L’Institut d’émission préconise la mobilisation des ressources intérieures

Mardi 6 octobre 2015 - 16:10

La situation économique que vit l’économie mondiale et les mesures à mettre en place pour y faire face ne cessent d’alimenter le débat dans les milieux des experts. A la Banque centrale du Congo (BCC), on estime que la mise en place des stratégies fortes fera avancer les choses.

Les grandes économies de la planète traversent, depuis quelques temps, une zone de fortes turbulences. Ainsi, les économies fragiles se trouvent dans l’obligation de mettre en place un certain nombre de stratégies pour faire face aux probables chocs. Pour le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) et président du Comité de politique monétaire (CPM), Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, le pays doit mobiliser ses ressources intérieures, pour espérer être à l’abri de toute vulnérabilité.

Comme stratégie de riposte face au contexte mondial de stagnation, le gouverneur de la BCC propose, entre autres, le financement des investissements directs au pays, la mobilisation de l’épargne intérieure, la garantie des crédits à l’économie par l’Etat, la réduction des importations et l’évaluation de la TVA remboursable. Ces propositions ont été faites à l’issue de la 9ème réunion ordinaire du CPM organisée le vendredi 2octobre 2015.

Au cours -de l’habituelle conférence de presse tenue après la réunion des experts, le président du CPM a déclaré que «le monde économique connait un moment morose de son histoire mais la RDC s’en tire encore mieux, avec un taux de croissance estimé à 8,4% pour 2015 ». Un taux qui, selon les experts de la BCC, est bien au dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui est de 4,5%, alors que les perspectives de croissance mondiale ont été revues à la baisse (3%).

« L’économie congolaise reste vulnérable dans ce contexte de ralentissement mondial, étant donné qu‘elle est toujours dépendante de ses matières premières qu‘elle exporte. Le cuivre, principal produit d ‘exportation, a perdu 25% de son prix depuis juin 2014 alors qu‘il occupe le premier rang dans la contribution de recettes d ‘exportation du pays. Sa pari dans le P18 est donc non négligeable », a reconnu le président du CPM.

Au sujet de la baisse du cours de pétrole (55%), Déogratias Mutombo a indiqué que le pays perd en termes des royalties pétrolières tirées de l’exportation de brut produit localement. Cette perte a dépassée 50%. Selon lui, ces royalties se chiffraient mensuellement autour de 35 millions Usd. Aujourd’hui, elles sont à moins 15 millions Usd. « Bien que nous soyons une économie importatrice nette des produits pétroliers, nous sommes cependant perdant du coté production », a ajouté Deogratias Mutombo. Et par conséquent, a-t-il poursuivi, si le rapatriement de recettes en devise d’exportation peut baisser, il va falloir veiller, à ce que les importations ne con1uisent pas à une baisse de l’offre des devises sur le marché national. Ce qui, à ses yeux, parait très important pour le maintien de la stabilité du taux de change et d’inflation.

APPUI AU SECTEUR PRIVÉ

Au sujet des importations, le gouverneur est conscient d fait que la RDC ne puisse pas produire tout ce qu’elle importe aujourd’hui, jusqu’à tous les produits manufacturés. Pour lui, le pays est en mesure de produire un bon nombre de produits qu’il importe pour consommer, en commençant par des produits alimentaires de base.

Il estime qu’il faille permettre au secteur privé d’investir principalement pour la production alimentaire au moyen des crédits bancaires ou de l’accompagnement de l’Etat. Ceci devra consister, à court terme, à garantir ces crédits et à organiser l’encadrement des entreprises bénéficiaires de crédits.

Tout pays frappé par un ralentissement, estime le gouverneur de la BCC, doit avoir une stratégie qui vise à réduire ses importations. Ce en stimulant son économie pour atteindre progressivement l’import. Il doit orienter la consommation finale sur la demande intérieure. Ce remède constitue aux yeux des experts de la BCC, un moyen efficace de garantir une croissance forte et rapide et même de réduire sa dépendance à l’économie mondiale.

Le gouverneur Déogratias Mutombo est donc favorable à une stratégie de riposte à la stagnation à travers un plan de relance, un programme économie d’urgence. Et cela, au moyen de politiques contra cycliques qui consistent à activer les politiques budgétaire, monétaire, de crédit ainsi que celle d’encadrement.

Pour le président du Comite de politique monétaire, les investissements durables et efficaces sont ceux qui commencent par une utilisation efficace de son épargne intérieure. Ce qui implique qu’il faille travailler pour mobiliser l’épargne intérieure et financer les investissements au pays. Pour y parvenir, il faut des stratégies de riposte pour stimuler l’économie, réduire les importations tout en utilisant rationnellement des ressources intérieures propres. « Il faut s‘attaquer aux causes du mal que de s‘attaquer aux effets ». croit le spécialiste de la politique monétaire.

Par Olivier KAFORO