Coup de tonnerre dans le microcosme politique congolais : les 6 militants du mouvement citoyen « Lutte pour le changement »(Lucha) ont rejeté la grâce présidentielle accordée par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, et décidé de rester en prison. Dans une correspondance adressée au président Kabila, le samedi 23 juillet 2016 depuis la
prison centrale Goma (Munzenze), Rebecca Kabugho, Melka Kamundo,Balibisire Alipenda John, Kasereka Muhiwa Ghislain et Kambale Sivyavugha Serge, ont fait savoir qu’en solidarité avec leurs camarades et tous les concitoyens injustement privés de liberté, ils
préfèrent rester en prison. «…Quitte à aller jusqu’au bout de cette
peine indue qui, de toutes manières, est presqu’entièrement consommée.
C’est cela aussi notre liberté et notre dignité » ont-ils signé.
En effet, ont-ils expliqué, cette mesure est, à leurs yeux, d’abord
une reconnaissance du caractère « arbitraire, injuste et politique »
de leur arrestation et condamnation il y a cinq mois. Ensuite, ils y
voient un premier pas encourageant vers la décrispation réelle et
complète de l’espace démocratique et la fin de la répressions des
libertés publiques, y compris la liberté d’opinion, d’expression,
d’association, et de manifestation publique.
Tout en invitant le président Joseph Kabila à aller plus loin en
ordonnant l’abandon des poursuites contre d’autres prisonniers
d’opinion, les jeunes militants ont précisé que la largesse doit
toucher autant ceux qui sont en détention préventive ou en attente
d’un jugement définitif. Dans le lot, il y a leurs camarades Fred
Bauma et Yves Makwambala détenus à Kinshasa depuis près de 17 mois,
sans procès ; Bienvenu Matumo, Héritier Kapitene et Victor Tesongo,
arrêtés à Kinshasa au même moment qu’eux à Goma ; les activistes
Christopher Ngoy, Jean-Marie Kalonji, Jean de Dieu Kilima du mouvement
Filimbi ; des opposants tels que Eugène Diomi Ndongala et le bâtonnier
Jean-Claude Muyambo ; etc.
Cette décision des militants Lucha de prolonger volontairement leur
séjour carcéral, a surpris plus d’un au sein de l’opinion nationale et
internationale, au moment où d’autres personnes s’empresseraient de
sauter sur l’occasion pour recouvrer la liberté. Eux, ont dit NON,
réclamant plutôt la libération d’autres militants à travers le pays. .
Réagissant à la lettre des intéressés, le ministre de la Justice a
fait savoir que s’ils ne quittaient pas Makala comme prévu, ils seront
évacués par la force.
Tshieke Bukasa