Le président de la Société civile à Beni (Nord-Kivu), Gilbert Kambale, a déclaré dimanche 17 mai 2015 à Lepotentielonline.com que « la population appelle le Premier ministre, le chef d’état-major des Forces armées de la République démocratique du Congo et le ministre de la Défense venir évaluer sur place la situation sécuritaire ».
« M. Matata Ponyo se limite à des rapports présentés par des délégations qu’il y dépêche au lieu de venir lui-même palper la situation là où les gens meurent comme des animaux dans un abattoir. Etant donné que cette thématique rentre dans leurs compétences respectives », a-t-il précisé.
Une fois sur le terrain, espère Gilbert Kambale, « le Premier ministre et le ministre de la Défense trouveront une solution plus pratique afin de juguler une fois pour toutes cette guerre contre la population civile ».
« On ne peut pas continuer à tuer des gens dans la zone où se déroulent les opérations militaires», s’est-il indigné.
« Même le chef de l’Etat doit s’approprier ce problème »
Pour la population de Beni, « même le chef de l’Etat, garant de la Nation, doit s’approprier ce problème qui touche la nation ».
« Cette demande ne signifie pas que nous minimisons le travail abattu par d’autres délégations déjà envoyées ici à Beni. Mais, il est vrai qu’elles n’ont trouvé aucune solution adéquate à ce problème. La solution adéquate est attendue par des populations qui souffrent de cette guerre dont elle ne connaît ni les tenants ni les aboutissants », a expliqué Gilbert Kambale.
De l’avis de la population de Beni, « les différentes autorités doivent comprendre que toutes les mesures déjà prises ont déjà échoué car les tueries se sont poursuivies ».
Des milliers de déplacés sans assistance à Beni, Oicha et Eringeti
La situation humanitaire reste préoccupante dans différents centres urbains du territoire de Beni depuis les derniers massacres de Katimadoko. Le constat fait par le correspondant de Lepotentielonline.com est tel que les habitants des quartiers périphériques d’Oïcha se concentrent encore au centre-ville à chaque tombée du soir. Ils disent craindre pour leur sécurité.
« Les conditions dans lesquelles ces déplacés passent la nuit est un autre calvaire. Parfois, ils sont obligés d’être à 40 ou 50 », fait remarquer une source qui déplore cette promiscuité dans des familles d’accueil.
La même situation est vécue à Mbau, Mavivi et Eringeti où tous les déplacés affluent. Entretemps, aucune présence des humanitaires n’est signalée jusqu’à présent.
L’autorité territoriale de Beni se limite, quant à elle, à appeler la population à quitter les zones situées loin dans la forêt, de peur d’être de nouvelles cibles d’une éventuelle tuerie.
La population n’ose plus emprunter l’axe le plus dangereux, celui de Beni-Eringeti où l’on soupçonne la présence des ennemis de la paix.
Pendant ce temps, la société civile de Beni-ville plaide pour une intervention humanitaire d’urgence, en invoquant la problématique de la population fuyant les atrocités dans leurs villages et qui sont sans aide.
« Une enveloppe avait été remise comme première assistance par la délégation des autorités qui étaient passées récemment à Beni. Mais, est-il que le nombre des déplacés a doublé voire triplé », note la Société civile de Beni.