La feuille de route de Théophile Mbemba (épisode Il)

Mardi 6 janvier 2015 - 12:25

Que des réactions, positives surtout -beaucoup- et négatives aussi -quelques- unes- après lecture de la première partie de cette tribune hebdomadaire. Même si je ne l’avais pas annoncé, stratégie à la Bergoglio, de nombreux lecteurs ont demandé, môme exigé, que je poursuive cette réflexion. J’accepte et m’applique à consacrer ce deuxième épisode de la série à la programmation des activités de la feuille de route du nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire.

Dans le précédent numéro de celte tribune, je mettais en exergue le fait que le ministre Théophile Mbemba n’avait pas à s’inquiéter sur son programme d’action tant la matière est abondante dans son secteur. Je lui suggérais en fait d’avoir le courage et la force nécessaires pour entamer tout de suite les grands chantiers d’un ministère qui est resté non gouverné pendant de longs mois et ce n’est nullement un euphémisme que de le dire. Je disais en gros que monsieur le Ministre n’aurais pas un programme à long terme, tant les urgences vont constituer son lot quotidien.

En effet, lors que se déclenche une épidémie mortelle comme Ebola ou une catastrophe nationale comme le «génocide intellectuel» dénoncé par les Sénateurs, il est urgent d’agir, même en commettant des erreurs,, pour endiguer le mal, prévenir et arrêter la progression du cancer. C’est le quitte ou double. Théophile Mbemba se retrouve dans cette situation. Il doit jouer à l’urgentiste au moment d’une catastrophe. Et ce ne sont pas les sujets qui manquent.
Faire respecter les textes
Monsieur le ministre à des conseillers. Quelques nouveaux certes, mais une bonne partie de ceux qui vont travailler avec lui sont des vieux conseillers ou des rompus de l’administration à I’ESU. Ils connaissent donc les dossiers et principalement les textes qui régissent le secteur. Des textes qui disent ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas l’aire. Des textes qui organisent l’ESU depuis le statut du personnel jusqu’aux critères de délibérations, et même à la responsabilité de chacun dans le processus d’éducation. Ces textes sont résumés dans un « Vade mecum » qui évolue au fur et à mesure que des changements et des réformes sont menés.
Des textes que les universités ne respectent pas, ou presque pas.
Quelle est la procédure pour engager un assistant ou un chargé de pratique professionnelle à l’ESU? Quelle est la situation sur terrain à ce jour, en particulier dans le secteur public? Parce que, disons le, les privés peuvent encore s’autoriser à tripoter sur la qualité des personnes qu’ils engagent. mais pas le secteur public. Quels sont les critères à respecter lors de la période d’évaluation (TP, examens. délibération)? Et que fait-on dans les Universités? Nous connaissons tous le fameux phénomène «branchement» qui fait l’actualité et qui a pris plusieurs formes. Le «banchement» est synonyme de corruption, à vaste échelle, qui va de petites ou grosses sommes d’argent qu’exigent les enseignants pour distribuer les points aux étudiants, jusqu’à une panoplie de faveurs qu’accordent les enseignants à leurs étudiants pour diverses raisons.
Certains enseignants, dont les notes de cours ont été changées ou manipulées sans leurs avis par un membre du jury, n’ont aucune voie de recours. On s’accommode à ce mal dont la conséquence est que les étudiants les plus irréguliers sont les premiers à réussir là où les étudiants plus ou moins réguliers sont recalés. L’enseignement supérieur ressemble aujourd’hui aux jeux olympiques dont le principe énoncé par Jean Coubertin est éloquent : « l’essentiel est de participer ». A l’ESU ; l’essentiel est de payer les frais. Comme si les enseignants étaient réduits à vociférer dans des auditoires pas toujours conformes, devant des personnes totalement, et qui attendraient la fin de l’année pour liquider leurs frais et se retrouver en classe supérieure. Théophile Mbemba doit savoir comment mettre fin à cette pratique.

Se faire respecter

Monsieur le ministre doit également se faire respecter de tous, et d’abord de ses collègues du Gouvernement devant lesquels il défend les dossiers de son secteur. Il ne faudrait pas que l’un d’eux qui connait les mauvaises pratiques dans son secteur le devance au conseil des ministres. Se faire respecter veut dire prendre de nouvelles instructions sur la manière de gérer les universités, évaluer ses instructions et sanctionner positivement ou négativement ceux qui ne le respectent pas. Se faire respecter, c’est refuser de cautionner la dictature de certains dirigeants de nos établissements qui se déclarent être Dieu sur terre sur leur terroirs, oubliant qu’ils ne sont que des mandataires. Se faire respecter, c’est œuvrer tout de suite pour dépolitiser l’université.
A ce jour en effet, la plupart des dirigeants de nos universités se targuent d’être membres actifs des partis en vue. Ce n’est pas interdit. Mais on peut se demander si ces partis sont en rupture de stocks de cadres pour nous déléguer ceux qui ne sont pas en mesure de donner satisfaction à la Nation? Des dirigeants qui ne savent pas même pas pourquoi ils sont à la tête des établissements publics. Des dirigeants qui ne connaissent même pas le profil de ceux qu’ils sont censés former, au point de s’ériger eux-mêmes en fossoyeurs des efforts fournis par leurs compères! Se faire respecter, Excellence, c’est refuser de faire tarder les diplômes à signer au motif que vous n’avez pas perçu les frais réservés au ministère pour la signature de ces documents importants. C’est honteux de constater qu’il y a des arriérés de plus de 15 ans des diplômes non signés dans votre secteur.
Et tous ces dossiers ne vont certainement pas attendre la rentrée académique prochaine, d’autant plus que les universités sont en train de couler. Et principalement toutes ces boutiques ouvertes à travers le pays, qui n’ont ni infrastructures, ni personnel qualifié, mais qui émargent au budget de l’Etat. Et qui plus est, forment des soi-disant cadres universitaires : médecins et laborantins sans laboratoires, journalistes sans journalisme, juristes sans déontologie, ingénieurs en bâtiment et travaux publics sans aucun bagage... De qui se moque-t-on? Voilà pourquoi Théophile Mbemba Fundu di Luyindula doit entrer en action, vite et bien. Il y aura encore des réactions, je le sais, en sens divers. Certains m’accuseront de les avoir attaqués, d’autres m’enverront des messages d’encouragement. Je respecterai les points de vue des uns et des autres. Je continuerai à réfléchir à ce qui est possible, faisable dans un secteur aussi vital que celui de l’enseignement supérieur, et qui est resté longtemps sans maître. L’ancien député qui a pris les rênes de ce département n’a pas de choix que de confirmer sa réputation d’universitaire rigoureux et de nationaliste.

Adelard Mambuya Obul’Okwess
Chef des travaux à l’ESU

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