« Mes douze mois d’emprisonnement à Makala m’ont permis de pénétrer les arcanes de la justice de notre pays, qui souffre de plusieurs maux, notamment l’arbitraire, la corruption, pratique de la torture et traitement dégradants », a lâché Bertrand Ewanga, au cours d’un point de presse qu’il a animé au nom de la Dynamique pour l’Unité de l’Action de l’opposition hier lundi 10 août 2015 dans la salle des Conférences de la Paroisse Notre Dame de Fatima, 10 jours après sa sortie de prison.
Cette messe politique de l’opposition a été marquée par la présence de Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Claude Vuemba, Claudel Lubaya, etc. L’orateur a commencé par décrire la situation déshumanisante dans la quelle vivent les pensionnaires de Makala.
Ewanga a affirmé « qu’à Makala, l’être humain n’a aucune valeur et l’Etat, qui pourtant, a bâti cette prison, n’y prête aucune attention… J’y ai rencontré de nombreux innocents, des oubliés de la justice, maintenus en prison en détention soit par oubli, soit par la volonté d’un individu ou groupe d’individus », a-t-il confessé.
Il a souligné que « l’hébergement, pourtant responsabilité de l’administration pénitentiaire, est plutôt confié à des kulunas et à des prisonniers militaires qui reçoivent des redevances hebdomadaires auprès des occupants. Pour avoir une place au pavillon, il y a des frais à payer auprès du gouverneur, gestionnaire dudit pavillon, de l’ordre de 20 à 100 dollars selon le cas ».
« Ceux qui n’ont pas cette somme, sont obligés d’aller vidanger et déboucher les installations hygiéniques dans un état crasseux à mains nues exposé ainsi à diverses maladies », a déploré ce député de l’opposition avant de souligner que « Makala est un milieu insalubre où sont exposés à l’air libre, les excréments humains, distillant les odeurs nauséabondes , polluant l’atmosphère et répandant plusieurs maladies ».
Tout en faisant remarquer que « Makala est une structure conçue pour 1500 personnes qui abrite aujourd’hui 7000 personnes », il a relevé qu’il n’y a pas « d’équipement et médicament dans le minable centre de santé de Makala. Un prisonnier qui tombe malade est condamné à mourir ».
Il a indiqué que sur « 7000 personnes détenues, 5000 sont jeunes, dont l’âge varie entre 15 et 30 ans, jetés en prison pour des motifs divers et souvent sans fondement », avant de dénoncer le fait « cette situation sacrifie toute la jeunesse congolaise au détriment du pays, faute d’une politique appropriée de la part du gouvernement ».
Après ce récit sur Makala, Ewanga est revenu sur la situation préoccupante du pays en épinglant trois dangers qui menacent son avenir, notamment la peur d’affronter un pouvoir qu’il qualifie de prédateur, le dysfonctionnement des institutions de la République en général, particulièrement la la CENI, devenue selon lui une branche spécialisée en charge du glissement, et l’instrumentalisation de l’appareil judicaire par les services de sécurité aux fins d’étouffer la démocratie.
Ce proche de Kamerhe a fait un plaidoyer en faveur de la libération d’autres détenus politiques encore à Makala, savoir Christopher Ngoyi, Eugène Diomi, Jean-Claude Muyambo …
Eu égard à ce qui précède, le Secrétaire Général de l’UNC a martelé que le mandat actuel du Chef de l’Etat arrive à son terme le 19 décembre 2016, sans aucune possibilité de prolongation ou d’un quelconque glissement. A ce sujet, il a précisé que la Constitution de la République ne connait pas le concept troisième mandat auquel, le président Kabila ou quelqu’un d’autre après lui aurait droit.
Pour le précité, « l’élection présidentielle à laquelle le Chef de l’Etat actuel, par la volonté du constituant, n’a pas le droit d’être candidat, doit absolument se tenir le 27 novembre 2016 et la passation pacifique du pouvoir, le 20 décembre de la même année ».
Ewanga a invité la classe politique congolaise « à s’investir sans atermoiements funeste dans une démarche globale qui intègre les aspirations profondes du peuple congolais au changement, en évitant les compromissions et autres arrangements nocturnes propice à favoriser le glissement ».
Le Secrétaire général de l’UNC n’a pas manqué de témoigner sa gratitudes à toutes les organisations et personnes qui l’ont soutenu pendant ses moments d’emprisonnement, entre autres ses camarades de l’opposition, le collectifs des avocats chargés de sa défense, les ONG nationales et internationales de défense des droits de l’homme, la diaspora congolaise, les médias, l’Union Européenne … En bon chrétien, ce chef Mongo a accordé son pardon à tous ceux qui lui ont imposé un séjour injuste à la Prison Centrale de Makala.
ERIC WEMBA