Le ministère des Affaires étrangères mérite d’être nettoyé

Mercredi 29 avril 2015 - 09:58

La diplomatie rd congolaise mérite une cure de jouvence au regard des comportements qu’affichent certains hauts fonctionnaires. Une analyse faite au sein du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale, révèle qu’à l’absence du ministre Raymond Tshibanda, ces hauts fonctionnaires profitent pour se substituer à l’autorité du ministre, pour s’ingérer dans la gestion des ressources financières des Ambassades, à travers des instructions téléphoniques adressées aux différents chargés d’Affaires a.i de la RDC, malléables pour la simple raison qu’ils sont compromis dans une mauvaise gestion qui semble être tolérée à dessein.

Cette tolérance de la gabegie financière au sein de nos Ambassades à l’étranger, serait en réalité, un contrat de contre-performance tacite avec des brebis galeuses qui se recrutent au sein de l’administration diplomatique, en échange des faveurs de ces Chargés d’Affaires ai. Très souvent, ces faveurs se font par la prise en charge d’enfants des hauts fonctionnaires de l’administration ; le transfert régulier de fonds à ces derniers ainsi que l’achat des véhicules et autres effets avec les ressources financières de l’ambassade, transférés régulièrement par l’Etat congolais.

A titre exemplatif, on peut citer le cas de plusieurs Ambassades qui avaient bénéficiées des véhicules neufs de la part de l’ancien ministre Alexis Tambwe Mwamba, l’actuel ministre de la Justice. Après son départ du ministère des Affaires étrangères, ces véhicules auraient été détournés par des Chefs de Mission diplomatique qui les auraient soit vendus, soit envoyés à Kinshasa. Comme pour dire que par ce mode opératoire (instructions téléphoniques), des détournements à grande échelle totalement inconnus du patron de la diplomatie congolaise et de ses adjoints, s’effectuent en toute impunité et sans la moindre trace.

Il semblerait aussi que cette pratique s’est accentuée à la suite du dernier remaniement où l’absence d’un vice-ministre a accru les pouvoirs des cadres administratifs sur ces pratiques qui minent l’action diplomatique de la RDC à l’étranger.

A en croire certaines indiscrétions, la vérification de toutes ces informations peut se faire par l’envoi des missions de vérification indépendantes dans les différentes missions diplomatiques, afin d’interroger les nombreux diplomates qui ne cessent de murmurer sur la manière dont leurs droits et avantages sont systématiquement bafoués par des Chargés d’Affaires a.i, qui ne se cachent pas d’avoir obtenu” des instructions verbales” de la part de telle ou telle autre autorité du ministère des Affaires étrangères, pour agir de la sorte.

Sanctionner sévèrement les auteurs

D’autre part, au moment où e Chef de l’Etat Joseph Kabila vient de procéder à la nomination d’un Conseiller Spécial chargé de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, l’opinion croît que ce dernier pourra s’engager à des telles missions de vérification, afin que des sanctions exemplaires soient prises à l’égard des contrevenants qui s’adonnent à des telles pratiques tant au sein de l’administration diplomatique que dans les différentes Ambassades, au motif que des millions de dollars sont volatilisés au détriment du gouvernement de la république.

De tout ce qui précède, quelques analystes contactés dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, estiment que l’heure est venue pour imposer un retour à la moralité. Parmi les propositions, ils envisagent notamment, le rappel au service d’un Ambassadeur expérimenté à la retraite, pour exercer durant une période minimum de 2 à 3 ans, les fonctions de Secrétaire général. En effet, selon le principe de la réciprocité, il est difficile pour les Ambassadeurs accrédités à Kinshasa, de considérer et de respecter un Secrétaire général qui n’a pas le rang d’Ambassadeur et qui n’a jamais effectivement exercé les fonctions de diplomate dans au moins deux à trois pays, tout en ayant aussi une expérience éprouvée au sein de l’administration.

La solution pratique serait donc une décision politique de rappeler au service, pour une mission ponctuelle, un chevronné qui aura quatre missions principales à remplir à savoir : Remise en ordre de l’appareil administratif selon les normes telles quelles étaient par le passé: Procéder à des concours internes pour sélectionner les meilleurs talents qui existent au sein du ministère des Affaires étrangères, mais qui sont étouffés par un système qui empêche leur émergence ; Former ces élites identifiées aux principes de la pratique diplomatique et des usages protocolaires ; Procéder à la réforme statutaire des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères comme « Fonctionnaires internationaux “, afin de permettre la revue à la hausse de leurs salaires et réduire l’écart injuste avec ceux de leurs collègues en poste. Ce qui créé des frustrations légitimes.

Selon nos analystes, la RDC regorge encore des hauts cadres qui ont fait là splendeur et la grandeur de sa diplomatie, en animant des institutions internationales telles l’OUA (actuel UA), la CEEAC, la CEPGL... tout en ayant occupé des fonctions d’Ambassadeurs dans des grands postes diplomatiques Brésil, Bruxelles, Paris, New-York, Genève, Vienne, Tokyo, Nigeria... Le pays doit donc profiter de la présence de ces élites encore vivantes, pour se donner les moyens de baliser la voie du redressement de notre diplomatie et permettre à celle-ci, de retrouver sa vocation de centre d’excellence et ses lettres de noblesse.

Le Premier ministre et le Chef de l’Etat interpellés

En effet, poursuivent ces analystes, la diplomatie des Chargés d’Affaires a.i a pour conséquence, de tarir les réserves des hauts cadres diplomatiques répondant à ce profil, faute de renouvellement des élites à tels niveaux d’expérience et de compétence. Pour ce faire, le Premier ministre et Chef du gouvernement, est interpellé car la mise en œuvre des réformes, passe par une volonté politique du chef du gouvernement, de disponibiliser des moyens financiers nécessaires devant permettre au ministre des Affaires étrangères, d’opérer des changements urgent et nécessaires. « A tout prendre, la responsabilité personnelle du Premier ministre est directement engagée. L’amélioration des indicateurs économiques qu’on lui reconnaît, ne peut le laisser indifférent », clament nos analystes.

Il y a donc lieu de conclure que l’immobilisme actuel de la diplomatie congolaise, n’est nullement imputable à l’action des ministres et vice-ministres qui succèdent au ministère des Affaires étrangères. Car ces derniers ne sont que des passagers temporaires, qui ne disposent pas assez de temps nécessaire et des moyens financiers voulus, pour effectuer les réformes qui s’imposent. Le mal est par contre structurel et résidé dans les méandres du ministère, particulièrement au sein de l’administration qui d’ailleurs reste le seul corps dudit ministère, qui n’a jamais connu des réformes sérieuses depuis la deuxième république.

De son côté, le Chef de l’tat est également interpellé pour qu’un coup de pied soit assené dans cette fourmilière que constitue le ministère des Affaires étrangères. Il se doit de donner des instructions précises au Premier ministre et au ministre’1es Finances, pour accélérer le processus, de réforme au sein du ministère des Affaires étrangères. Il en va du prestige de l’Etat et de la crédibilité du pays vis-à-vis de ses nombreux partenaires, car l’existence même de la RDC en tant qu’Etat, est directement liée à l’efficacité de notre diplomatie.

Par J.B.

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