Depuis quelques temps, la ville de Kinshasa fait face à la recrudescence de vols de voiturettes de toutes marques. Le phénomène n’est pas nouveau, comme on peut s’en rendre compte. Car, il y a toujours eu des vols de véhicules dans la capitale. Vol à l’aide de fausses clés ou des clés passe-partout, ou de braquage des conducteurs, tout y passe. La particularité est que depuis un certain temps, les voiturettes aux petites cylindrées sont de plus en plus ciblées par les malfaiteurs qui ont opté pour « des méthodes douces », les somnifères. On les injecte dans des verres de boisson à l’insu des chauffeurs.
Après consommation, les victimes neutralisées par ces puissants somnifères, sont retrouvées allongées sur des chaises de terrasses, ou au bord de la chaussée. Et les pauvres conducteurs à qui l’on a arraché les clés de contact de ces engins, ainsi que les recettes de la journée et les téléphones cellulaires, ne reprennent leurs esprits que trois ou quatre jours plus tard, après une cure de désintoxication.
Tel est le modus operandi des malfaiteurs pratiqué sur le chauffeur Kabengele Kabengele de la voiturette IST de couleur noire, immatriculée culée 1489 AG 10. L’on croit savoir que ce serait le même mode opératoire qui aurait permis aux malfrats de s’emparer de deux voiturettes Toyota Vitz rouge Bordeaux, portant plaques 3310 AN et l’autre de couleur grise, immatriculée 8192 AG. Ces méthodes invitent désormais les chauffeurs de voiturettes à la vigilance.
Mais la grande question que l’on se posait est celle de savoir ce que les voleurs font de ces engins. Une série d’enquêtes de plusieurs unités de la police provinciale, parmi lesquelles le Groupement de recherche et d’investigations, a permis de découvrir que derrière ces nombreux cas de vols de petites cylindrées, se cache un vaste trafic. Dans les différents réseaux de structurés et hiérarchisés opèrent des commissionnaires. En amont, des complices se chargent de doter les engins volés d’autres plaques minéralogiques récupérées sur les véhicules accidentés et déclassés de n’importe quelle marque. Un crime n’étant pas parfait, les voleurs ne s’empêchent pas par exemple de poser des plaques d’immatriculation d’un gros camion sur une voiturette. Selon un des enquêteurs, ils ont enregistré des cas de nouvelles plaques obtenues auprès des agents véreux de la Direction générale des impôts. Le réseau se charge aussi de changer de couleur pour désorienter les recherches et faire disparaître les traces. Et cette filière toujours très active, serait dans le collimateur des limiers.
Nous avons également appris que la vente s’opère dans des parcelles résidentielles et non, dans les places d’exposition-vente, où passent régulièrement les agents des services d’enquêtes et investigations.
Lorsqu’une voiturette est volée à Kinshasa, c’est inutile de la chercher’ le long du boule-, yard Lumumba, ni au parking des Anciennes galeries présidentielles, ni au croisement des avenues Kasa-Vubu et Inga, à Bandalungwa, ou ailleurs.
Dans le lot de ces voiturettes très prisées, on peut citer les Toyota, les Hyundai, les Nissan, les Mazda, les Honda et les Tata. Et pourquoi ces petites voitures ?
Pour exploiter le taxi, supporter de longues courses avec une moindre consommation de carburant, ou passer inaperçu, bien de personnes jettent leur dévolu sur les voiturettes. Crise de carburant oblige, et pour mieux se faufiler dans les embouteillages et se glisser dans les parkings, les petites cylindrées à quatre places sont incontournables. Elles tiennent bien la route, ne grèvent pas le budget ménager pour leur entretien et se vendent comme de petits pains.
C’est donc pour toutes ces caractéristiques techniques et ces quelques avantages économiques que le marché de voiturettes volées fait rage à Kinshasa et fait le bonheur des trafiquants.
Par J.R.T.