Le processus de paix va mal en RDC

Mardi 14 juillet 2015 - 12:44

Selon le rapport du Groupe de Travail thématique sur l’Application de l’Accord Cadre d’Addis-Abeba

Le Groupe de Travail thématique sur la réforme du secteur de la Sécurité en RDC a rendu son troisième rapport. Ce document a été élaboré par le Groupe de Travail des dix principales plates-formes et Organisations de la Société Civile. Il analyse et formule des observations sur l’état d’avancement du processus de paix en République démocratique du Congo.

Ce processus pourrait être considéré comme le « rêve d’un sourd-muet » si chacune des parties prenantes n’arrive pas à exécuter les différents engagements souscrits, note ce document.

Ce rapport revient sur la plupart des observations contenues dans les deux rapports antérieurs du Groupe de Travail, publiés respectivement le 24 février 2014 et le 15 septembre 2014, qui gardent leur actualité, alors que cela aurait dû engager le gouvernement congolais, ceux de la région et les autres partenaires à plus d’activisme dans la mise en œuvre des obligations leur incombant aux termes de l’Accord-cadre.

Les organisations estiment que des efforts substantiels sont encore à faire. « L’on a l’ impression de tendre vers un essoufflement de la mise en œuvre de l’Accord-cadre, tant il est vrai qu’il reste encore beaucoup à faire, alors qu’il y a plus de huit (8) ans après la signature à Nairobi (le 15 décembre 2006) du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région des Grands Lacs par les onze (11) Etats membres de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs et de deux (2) ans après la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba par les mêmes Etats.

Les auteurs de ce rapport, craignent que, si l’on n’y prend pas garde, l’Accord-cadre du 24 février 2013, pourtant nécessaire, vienne allonger la liste « des accords de paix » en RDC ayant échoué les uns après les autres. Ceci s’explique par le fait qu’après plus de deux (2) ans de sa mise en œuvre, les parties prenantes et leurs partenaires peinent encore à s’affranchir de la « liturgie de la parole », peut on lire dans ce texte.

En effet, pendant que le gouvernement s’ évertue à défendre la stabilité et la sécurité sur la quasi-totalité de l’ étendue du territoire national, les populations de la majeure partie orientale du pays connaissent une insécurité indescriptible, consécutive à la persistance de l’activisme des groupes armés et à une nouvelle forme de violences d’une extrême cruauté traduisant ainsi la fragilité des forces de sécurité congolaise et la limite du recours à la force comme unique approche à mettre en œuvre pour la neutralisation des groupes armés.

Crainte d’un embrasement

Le Groupe de Travail est d’avis que l’absence d’une approche claire, structurée et coordonnée pour la neutralisation et/ou la reddition des groupes armés favorise la prolifération des groupes armés et l’émergence des relations criminelles permettant aux parties en présence de nouer des relations d’affaires, qui incluent l’exploitation illégale des ressources naturelles et minières ainsi que le trafic des armes et munitions dans la région. De ce fait, le processus de paix, voulu global pour la région, se trouve menacé et les risques d’embrasement ne cessent de se profiler à l’horizon.

Au plan politique, le difficile recadrage du processus électoral, caractérisé par la mise en œuvre d’un calendrier électoral contraignant, laisse transparaitre des défis majeurs sur le processus de paix en RDC.

En effet par la mise en place d’une nouvelle administration électorale, avec des animateurs politiques et sociaux, reste confrontée à des contraintes d’ordre politique et technique susceptibles de faire gripper la machine électorale.

Concernant le processus de réforme du secteur de la sécurité, le Groupe de travail note quelques légères avancées, consécutives notamment à la nomination du personnel clé des nouvelles structures des FARDC.

Toutefois, il s’avère que la plupart des nominés ne sont pas mis en condition pour pouvoir assumer leurs nouvelles charges et responsabilités, pendant que le processus DDR-DDRRR piétine du fait pour le gouvernement d’accuser un déficit des stratégies ou d’approches à mettre en œuvre ainsi que par l’absence de financement.

Un effort spécial devra être fait du côté gouvernement congolais pour mettre en condition le personnel clé des nouvelles structures nommé et accélérer le processus de DDRRR.

Au plan régional, les pays excellent dans une sorte de « passivité » face à l’obligation relative à la neutralisation des groupes armés et l’engagement de poursuivre les personnes soupçonnées de graves violations des droits de l’homme.

Le Groupe de travail demeure préoccupé par la « faible attention » qui tend à s’installer dans le chef de la MO­NUSCO, qui n’arrive toujours pas à assumer le rôle lui dévolu, notamment celui de soutenir, coordonner et évaluer l’application en RD Congo des engagements nationaux pris aux termes de l’Accord cadre, particulièrement en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés.

La machine grippe

Le Groupe de Travail s’inquiète de l’absence d’engagement et d’un plan commun des Envoyés Spéciaux en vue de conduire un processus politique global ouvert à toutes les parties prenantes pour remédier aux causes profondes du conflit en République Démocratique du Congo et dans la région des grands lacs, tel que recommandé par les Résolutions 2098 (2013) et 2147 (2014) du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Il encourage, en outre, les visites officielles des pays signataires de l’Accord-cadre par les différents envoyés spéciaux. Cependant, vu le caractère sélectif desdites visités, qui sont plus focalisées sur la RDC, les organisations membres du Groupe de Travail exhortent les Envoyés spéciaux à les étendre aux autres pays signataires de l’Accord-cadre, avec la même fréquence que celles effectuées en RDC.

Le Groupe de Travail exhorte Kinshasa à accélérer avec le processus de réforme des FARDC, notamment par l’adoption de la doctrine nationale de la défense, l’actualisation du plan de réforme des FARDC; la soumission et promulgation de la loi portant programmation militaire ; la mise en place du Comité de Suivi Multi-acteurs de la réforme de l’armée ; la mise en condition du personnel clé des nouvelles structures des FARDC récemment affecté ; l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des militaires ; la prise de toutes les mesures d’application prévues par la Loi organique portant organisation et fonctionnement des Forces Armées de la RDC et de la Loi n°13/005 du 15 janvier 2013 portant Statut Militaire des FARDC ; la mise en cohérence de différents appuis, en matière de réforme des FARDC, dans le cadre de la coopération bilatérale ; l’orientation des militaires formés vers les responsabilités en fonction des formations reçues; l’élaboration d’un nouveau règlement militaire, qui s’adapte aux normes internationales en la matière.

Il invite également le gouvernement Matata à donner des ressources qu’il faut au Mécanisme National de Suivi, de manière à le rendre à même de mieux s’acquitter de sa mission.

Les Etats de la région sont priés de respecter et appliquer les engagements librement souscrits au terme de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération, pour la RDC et la région et de s’abstenir de servir de base-arrière et/ou de refuge aux fractions des groupes armés qui continuent de déstabiliser la RDC et d’y semer la désolation.

Par Godé Kalonji Mukendi

 

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