L‘avenir politique n‘étant toujours pas prometteur, les principaux bailleurs de fonds se réservent d’appuyer financièrement la RDC. Après que la Banque mondiale ait suspendu son appui financier au projet Inga 3, c’est au tour de la Banque africaine de développement (BAD) de réserver une fin de non recevoir à la demande du gouvernement.
La Banque africaine de développe ment (BAD) a affirmé qu’elle va continuer à travailler avec le gouvernement de la République démocratique du Congo, mais ne sera pas en mesure d’apporter un soutien au budget du pays jusqu’à ce que ses conditions politiques et structurelles soient remplies, rapporte l’agence de presse américaine Bloomberg.
Au mois de mai, ajoute la source, le gouvernement de la République démocratique du Congo avait déclaré qu’elle avait besoin de 100 millions Usd de la Banque africaine de développement (BAD) et 500 millions Usd de la Banque mondiale après l’effondrement des prix du cuivre et du pétrole, entrainant une baisse de revenus du gouvernement pour les quatre premiers mois de 2016.
« Certaines questions doivent être méthodiquement traitées afin d’ouvrir la voie à une assistance plus structurée, coordonnée et suffisamment complète des partenaires du pays », a déclaré le représentant résidant de la BAD en RDC, Sylvain Maliko, à l’agence de presse Bloomberg. La BAD, a-t-il ajouté, continuera à allouer des fonds à l’infrastructure, l’agriculture et les projets d’intégration régionale, mais elle sera incapable de fournir un appui budgétaire tant que l’avenir politique immédiat du Congo demeure incertain.
En RDC, les tensions politiques sont fortes en prévision des élections prévues pour le mois de novembre, mais susceptibles d’être retardée. L’opposition politique affirme que le président Joseph Kabila, à qui la Constitution interdit de postuler à nouveau, devrait démissionner lorsque son mandat se termine en décembre. Ses partisans, au contraire, veulent qu’il reste au pouvoir jusqu’à ce que les élections aient lieu et que le nouveau président élu soit installé.
En réponse, les partis politiques d’opposition ont appelé à des manifestations, alors que les autorités ont arrêté des dizaines dé dirigeants politiques et militants pro-démocratie. Ce que, d’aucuns qualifient d’arrestations ayant des motivations politiques.
« L’incertitude liée à la période pré-électorale assombrit l’avenir proche. Ce qui empêche les donateurs de répondre positivement à l’appel du pays pour une assistance appropriée », a déclaré M. Maliko.
LE CIEL SEMBLE S’ASSOMBRIR
Même du côté de la Banque mondiale, le ciel semble s’assombrir. « Alors que la Banque mondiale se dit prête à discuter des options à lever pour aider le gouvernement à gérer l’impact de la baisse des prix des matières premières, elle ne s‘est pas engagée à fournir un soutien budgétaire », a déclaré à l’agence américaine Bloomberg, la porte-parole de la Banque mondiale en RDC, Louise Engulu Makonda. Cette dernière n’a pas donné des précisions quant à la sollicitation d’une demande formelle pour le soutien.
Le gouvernement de la RDC a réduit les prévisions de croissance économique du pays à 5,3% en Juin, à partir d’une estimation de 9% au début de l’année. Les experts de la BAD indiquent qu’une réduction supplémentaire est possible. Le déficit du gouvernement pour l’année se situait à 322 milliards de francs congolais (environ 339 millions de dollars) le 15 Juillet, selon le bureau du Premier ministre.
« Le gouvernement a réagi promptement à l’effondrement des prix des produits de base en réduisant les dépenses et en essayant d’augmenter les recettes, mais les conditions sont toujours difficiles », a déclaré M. Maliko. Selon lui, les indicateurs économiques, si leurs tendances récentes persistent, mettent le pays dans une position où il se dirige vers une récession.
Le prêteur est préoccupé par la capacité de la RDC à continuer à gérer l’impact de la flambée des prix des produits de base si l’appui budgétaire n’est pas fourni. Il promet de continuer à travailler avec le gouvernement ainsi qu’avec d’autres bailleurs de fonds pour trouver une solution.
Par Olivier KAFORO