Goma : 6 militants de LUCHA rejettent la grâce présidentielle

Lundi 25 juillet 2016 - 13:32

Par solidarité avec Fred Bauma, Yves Makwambala, Héritier Kapitene et Bienvenu Matumo

Deux jours après les ordonnances présidentielles accordant la grâce présidentielle aux détenus parmi lesquels les six militants du mouvement pro démocratie Lutte pour le Changement(LUCHA), ces prisonniers d’opinion ont réagi en rejetant la mesure du président de la République, par solidarité avec leurs compagnons de lutte encore en détention ou enlevés.

Il s’agit notamment de Fred Bauma, Yves Makwambala et Héritier Kapitene et Bienvenu Matumo (en détention à la prison centrale de Makala), de Rebecca Kabugho, Serge Sivyavuha, John Anipenda, Melka Kamundu, Ghislain Muhiwa, Justin Mutsunga arrêtés à Goma, et Bienvenu Matumo et Héritier Kapitene (enlevés à Kinshasa dans la nuit du 15 au 16 février 2016).

Pour rappel, la Lucha avait joué un rôle déterminant dans la journée ville morte décrétée avec succès par l’opposition dans les principales villes du pays, y compris dans la capitale Kinshasa.

Alors que les 6 premiers membres de ce mouvement citoyen ont été arrêtés à Goma puis condamnés fin février 2016 à six mois de prison ferme en appel, au terme d’un procès  » expéditif  » dénoncé par les organisations de défense de droits de l’Homme et la communauté internationale, deux autres militants étaient enlevés à Kinshasa et ont été présentés à la justice. Ces derniers sont actuellement en détention préventive à la Prison centrale de Makala.

La République démocratique du Congo traverse une période très tendue sur le plan politique très tendu, de l’avis de nombreux observateurs avertis. Car, dans ce contexte, ajoutent-ils, tous ceux qui réclament la tenue des élections dans le respect du délais constitutionnel et l’alternance au pouvoir sont systématiquement réprimés.

Fred Bauma, Yves Makwambala et Christopher Ngoyi Mutamba et d’autres activistes figurent parmi les victimes de cette nouvelle forme de dictature. Le 5 Octobre 2015, Fred Bauma avait déjà bénéficié d’une résolution du Groupe de Travail des Nations Unies sur les détentions arbitraires.

Ce Groupe avait jugé arbitraire son arrestation et sa détention prolongée, et exigé des autorités congolaises sa libération immédiate et sans condition, ainsi que la réparation des préjudices qu’il a subis.

Pour rappel, les militants de Lucha avaient jugé utile de saisir cette structure de l’ONU sur les détentions arbitraires, estimant que la justice congolaise n’est pas impartiale.

C’était pour eux une manière de dénoncer l’instrumenta-lisation de la justice qui semble élire domicile en RDC et mettre ainsi la communauté internationale devant ses responsabilités en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme en République Démocratique du Congo sur les cas Fred Bauma, Yves Makwambala ainsi que d’autres activistes des droits de l’homme qui croupissent en prison comme Christopher Ngoyi Mutamba.

Une nouvelle marche organisée à Bukavu

Le Collectif Filimbi à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, vient aussi de monter au créneau en organisant, samedi 23 juillet 2016, une marche pour exiger l’alternance politique en RDC.

» Cette marche pacifique vise à rappeler l’exigence de la convocation de l’élection présidentielle le 19 septembre 2016. Elle aboutit à l’hôpital de Panzi pour demander au docteur Mukwege de se joindre aux Citoyens en pointe pour le combat démocratique de l’alternance « , a dit un des organisateurs.

La marche est partie de la Place Major Vangu jusqu’à l’hôpital Général de Panzi où le collectif Filimbi accompagné d’autres mouvements citoyens comme Lucha et plusieurs autres associations ont remis symboliquement à Dénis Mukwege un flambeau d’ambassadeur des citoyens.

Purement mouvement citoyen

Présenté comme un mouvement subversif par les autorités congolaises, LUCHA est un mouvement citoyen non-violent et non-partisan, composé de jeunes congolais de différents milieux, de diverses origines et religions… qui partagent le désir d’un Congo nouveau, véritablement indépendant, uni, démocratique, paisible et prospère, et qui militent pour son changement à travers des actions non-violentes.

Par des actions concrètes, les activistes de Lucha disent vouloir contribuer à l’avènement d’un Congo nouveau tel que rêvé par Patrice Emery Lumumba, un Congo de liberté, un Congo de justice, un Congo de paix, un Congo prospère.

Par Godé Kalonji