La descente aux enfers d’Air France : mauvais présage pour Congo Airways

Jeudi 8 octobre 2015 - 10:44

Toute la France officielle reste secouée par les incidents graves survenus avant-hier au siège social de la compagnie aérienne nationale Air France au lendemain de l’annonce d’une réduction très sensible de son personnel à tous les niveaux. Selon les officiels, l’on s’attend à la mise au chômage de près de deux mille agents, toutes sections confondues, mais du côté de notre confrère satirique « le Canard Enchainé » ce chiffre devrait atteindre le record de cinq mille agents qui seront jetés dans la rue. Ce, malgré les dénégations de la direction générale et du chef gouvernement français Manuel Valls.

Cette information devrait préoccuper aussi bien le gouvernement congolais que les futurs usagers de la compagnie aérienne « Congo Airways », qui est partenaire de la société aérienne française Air France. Certes, en jetant leur dévolu sur la société aérienne française, le gouvernement de la République ainsi que les hauts responsables de Congo Airways ne pouvaient pas s’attendre à ce qui arrive aujourd’hui à son partenaire. Cependant, comme gouverner c’est prévoir, les signaux avant-coureurs de la descente aux enfers de cette société aérienne française se faisaient déjà sentir dans les milieux des exploitants aériens européens avec notamment la chute vertigineuse de son chiffre d’affaires au niveau de vente des billets dû à la baisse vertigineuse du nombre des voyageurs à travers tous ses réseaux d’exploitation, dont particulièrement l’Afrique, l’Asie, les Amériques et le Moyen-Orient. Une situation qui a fait suite à l’arrivée sur le marché des concurrents sérieux affichant plein tant en clients qu’en fret ,au détriment d’Air France. Turkish Airlines, Ethiopian Airways, Kenya Airways, South African Airways, Emirates, Royal Air Maroc et bien d’autres nouvelles sociétés aériennes avaient envahi les espaces aériens d’Afrique, d’Asie, du Moyen et d’Extrême Orient au détriment d’Air France. En offrant des tarifs plus compétitifs et en exploitant des nouvelles escales jusque-là négligées par la compagnie aérienne française.

La distraction des plénipotentiaires congolais

Probablement, comme à l’accoutumée, plongés à la fois dans plusieurs grands dossiers plus juteux, les responsables congolais ne pouvaient pas voir venir cette descente aux enfers d’Air France. Sinon, ils auraient pris des précautions d’usage pour convoler, dès le départ, en noces libres avec d’autres partenaires dotés des mêmes expériences que la compagnie française.

Augmentation sensible de la flotte aérienne

Voilà pourquoi le démarrage des activités de Congo Airways risque d’être compromis par cette descente aux enfers de son principal partenaire, si les responsables ne prennent pas d’urgence des mesures correctrices. Dans un premier temps, en recourant au partenariat avec deux ou trois autres grandes compagnies aériennes de renommée internationale. Ensuite, en souscrivant à un emprunt international pour doter la nouvelle compagnie des aéronefs tout neufs, au moins une dizaine, pour couvrir tout l’espace aérien national et ensuite les quatre coins cardinaux africains, l’Asie, le Moyen et l’Extrême Orient, l’Europe et plus tard l’Amérique. Etant donné qu’il est avéré que les congolais voyagent souvent pour leurs affaires, des visites familiales, des soins médicaux et pour raisons d’études. C’est ce qui explique l’envahissement de l’espace aérien congolais par de nombreuses sociétés aériennes battant pavillon étranger.

Révision à la baisse du fret et du prix du billet

Les tarifs aériens actuels devraient réveiller la conscience du gouvernement. Car, comment le prix d’un billet d’avion entre Kinshasa et les villes comme Goma et Lubumbashi pour des vols aller de deux heures sont plus chers que ceux appliqués par South African Airways entre Kinshasa et Jobourg pour des vols aller d’une durée des trois heures ? Selon des spécialistes en aéronautique civile, c’est le prix du carburant qui constitue la moitié des dépenses effectuées pour faire voler un aéronef. Raison pour laquelle la plupart des compagnies aériennes s’efforcent à réduire au maximum les éléments de la structure des prix du carburant pour que l’avion ne devienne pas un objet de luxe donc inabordable pour le commun des mortels.

La forte politisation de la gestion

Le gouvernement devrait s’abstenir de s’ingérer dans la gestion de la nouvelle compagnie aérienne, notamment dans la nomination des hauts responsables, cadres supérieurs et même des agents. Outre la politisation à outrance avec une forte dose des cadres provenant de la Majorité Présidentielle, l’on déplore la tribalisation avec un taux très élevé des cadres originaires de certaines provinces.

Par ailleurs et c’est fort regrettable, l’on observe depuis quelque temps tant à Congo Airways que curieusement dans toutes les entreprises de l’Etat une chasse aux sorcières qui ne dit pas encore son nom, mais qui vise essentiellement des cadres mandataires provenant du G7 et Alliés. Lesquels sont soit pourchassés ou soit obligés de démissionner. Un très mauvais signal pour la recherche de la rentabilité et de la bonne gouvernance. Car, c’est à travers ces canaux que l’on organise des ponctions financières saignant à fond les caisses de l’entreprise et cela pour certaines opérations douteuses à court et long terme compromettantes.

A ce sujet, l’on rappelle qu’Air Zaïre, Air Afrique et bien d’autres compagnies aériennes africaines avaient été obligées de mettre la clef sous le paillasson à la suite des nombreuses ponctions financières pour des opérations politiciennes occultes ou à cause de la mauvaise gestion caractérisée par de nombreuses dettes non remboursées contractées par les gouvernants pour faire voyager des membres des familles, des amis et connaissances avec des tonnages exorbitants. Un homme averti en vaut deux.

F.M.

 

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