L’Afrique perd 148 milliards USD chaque année en raison de la corruption qui gangrène la plupart des économies du continent. La République démocratique du Congo (RDC), à elle seule, concentre 10% de la corruption qui se trame en Afrique alors que son PIB représente moins de 2% de celui du continent.
La lutte contre la corruption reste molle en RDC. Tout le monde en appelle à son élimination mais la situation sur le terrain démontre que pas grand-chose n’est faite pour endiguer le fléau. La gangrène plombe l’économie congolaise au point que chaque année 15 milliards USD échappent au Trésor public.
De l’argent qui devait servir à construire des routes, des écoles, des barrageset autres infrastructures dont le pays a besoin pour faire décoller son économie. Le budget 2016 de la RDC est à peine de 9 milliards USD.
La corruption risque de plomber les espoirs des Africains
Le président de la Banque africaine (BAD),AkinwumiAdesina, a estimé, dans un entretien accordé le 14 décembre à l’agence de presse officielle nigériane NAN, que l’Afrique perd 148 milliards de dollars chaque année en raison de la corruption qui gangrène la plupart de ses économies.
«L'Afrique perd environ 148 milliards USD par an en raison de la corruption. Les flux financiers illicites font aussi perdre au continent 60 milliards de dollars chaque année», a-t-il déclaré. «Ces fonds auraient dû être affectés aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’assainissement. Partout où vous avez une corruption massive, le développement est en retard», a ajouté M. Adesina.
En effet, l’Afrique est le continent le plus pauvre du monde. Sa situation économique progresse cependant rapidement, et la Banque mondiale estime que la plupart des économies africaines sont susceptibles de rejoindre la catégorie des pays à revenu intermédiaire avant 2025.
Cependant, la corruption risque de plomber les espoirs des Africains en général et des Congolais en particulier si les dirigeants ne prennent ce fléau à bras le corps.
Le Conseiller spécial du Chef de l’Etat congolais pour la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et la bonne gouvernance, Luzolo Bambi, a estimé dernièrement qu’il faut faire de la lutte contre la corruption un « combat vital » pour tous.
« C’est l’occasion de faire comprendre au peuple congolais l’importance de renoncer et de lutter contre la corruption au vu des dégâts que ce phénomène et ce fléau génèrent dans notre vie courante », a indiqué Luzolo Bambi sur Radio Okapi.
Et d’espérer que « la loi financière en chantier (Ndlr : 2016) a consacré une part importante pour le financement de la politique nationale de lutte contre la corruption. Que le parlement, que le gouvernement prenne des dispositions de manière à mettre en place des moyens conséquents. Non seulement des moyens matériels mais des moyens humains ».
Adopter des stratégies basées essentiellement sur la prévention
Le produit intérieur brut (PIB) global de l'Afrique est de 2 513 milliards Usd en 2013 (calculé en dollars constants 2004, et utilisant les taux de change officiels des monnaies de l'année 2000). Avec un PIB de 40 milliards USD, la RDC représente moins de 2% de la richesse africaine mais concentre 10% de la corruption du continent noir.
Pour le président de la BAD, il y a nécessité pour les pays africains d’adopter des stratégies basées essentiellement sur la prévention de ce fléau.«La détection de la corruption est importante, mais sa prévention est aussi capitale. Il est donc dans l'intérêt de l'Afrique de prévenir la corruption afin de stimuler l'économie et le développement à travers le continent», a-t-il dit.
La majorité des 54 pays africains sont très mal classés dans le dernier indice de perception de la corruption établi par l’ONG Transparency International. Outre la RDC qui figure toujours parmi les 20 pays les plus corrompus du monde, les plus mauvais élèves dans ce domaine sont la Guinée-Bissau, le Tchad, le Kenya et le Nigeria, selon ce même classement.