Human Right Watch Muyej, Ce n’est pas Kanyama qui est visé, c’est lui

Vendredi 21 novembre 2014 - 09:08

Après la publication d’un Rapport accablant par l’Ong américaine Human Right Watch contre le gouvernement à propos de l’Opération anti-banditisme dénommé « Likofi », c’est une autre épée de Damoclès qui pèse désormais sur la tête des autorités rd-congolaises qui peuvent faire l’objet des poursuites devant la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité.
Malgré l’expulsion récente de la RDC de Scott Campbell, Responsable des droits humains au sein de la Monusco, l’étau continue à se resserrer sur les autorités rd-congolaises avec Richard Muyej Mangenz Mans en tête, en sa qualité de donneur d’ordres en tant que ministre de l’intérieur.

Richard Muyez a beau jeu de promettre que si bavures il y a eu, les responsables en répondront y compris le général Kanyama, patron de la police à Kinshasa qui dirigé personnellement cette sinistre Opération contre le banditisme urbain. S’il est vrai que la responsabilité du général Kanyama peut être engagée en sa qualité d’exécutant de l’Opération Likofi, il est aussi vrai que le donneur d’ordres est tout aussi coupable. Et en l’espèce le donneur d’ordres c’est le ministre en charge le ministère de l’intérieur et sécurité publique. Selon l’Ong américaine, le bilan de l’Opération Likofi s’élève à 51 exécutions sommaires et 31 disparitions. Exécutions extrajudiciaires veut dire que 51 personnes ont été abattues comme des lapins. Même si ce chiffre venait à être revu à la baisse, les faits resteraient quand même gravissimes. Le Rapport de HRW comme celui des Nations-Unies sont donc révélateurs d’une chose extrêmement grave. Les autorités rd-congolaises ont été dépassées par le monstre qu’elles ont engendré elles-mêmes : le phénomène Kuluna (banditisme juvénile). Un phénomène crée de toutes pièces, toléré et qui a fini par prospérer à cause du laxisme des autorités nationales.

Et pire les mêmes autorités ont utilisé les services de ces Kulunas à des fins politiciennes notamment pour intimider des adversaires politiques. Résultat des courses, le grand banditisme a commencé à progresser car l’Etat débordé ne savait plus où donner de la tête pour solutionner ce fléau. Les délinquants, une fois arrêtés, étaient quelques jours après relâchés. Ils s’étaient même installés un copinage entre la pègre et la police qui dealaient ensemble. Débordé par l’ampleur de la délinquance d’une jeunesse en manque de repère, le gouvernement avait opté pour le tout répressif sans un volet prévention. Mais là où le bât blesse, ce qu’une fois de plus le gouvernement s’est permis, comme il en a souvent l’habitude, de s’exonérer du cadre légal. La loi est la protection commune quand le gouvernement qui est censé l’appliquer la bafoue c’est toute la nation et la démocratie qui sont en danger. Il est vrai que le Kinshasa d’aujourd’hui est relativement plus en sécurité que le Kinshasa d’avant Likofi. C’est incontestable ! Mais à quel prix ? Au prix de la violation de notre Constitution qui consacre la sacralité de la vie ? Au prix du mépris de la même loi fondamentale qui consacre la présomption d’innocence ? Kanyama alias « esprit de mort » pour revenir à lui se permet souvent, lui et ses policiers, à crever les pneus de voiture mal stationnées ou à arracher les plaques d’immatriculation des ces mêmes véhicules. Cela est révélateur des dispositions mentales dans lesquelles se trouvent les autorités rd-congolaises par rapport au respect de la loi.

C’est vrai qu’il ne faut pas mal se conduire au volant d’une voiture mais la sanction doit être connue à l’avance par les infracteurs. Si un gouvernement se permet au nom de la sécurité publique de violer la loi suprême d’un pays il y a danger véritablement. Cette affaire Likofi doit être examinée à froid sans passion car il s’agit de rappeler aux gouvernants que la loi et seule la loi doit guider leurs actions. Il ne faut jamais tolérer des opérations extralégales mêmes pour les causes en apparence juste. C’est une question de principe. Sans être donc être droitdelhommiste, C-News, respectueux des droits humains, estime que le Rapport de HRW doit être prise en compte comme celui de Scott Campbell. Que les responsables des violations graves des droits humains à tous les niveaux de l’Opération Likofi répondent de leurs actes du donneur d’ordres à l’exécutant. De toutes les façons les gesticulations de Kinshasa n’ont aucune emprise sur la Communauté internationale. Kinshasa croyait impressionner l’Onu en expulsant son envoyé Scott Campbell, il n’en est rien car c’est maintenant HRW qui revient à la charge. Les autorités congolaises qui ont conçu et exécuté cette Opération doivent se préparer à aller se défendre à la CPI car les crimes dénoncés constituent bel et bien des crimes contre l’humanité. Plus jamais des exécutions sommaires en RDC. Voeux pieux ricane Mobutu outre-tombe fier de voir un régime qui a prétendu prendre son contrepieds reproduire avec zèle les mêmes fautes voire pire.