L’ong « Médecins Sans Frontière » a profité de la Journée internationale de lutte contre le Sida, célébrée le 1er décembre de chaque année, pour lancer un cri d’alarme contre les ruptures des stocks de médicaments et d’intrants nécessaires pour la lutte contre le VIH en RDC. Ce triste constat fait suite aux résultats d’une analyse menée par le PNMLS et le MSF, en avril et mai 2015, sur les disponibilités des antirétroviraux (ARV), des tests de dépistages et le cotrimoxazoles, dans 94 structures de santé et 27 dépôts de zones de santé de la ville de Kinshasa.
Au cours de cette période d’échantillonnage, l’enquête a démontré que la grande majorité (77%) des formations sanitaires enregistraient au moins une rupture de traitement ARV, et la moitié a vécu une rupture des tests de dépistage. Ce rapport renseigne également que pour tous les médicaments en rupture dans les structures de santé au moment de l’enquête, le traitement même ou une alternative était disponible quelque part dans la ville de Kinshasa. Malgré cela, trois patients confrontés à des ruptures sur quatre ont quitté les structures de santé sans médicaments. La plus grande partie de l’impact des ruptures était liée aux ruptures d’ARV de première ligne, des molécules utilisées par plus de 90% des patients sous traitement.
Partant de ce triste constat, « Médecins sans frontières » a organisé hier 1er décembre 2015 au centre de dépistage de Kabinda dans la commune de Lingwala, une rencontre avec quelques pharmaciens de la capitale pour réfléchir ensemble sur les mécanismes à mettre en place pour éradiquer ces ruptures de stocks.
Selon Mme Ilse Casteels, coordinatrice du projet Sida au MSF, les pharmaciens ont formulé plusieurs recommandations pour y remédier. C’est le cas notamment de la mise en place d’un système d’alerte quand ils sont en pleine rupture, de la transmission à temps des bons de commande aux sites d’approvisionnement, et d’assurer la disponibilité des médicaments dans tous les centres de santé et l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement, etc.
D’après elle, la rupture des stocks a des impacts négatifs sur la santé des Personnes Vivant avec le VIH/Sida (PVV) d’autant plus qu’elles sont obligées de prendre ces médicaments chaque jour.
Elle a fait savoir qu’à Kinshasa, 36. 927 personnes vivant avec le VIH sont actuellement sous traitement. L’accès facile au dépistage et aux traitements ARV est l’une des composantes essentielles de la lutte contre la pandémie de SIDA. Dans ce contexte, a-t-elle fait remarquer, les ruptures de stocks dans les structures de santé ont un effet négatif sur la possibilité d’initier le traitement à temps, sur la rétention des patients dans les programmes de soins, l’efficacité du traitement, le développement d’infections opportunistes, la mortalité des patients, le risque de résistance du virus aux médicaments, ainsi que le risque de transmission du virus.
Un centre de distribution des ARV à proximité de la population
Après ce séminaire de réflexion avec les pharmaciens, les journalistes ont effectué une visite guidée au centre de distribution des ARV à proximité de la communauté (PODI en sigle), dans la commune de Barumbu. Ce centre communautaire mis en place par MSF, reçoit les patients en provenance du centre de dépistage de Kabinda et des centres partenaires, dont l’état de santé s’avère stable pour la continuité de leurs ARV.
Ce centre assure également l’éducation thérapeutique des patients afin d’assurer leur bonne santé. Sa particularité est que les PVV viennent s’approvisionner gratuitement en médicaments, peu importe l’heure, pour une période de 3 mois. Les PVV ont donc le privilège d’être suivies de près par des personnels ayant le même statut sérologique qu’elles et qui vivent positivement avec la même maladie dont elles souffrent.
Il sied de noter que le « PODI » mis en place depuis le 1er décembre 2010, est présent dans les communes de Barumbu, Ngaliema et Masina.
Perside DIAWAKU