La Voix des sans voix (VSV) pour les droits de l’homme déplore le rançonnement des visiteurs qui viennent assister leurs proches détenus à la prison centrale de Makala. Dans une déclaration faite mardi 12 mai à Radio Okapi, le chargé d’enquête de cette association, Timothée Bikwiza, recommande au ministre de la Justice et au directeur de la prison de faire cesser « sans délai » cette pratique érigée en mode de gestion dans cette maison carcérale.
« Ces pratiques se déroulent aux vues et aux sus de toutes les autorités de l’administration pénitentiaire. Les visiteurs doivent consigner argent et téléphone contre une somme de 500 Fc (0,54$US)», a affirmé Timothée Bikwiza.
Il a indiqué qu’à l’entrée du bâtiment administratif, des agents commis à la fouille des visiteurs demandent à leur tour « de l’eau » [de l’argent].
Selon Timothée Bikwiza, il existe aussi une administration parallèle constituée de prisonniers qui contrôlent des visiteurs.
« Les gens remettent une somme de 1000 Fc (1,08$US) pour obtenir en échange un jeton avant d’accéder à la salle d’audiences ou aux pavillons. Pour l’hébergement dans une cellule convenable, les prisonniers payeraient des sommes qui coûterait très chères et se feraient en échange d’un montant qui varierait entre 50 et 300 $US », a ajouté Timothée Bikwiza.
Il a aussi plaidé pour la poursuite de la politique de désengorgement en accélérant les libérations conditionnelles des détenus.
Pour sa part, le directeur de la prison centrale, le Colonel Thaddée Kabisa, dit reconnaître ces pratiques qu’il attribue à la surpopulation de la maison carcérale.
Il affirme avoir attrapé lui-même des policiers en train de rançonner les visiteurs.
Mais après avoir obtenu leur relèvement des fonctions, il se dit désagréablement surpris de les revoir quelques jours plus tard réoccuper à nouveau leurs postes.
« Quand nous attrapons un policier ici en train de rançonner et que nous demandons à l’autorité de le sanctionner, il faut que l’autorité les sanctionne. Je suis étonné de voir les mêmes policiers rentrés ici », a déploré le colonel Thaddée Kabisa.
Il a déclaré avoir « fouillé les policiers rançonneurs » devant les visiteurs.
« On a extrait des billets de banque dans leurs poches. Je les ai chassés. Ici, nous avons besoin des visiteurs. C’est pourquoi on a même érigé un abri pour les protéger contre les intempéries. Quand un service responsable fait un communiqué sans nous communiquer, c’est malhonnête », s’est indigné le colonel Thaddée Kabisa.
Le directeur de la prison dément néanmoins le payement de 300$US de la part de prisonniers VIP.
« Ce n’est pas vrai. La surpopulation carcérale a des conséquences. Les anciens détenus vendent tout aux nouveaux et supposent que celui qui vient de la maison a plus de moyens que celui qui vit longtemps ici », a expliqué le colonel Thaddée Kabisa.