo. En tous les cas, c’est le schéma mis en branle par le patron de l’Agence nationale des renseignements (ANR), Kalev Mutond, qui a fait la ronde la semaine passée de tous les états-majors des principales forces politiques en RD-Congo.
De manière quasi-unanime, les opposants ont donné leur accord de principe pour un dialogue mais s’opposant à un éventuel glissement du mandat présidentiel dont la fin est prévue en 2016. C’est la ligne rouge à ne pas franchir. C’est le sens du communiqué de l’UNC de vital Kamerhe qui a mis en exergue son attachement à la Constitution. L’ancien président de l’Assemblée nationale s’est aussitôt envolé pour l’Europe après avoir rencontré Kalev. Si tous les opposants presque ne veulent pas d’un glissement du mandat présidentiel, tel n’est pas le cas de Maman Marthe Kasalu, épouse de Tshisekedi, la vraie patronne de l’UDPS derrière qui se cache Félix Tshisekedi, son fils. Ce duo, Marthe-Félix, fricotait depuis des lustres avec le pouvoir et aujourd’hui il est décidé à concrétiser ces liens secrets avec le régime avec la prise de la primature par Félix Tshisekedi.
Syndrome de la primature chez les Tshisekedi
Chez les Tshisekedi c’est le syndrome de la primature.
Ce poste c’est le saint graal politique chez eux. Leur père en avait fait une fixation absolue dans les années 90 et 2000, et a fait perdre beaucoup de temps et d’opportunités au pays. Aujourd’hui, c’est le tour du fils de développer aussi le syndrome de la primature. Félix Tshilombo Tshisekedi surnommé « maman m’a dit », veut tellement devenir premier ministre, qu’il est prêt à toutes les concessions face à un régime pourtant en bout de souffle politiquement. Le deal entre le duo mère-fils et le pouvoir est clair : primature contre une bail de 3 ans pour Kabila. C’est la fameuse transition politique. En fait, la tournée de Kalev avait pour objectif de feindre en laissant croire à l’opposition qu’elle avait l’initiative du projet de dialogue. Kalev, en bon joueur de poker, allant même jusqu’à demander à l’opposition de lui proposer eux-mêmes les termes de référence du dialogue politique projeté (date, format, ordre du jour, etc.). En réalité, Félix Tshisekedi est tellement déterminé à prendre la place de Matata qu’il n’a rien à foutre des termes de référence. Lui et sa mère, sachant qu’Etienne Tshisekedi
est au crépuscule de sa vie, ont fait le vide autour de lui pour permettre à Félix d’assouvir ses ambitions politiques bassement mercantiles.
Valentin Mubake, cadre historique de l’UDPS, en sait quelque chose. Il s’est rendu à Bruxelles pour rencontrer Etienne Tshisekedi, mais on l’en a empêché. Maman Marthe s’est arrangé pour lui envoyer un émissaire au nom de Tshisekedi qui lui a dit que le sphinx ne souhaitait pas le rencontrer. Marthe c’est elle aussi qui a tout fait pour écarter du parti, Albert Moleka, ancien Directeur de Cabinet de Tshisekedi, qui par son talent faisait ombrage à son rejeton. Les exemples sont légion de la mainmise de Maman Marthe sur le parti. L’ambassadeur Belchika du CDPS ainsi que maître Mukendi sont aussi quelques uns de ses victimes politiques car ils voyaient aussi en eux des obstacles à l’ascension politique de son fils. L’UDPS étant un patrimoine national, beaucoup des cadres font remarquer que les gens qui sont morts dans les différentes marches politiques et autres manifestations de l’UDPS ne sont pas des fils Tshisekedi. Mais plutôt des enfants des fils des rd-congolais lambda. Il n’y a donc pas que la famille Tshisekedi qui a souffert de ce combat politique pour privatiser le parti s’insurge un cadre UDPS de la base. Félix Tshisekedi lui n’en a que faire, obnubilé par ses ambitions politiques, tous les coups sont permis pour mettre hors-jeu ses potentiels adversaires. D’ailleurs, il était déjà prêt à accepter le poste de porte-parole de la Ceni, réservé à l’UDPS. Il y avait renoncé seulement à cause du refus de son père. Aujourd’hui que papa est malade et gravement affaibli, il a un boulevard devant lui. Bien entendu avec la bénédiction de maman qui déjà rencontrait les émissaires du pouvoir en cachette. Maman Marthe pour pistonner son fiston avait notamment rencontré l’ambassadeur Mugalu dans la résidence de la soeur de Tshisekedi, la députée Eugenie Tshika. Félix Tshisekedi lui-même avait dit au cours d’une émission que la succession de son père devait intervenir le plus longtemps possible alors que son état de santé réclamait que cette question soit traitée urgemment. On comprend aisément pourquoi il avait renvoyé cette question aux calendes grecques. Le cloisonnement de son père par sa mère, consécutive à sa maladie, lui est exclusivement profitable. L’ambition personnelle de Félix Tshisekedi couplée au besoin de légitimité interne de Kabila, isolé sur le plan international, va certainement débouché sur une transition aux contours flous.
Kabila après avoir échoué avec les Concertations nationales joue cette fois-ci carte sur table en voulant s’allier les principales forces politiques sociales pour fragiliser la communauté internationale avec laquelle la lune de miel est passée. Son projet de dialogue accueilli avec prudence par la plupart des opposants sauf à l’UDPS.
L’enthousiaste à Limete pour ce dialogue est justifié par un préaccord secret entre l’UDPS et le régime. La virée de Kalev n’était que la partie visible d’un iceberg politique. Cet enthousiasme n’est cependant pas partagé par tous. Même à l’UDPS la pilule passe difficilement. Après le passage de Kalev, Félix Tshisekedi avait été pris à partie par les combattants.
C’était le jeudi passé. Il a craqué en disant que « vous voulez ma mort ».
Félix Tshisekedi à la primature, un gag
Félix Tshisekedi comme premier ministre fait sourire plus d’un. Il n’a aucun parcours professionnel ni cursus académiques pour prétendre à ses hautes fonctions publiques. Félix à la place de Matata c’est un vrai gag. Son meilleur atout c’est le patronyme de son père. Il n’est rien d’autres qu’un éternel fils à papa comme Zanga Mobutu. Lui en tant que premier ministre, que va-t-il porter comme projet ? Mais cela lu importe peu. Il s’agit de mettre la main sur le trésor public. Dans leur calcul, le duo Marthe-Félix estiment qu’aller aux élections à l’heure actuelle, équivaudrait à un suicide politique car l’UDPS n’a pas les moyens financiers pour battre campagne ni pour déployer ses candidats. D’où l’idée d’aller au pouvoir s’en mettre plein les poches pour mieux affronter les élections. Avec ou sans l’UDPS moribonde, l’opinion nationale connaît ses droits et veut les voir respectés. La future alliance Kabila et Félix Tshilombo réussira-t-elle à détourner les yeux de la population rivés sur l’élection présidentielle de 2016 ? Sans façon !
MATTHIEU KEPA