Une audience du Parquet général de la République réunie jeudi pour entendre le gouverneur de l’Equateur accusé d’avoir agressé le procureur de la République près la Cour d’appel de Mbandaka a fuité dans la presse.
Jeudi 2 juin s’est joué à l’office du Procureur général de la République une drôle de pièce. Pour la première fois, un procureur de la République a porté plainte contre un grand commis de l’Etat au Parquet général de ta République. Pas n’importe qui : Tony Bolamba, gouverneur élu de l’Equateur. Pas n’importe quels faits: des accusations d’agression et d’outrage à magistrat présumés. A en croire les sources judiciaires, les premières analyses ne laissent aucun doute sur l’issue probable dans cette affaire: l’inculpation suivie d’une condamnation.
Le gouverneur de 1’Equateur a comparu jeudi à l’office du Procureur général de la République -PGR-, à Kinshasa-Gombe. Flory Kabange Numbi a décidé d’interpeller et entendre Tony Bolamba à la suite d’une plainte pour agression et outrage à magistrat, déposée contre lu par le procureur de la République près la Cour d’appel de Mbandaka, où le gouverneur a été accusé en avril dernier pour une prétendue détention d’une fausse carte d’électeur. Si la presse s’est fait l’écho de l’audience au Parquet général de la République où, pour la première fois, un haut magistrat a porté plainte contre un grand commis de l’Etat, notamment un gouverneur de province, aucun détail n’a été donné sur les causes et les circonstances de l’agression et l’outrage présumés. Des témoins affirment cependant que Tony Bolamba a passé des longues heures d’interrogatoire jeudi avant de quitter le Parquet général libre avec promesse ferme d’y revenir dans les prochaines heures. «Les faits lui reprochés semblent graves», commente une source judiciaire indiquant que les premières analyses ne laissent aucun doute sur l’issue probable dans cette affaire; l’inculpation suivie d’une condamnation du gouverneur. La suite dépend, indique-t-on, des conclusions de l’enquête du Procureur général de la République, le seul à posséder la maitrise de l’action publique. En effet, aucune juridiction ne peut se saisir elle-même, et le déclenchement des poursuites par le ministère public est un préalable indispensable à toute condamnation. Pour assurer cette mission, le procureur est tenu au courant de la commission des infractions par plusieurs moyens: il peut recevoir directement les plaintes et dénonciations, et il est informé par les autorités de police des infractions survenant sur son ressort. Après une phase d’enquête qu’il dirige, le procureur prend librement une décision sur l’action publique, en vertu du principe de l’opportunité des poursuites : il peut classer l’affaire sans suite, si elle ne lui semble pas mériter traitement judiciaire; il peut saisir un juge d’instruction si l’affaire est grave ou complexe et nécessite une enquête approfondie; il peut saisir une juridiction de jugement s’il estime que les faits sont constitutifs d’une infraction... C’est la deuxième fois que le gouverneur de l’Equateur se présente devant le Parquet après sa brillante victoire à l’élection du 26 mars 2016. Tony Bolamba avait répondu, le 8 avril 2016, à une invitation du. Parquet général près la Cour d’appel de Mbandaka, où il faisait l’objet d’une dénonciation des faits infractionnels sur plainte de l’Union des jeunes patriotes kabilistes -UPJK- qui lui reprochait la détention d’une fausse carte d’électeur. La plainte avait été retirée et le dossier classé.
Par Tino MABADA