Lufu : l’eldorado s’éloigne

Mercredi 30 mars 2016 - 10:18
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Le marché mythique de Lufu, dans le territoire de Songololo, province du Kongo Central, continue de faire courir de jeunes congolaises et congolais engagés dans la lutte pour la survie. Selon les habitués de ce lieu de négoce situé à la frontière congolo-angolaise, il est préférable de partir de Kinshasa pour Lufu en début de week-end, plus précisément un vendredi.

Deux points de départ principaux sont les plus fréquentés : Matadi Kibala et rond-point Ngaba. Le prix du titre de voyage varie de 8000 à 10.000 fc. Mais, en période de pointe, les transporteurs font monter les enchères jusqu’à 12.000 FC. La plupart d’automobilistes préfèrent quitter Matadi Kibala ou le ront-point Ngaba entre 22 et 23 heures pour arriver à Lufu entre 4 et 5 heures du matin.

Pendant le voyage, on prie beaucoup pour chasser les mauvais esprits que l’on croit responsables d’accidents mortels qui surviennent sur la Nationale n° 1. Les femmes et jeunes-filles se distinguent particulièrement par des chants de louange.

Au départ de Kinshasa, les voyageurs et voyageuses rêvent de mille et une choses. Certains pensent qu’avec un capital de 100 ou 200 dollars, ils vont faire le plein d’achats. Il y a deux ou trois ans, c’était possible. Mais aujourd’hui, avec les taxes douanières et autres, c’est à peine si on peut s’acheter un peu de semoule ainsi que quelques bidons d’huile végétale.

Bref, avec un petit capital, beaucoup de Congolaises et Congolais travaillent à perte à Lufu, faute d’argent pour leur billet retour. Certains y prolongent leur séjour, dans l’espoir de fructifier sur place leur fonds de commerce. Le constat à faire est que l’eldorado s’éloigne. L’interdiction de la circulation du dollar sur le territoire angolais complique sérieusement les transactions. Maintenant, on part à Lufu avec la tête pleine de projets mais le plus
souvent, on revient les mains vides.

Manzunzu Nsasa Laeticia
(Stagiaire/UPN)