La persistance des conflits armés à l’Est de la RDC due aux trafics de ressources naturelles

Lundi 20 avril 2015 - 11:45

Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement

Le Vendredi 17 avril dernier, le bureau du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), basé à Nairobi au Kenya, a publié un rapport intéressant sur la principale cause de la persistance des conflits armés dans l’Est de la RDC (Ituri au nord est de la Province Orientale, province du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, nord de la province du Katanga).

Selon le PNUE, des milliards de dollars issus principalement des trafics d’or, de coltan, d’étain, d’ivoire et de bois financent des dizaines de groupes armés dans l’Est de la République démocratique du Congo et y alimentent les conflits chroniques.

Le contrôle par des groupes armés étrangers et nationaux des zones les plus riches en minerais (or, étain, coltan) est un des enjeux qui alimentent l’instabilité chronique entretenue dans l’Est de la RDC, précisément en province Orientale (Ituri), au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans la partie nord du Katanga car de vastes portions de ces régions échappent à l’autorité du gouvernement central.

Groupes criminels internationaux militarisés impliqués dans des trafics

Le PNUE soutient dans son rapport que « des groupes criminels internationaux militarisés sont impliqués dans des trafics à grande échelle » de « minerais de coltan et d’or, de bois, de charbon et de produits issus de la faune sauvage tels que l’ivoire ». Ces trafics rapportent jusqu’à 1,3 milliard de dollars chaque année, selon ce rapport du PNUE.

Selon les diverses estimations, cet argent du sang finance entre 25 et 49 groupes armés congolais et « alimentent de façon croissante les conflits » dans cette région où des rébellions sèment la terreur et le chaos depuis 20 ans parmi les populations locales, poursuit le PNUE. Le plus gros de ces recettes illégales provient du trafic d’or, rapportant jusqu’à 120 millions de dollars annuels à ces milices.

Le PNUE précise que seuls 2%, soit 13 millions de dollars, des gains nets des trafics reviennent aux groupes armés. Cet argent est néanmoins suffisant pour assurer « annuellement l’intendance de base de quelque 8.000 combattants et permettre à des groupes défaits ou désarmés de refaire constamment surface et de déstabiliser la région.

Le reste de l’argent généré est empoché par de « réseaux criminels transfrontaliers, opérant en RDC et hors de la RDC », notamment dans les pays voisins (Ouganda, Rwanda, Burundi et Tanzanie) et leur permet d’entretenir leur stratégie de « diviser pour régner » et de faire en sorte qu’aucun groupe armé ne puisse réellement dominer et s’emparer du trafic, selon le rapport.

Au Nord-Kivu, il y a le Parc national des Virunga où vivent des gorilles de montagne, une espèce menacée d’extinction. « L’habitat naturel de ces gorilles est menacé par la déforestation issue de la fabrication de charbon de bois », estiment les auteurs du rapport. Le PNUE dénonce également des tentatives de faire déclassifier le parc, afin que son bois et son pétrole puissent être exploités.

L’incapacité de la communauté internationale et de l’Etat congolais à démanteler ces réseaux inquiète
C’est depuis bientôt 16 ans que la communauté internationale a déployé en RDC à travers l’Organisations des Nations Unies sa plus grande mission de maintien de la paix dans le monde avec plus 20.000 soldats.

Le coût de cette mission est évalué à 1,4 milliard de dollars par an. L’ONU est très bien renseignée sur les sources d’approvisionnement en armes et en munitions de ces groupes armés qui sèment la mort et la désolation à l’Est de la RDC, mais n’est toujours pas capable, avec des militaires bien équipés et motivés, de démanteler ces réseaux maffieux.

Il en est de même de l’Etat congolais qui ne parvient toujours pas à mettre en place une Armée digne d’un bouclier national. C’est le retard constaté dans la réforme de l’Armée et des services de sécurité qui justifie le maintien prolongé par le Conseil de sécurité de l’ONU de la MONUSCO en RDC.

Par N.T.

 

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