Le dialogue national inclusif voulu par le président Kabila aura lieu. Il vient d’être convoqué par un acte juridique, l’ordonnance présidentielle du lundi 30 novembre 2015. Quant à la médiation, le chef de l’Etat l’a réduite à une simple facilitation «en cas de difficulté majeure». Tshisekedi est en colère. De Bruxelles où il séjourne, lia annoncé les couleurs. C’est peu probable que le sphinx de Limete fasse le déplacement de Kinshasa pour assister au « dialogue de Kabila », rapportent ses proches. Sans l’Udps, le dialogue serait tout simplement une coquille vide - des poids lourds de l’opposition ayant déjà décliné l’invitation de Kabila.
Le dialogue convoqué par Kabila serait-il déjà un mort-né. Les poids lourds de l’Opposition sur lesquels il comptait pour asseoir la crédibilité de ce forum s’étant désisté, que reste-t-il encore à ces assises qui risquent finalement de se transformer en un conclave de la Majorité présidentielle.
Dans ces mêmes colonnes, Le Potentiel s’interrogeait dans l’une de ses éditions : « Tshisekedi va-t-il trahir ». Le journal tentait de comprendre l’altitude de l’Udps et de son président, en prenant pour référence tout le combat mené par le sphinx de Limete pour la survenance de la démocratie en Afrique. Alors que l’homme est au crépuscule, va-t-il se détourner de son idéal.
Autant d’interrogations que la Rédaction a essayé de retourner dans tous les sens pour comprendre les réactions de l’Udps par rapport au dialogue.
En effet, le message du 28 novembre 2015 du chef de l’Etat à la nation, suivi de l’ordonnance du 30 novembre 2015, ont finalement alerté l’Udps. Des sources concordantes, l’on apprend que l’Udps et son lider maximo, Etienne Tshisekedi, sont sur le point de décliner l’invitation de Kabila. Dès lors, la participation de Tshisekedi au dialogue national devient hypothétique.
L’ordonnance présidentielle portant convocation du «dialogue politique national inclusif» a tracé le cadre et les limites de ce forum. L’Udps, qui reste toujours attachée à l’accord-cadre d’Addis-Abeba, se retrouverait-elle dans cette ordonnance? Là est la question et l’inconnue.
A l’Udps, personne ne l’ignore, eux qui sont comptés parmi les politiques les plus aguerris de la République à cause de leur longue histoire dans la lutte. Son leader particulièrement, Etienne Tshisekedi sait que la voie qui mène vers le succès politique est tortueux et pleine d’embuches. Par la magie de la politique, tout peut s’expliquer. Tout peut se justifier!
Dans son cahier des charges, elle a exigé notamment l’imperium c’est-à-dire le pouvoir que le président Kabila lui aurait «voler» en 2011. Tshisekedi renterait-il d’obtenir en douceur ce qu’il n’a pu gagner par voie de mobilisation des combattants? Rien n’est exclu à l’avance. En s’inscrivant dans la logique, l’Udps pensait-elle amener Kabila à la capitulation. Ce serait de la naïveté, commentent certains observateurs de la scène politique congolaise.
La longue lutte de l’Udps est connue de la majorité des Congolais et ils savent aussi les limites de ce parti historique quant à l’accession aux affaires. Se servir d’une courte échelle du président Kabila pour se planter dans les institutions serait mal perçu auprès des combattants. L’Udps doit démontrer qu’elle ne cède pas devant des sollicitations qui ne cadrent pas avec son combat de tout le temps.
LE MYSTÈRE RESTE ENTIER
Et Tshisekedi n’est pas non plus prêt à renier son combat. Dans un communiqué, publié lundi 1er décembre parla présidence de l’UDPS depuis Bruxelles, Etienne Tshisekedi et l’UDPS rejettent le « dialogue » tel qu’annoncé par Joseph Kabila, lors de son message à la nation le 28 novembre 2015.
En neuf points, l’UDPS et son président relèvent les failles de la communication de Joseph Kabila : « 1. l’origine de l’initiative, «Dialogue, voie royale de résolution de la crise politique en République démocratique du Congo», c’est Tshisekedi et non Kabila; 2. la demande de Tshisekedi auprès de l’ONU pour la désignation d’un facilitateur; 3. la détermination de la composition du comité préparatoire par le facilitateur; 4. Monsieur Kabila, partie du problème et non de la solution, ne peut être juge et partie; 5. Dans son allocution, Monsieur Joseph Kabila a tu tout engagement de sa part au respect de la Constitution (nombre et durée des mandats présidentiels, respect de l’alternance...); 6. Obligation du dialogue au respect du cadre constitutionnel, sans manœuvre pour un éventuel glissement du calendrier électoral».
Le communiqué se termine par un rappel des objectifs recherchés au travers du dialogue, vu par l’Udps : «7. l’élaboration d’un calendrier électoral réaliste et consensuel, qui tient compte des délais constitutionnels; 8. l’organisation d’un processus électoral crédible et dans un climat apaisé; 9. le transfert pacifique du pouvoir dans le respect de l’expression de notre peuple ».
Le dialogue avec l’Udps ne sera pas une partie gagnée d’avance pour la Majorité présidentielle. On le prédisait. Des crises, il y en aura dans la mesure où l’Udps sait en créer pour une virgule ou pour un détail. En réalité, le dialogue se jouera dans les détails, particulièrement la guerre des égos des uns et des autres fera la décision de ce qui sortira de ce combat des gladiateurs.
L’ordonnance convoquant le dialogue est un test grandeur nature que le chef de l’Etat administre à Tshisekedi et les siens. Allez au dialogue convoqué par ordonnance présidentielle? Se cabrer et aller à la confrontation ? Il ne faut pas être de l’Udps en ce moment précis des choix difficiles.
Que restera-t-il au dialogue voulu par Kabila si Tshisekedi déclinait son invitation. N’est-ce pas une coquille vide qui serait une copie conforme des concertations nationales de 2013.
LE POTENTIEL