Joseph Kabila doit éviter un autre gâchis

Lundi 11 mai 2015 - 12:26

Du 7 septembre au 5 octobre 2013, Joseph Kabila a convoqué des concertations nationales dans le but de rechercher la cohésion nationale. Ce forum a accouché, 14 mois plus tard, soit en décembre 2014, d’un gouvernement dit de « cohésion nationale », conduit par le 1er ministre Matata Ponyo.

Dès le départ, l’Opposition politique, la vraie, avait dit non à ce rendez-vous, dont les prémisses étaient très mal posées. Car, au lieu d’attaquer le mal par la racine pour trouver la solution à la crise en République démocratique du Congo, c’était plutôt l’occasion, pour le pouvoir en place, de se refaire une santé politique, constatant que la situation évoluait en sa défaveur sur le terrain.

Pour plusieurs dirigeants des partis de ‘Opposition, 5 millions de dollars, coût de ce rendez-vous, c’était de l’argent du contribuable congolais jeté par la fenêtre.

Déterminée à aller jusqu’au bout de sa logique, la Majorité présidentielle a embarqué quelques « opposants » assoiffés du pouvoir dans cette voie des concertations nationales, pour les débaucher en faisant d’eux des ministres.

La libération des prisonniers politiques nommément cités dans les résolutions de cette réunion, n’a jamais été effective. Eugène Diomi Ndongala, Jean-Bertrand Ewanga et autres militants des partis politiques arrêtés, demeurent en prison. Au contraire, d’autres leaders tels que Jean-Claude Muyambo ont rejoint, à la prison centrale de Makala, ceux qui devraient être libérés après les concertations nationales. Ce qui met en mal la cohésion nationale entre tous les Congolais afin de juguler la crise.

Après les concertations nationales, le chaos

Selon des observations faites par de nombreux analystes, les concertations nationales ont davantage divisé les Congolais.

Trois “ opposants “, qui ont intégré le gouvernement Matata II ont tous été désavoués du Mouvement de Libération du Congo (MLC) leur parti. Il s’agit de Thomas Luhaka, Germain Kambinga et Orner Egwake Yangembe. L’Opposition Républicaine, de Léon Kengo Wa Dondo, a connu des départs après la publication de Matata Il, des mécontents ayant claqué la porte.

Dans les résolutions des concertations nationales, les participants étaient convenus de ne pas toucher à la Constitution pour donner lieu à un troisième mandat à Joseph Kabila. Mais après ces assises, il y a eu des tentatives de revisiter la loi fondamentale. Des ténors de la Majorité présidentielle ont multiplié les appels à la modifier, certains ont lancé des pétitions pour récolter des signatures, en vain.

Après cela, le pro révisionnistes ont changé de stratégie pour modifier, cette fois-là, la loi électorale, en vue de permettre un inévitable glissement. La formule magique était de conditionner les élections législatives et présidentielle aux résultats du recensement. Cette démarche a causé des morts les 19, 20 et 21 janvier 2015 à Kinshasa et quelques grandes villes du pays. C’est donc au prix du sang que ce plan a été déjoué.

Kabila sollicite le dialogue

Le patron de l‘Agence Nationale de Renseignement (ANR) a déposé des correspondances à l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), à l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et au MLC, au nom de Joseph Kabila, pour solliciter un dialogue, question d’éviter l’embrasement au pays, surtout qu’il y a déjà des étincelles. Cette initiative personnelle du chef de l’Etat a surpris l’aile dure de la Majorité présidentielle, qui tenait à ce que la République démocratique du Congo aille droit dans le mur jusqu’en 2016 et causer d’énormes dégâts. Ils ont donc été pris à contre-pied, et regrettent amèrement que le chef ait viré à 180° en tendant la main à l’Opposition, la vraie.

Mais l’on ignore si l’UDPS, le MLC et l’UNC réserveront une suite favorable à ces correspondances. Mais déjà, apprend-t-on dans les coulisses, certains auraient carrément refusé cette main tendue. D’autres ont conditionné la tenue de ce dialogue à la libération de tous les prisonniers politiques, et d’autres encore tiennent à ce que les termes de ce dialogue soient clairs avant de prendre une décision.

Néanmoins, ce qui n’est pas négociable, c’est la date du 27 novembre 2016 consacrée au départ de Joseph Kabila. “ Aucun glissement ne sera toléré “, laisse-t-on entendre. Si dialogue il y aura, poursuit-on, “ on parlera du découpage territorial, de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et des élections apaisées. Pas d’autre chose ».

Par LEFILS MATADY

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