La complicité de la Banque centrale du Congo est avérée dans la déconfiture de la BIAC. La dernière mise au point de la Primature a permis d’élucider l’énigme, mettant à nu de graves dysfonctionnements qui rongent l’Institut d’émission. Il faut assainir la Banque centrale avant que tout l’édifice économique ne s’écroule.
La déroute de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) a mis à nu de profonds dysfonctionnements qui minent l’Institut d’émission, la Banque centrale du Congo (BCC). Au nom d’une indépendance mal comprise, la Banque centrale du Congo s’est presque substituée au gouvernement, actionnant à sa guise le compte général du Trésor.
Dans des pays de vieille démocratie, le gouverneur de la Banque centrale du Congo devait déjà être aux arrêts pour délit d’initié. Mais, au Congo qui se veut démocratique, Deogratias Mutombo Mwana Nyembo - parce que c’est de lui qu’il s’agit - peut encore circuler librement sans être inquiété. C’est normal. Car, tant que ses parrains sont là, il jouit pleinement de toute sa liberté. Mais, on n’imagine pas tous les dégâts que les mauvaises décisions de la Banque centrale du Congo, concernant la BIAC, ont occasion nés sur l’économie congolaise.
En injectant dans le circuit bancaire près de 125 milliards Francs congolais dans le cadre du refinancement de la BIAC, la Banque centrale du Congo a actionné une création monétaire qui a terriblement déséquilibré le cadre macroéconomique. Les fortes dépréciations de la monnaie nationale sur le marché des changes tirent leur origine des décisions irréfléchies de la Banque centrale du Congo.
INDÉPENDANCE N’EST PAS LIBERTINAGE
En lieu et place de jouir en toute responsabilité de l’indépendance que lui reconnaît la loi du 7 juillet 2002, la Banque centrale a plutôt basculé dans le libertinage, prenant des décisions aux conséquences dramatiques sur le plan économique. En réalité, qui paie le plus lourd tribut ? C’est encore et toujours le Congolais moyen qui voit son maigre pouvoir d’achat fondre comme beurre au soleil par le fait de la hausse des prix.
Les économistes s’accordent à dire que les premières victimes de l’inflation sont les personnes aux revenus modestes. C’est ce qui se passe actuellement en RDC où, par le fait de la dépréciation de la monnaie nationale sur le marché des changes, les prix ont pris de l’ascenseur, actionnant directement la spirale inflationniste. Et dire qu’au commencement était la BIAC. Malheureusement, c’est la triste réalité qu’on découvre avec un peu de recul.
Que dire d’autre? En vérité, en vérité, e gouverneur de la Banque centrale du Congo doit s’expliquer. Etant entendu que la monnaie nationale, le franc congolais, est l’un des attributs de souveraineté, e moindre écart dans celui qui en a la gestion doit être condamné avec véhémence.
De ce point de vue, il faut admettre que le gouverneur de la Banque centrale du Congo a fauté. Il a fait preuve de légèreté dans la mission lui confiée par l’Etat congolais, c’est-à-dire veiller à la stabilité du niveau général de prix par une gestion rigoureuse de la monnaie nationale. Est-ce pour autant qu’il fait rejeter la belle au gouvernement ? Nous disons non. Car, par principe, la gestion de la monnaie, c’est-à-dire la mise en œuvre de la politique monétaire est de la compétence de la Banque centrale du Congo ; la politique budgétaire relevant du gouvernement.
Même si la Banque centrale peut se prévaloir de son indépendance, elle ne peut pas outrepasser ses compétences. Or, c’est le cas en RDC où la Banque centrale du Congo, caissier de l’Etat, car logeant le compte général du Trésor, s’est permis de le mouvementer sans que le gouvernement ne soit préalablement informé. C’est inadmissible !
Pour une bonne marche du pays, il y a lieu de rétablir la légalité à un certain niveau de l’Etat. Garant de la bonne marche du pays, le président de la République devait se saisir de la situation calamiteuse dans laquelle la Banque centrale a plongé l’économie du pays. La gestion du dossier de la BIAC a été catastrophique si lien qu’elle a fini par rompre les équilibres du cadre macroéconomique.
En libérant sans contrepartie réelle de fortes sommes en franc congolais dans le seul but de sauver la BIAC, la Banque centrale a créé une surchauffe aux conséquences désastreuses. Aujourd’hui, c’est toute l’économie qui va à vau-l’eau. Il est temps de sanctionner les coupables. Et ceux-ci se recrutent au sein de la Banque centrale du Congo.
Par F.K