Malaria : le «Test Diagnostic Rapide» lancé à Kinshasa

Jeudi 10 décembre 2015 - 10:26

La RD Congo a débuté, hier mercredi 9 décembre 2015, une nouvelle ère dans sa lutte contre le paludisme en instituant, désormais, des «Tests de Diagnostic Rapide» (TDR) dans des pharmacies privées de la capitale. C’est un moyen rapide de déterminer si une personne présentant les symptômes du paludisme a effectivement cette maladie. Cette initiative a été officiellement lancée par le Secrétaire général à la Santé publique, Marcel Mukengeshayi, au Centre catholique Nganda, en présence des représentants des Agences du système des Nations-Unies, des coopérations bilatérales et multilatérales, du Programme national de lutte contre le paludisme( PNLP), des acteurs du Projet DEFEAT Malaria d’ASF/PSI, des pharmaciens et agents de comptoirs, etc.

A en croire le Secrétaire général, cette option est simplement la phase exécutive de la Note circulaire qu’il avait personnellement signée le 7 novembre 2015 afin de contenir ce fléau qu’est la malaria. « Il est évident que la majorité de la population n’utilise pas les services publics pour leurs soins quand ils sont malades. Leur circuit thérapeutique est plus orienté soit vers l’automédication, soit vers les structures privées où les normes sur la prise en charge du paludisme ne sont pas assez vulgarisées… » a-t-il confié à la presse, avant de déclarer que cette expérience pilote à Kinshasa va dans les jours à venir permettre de sauver de nombreuses vies humaines.

En effet, a-t-on appris du Dr Albert Mudingayi, l’OMS recommande de détecter sans retard la maladie au moyen d’un diagnostic parasitologique chez tous les patients qu’on suppose être atteints de paludisme, avant d’administrer le traitement. Les TDR peuvent améliorer considérablement la qualité de la prise en charge des infections palustres, notamment dans les zones reculées ayant un accès limité à des services d’examens microscopiques de bonne qualité. « Les TDR sont d’exécution et d’interprétation relativement faciles; ils fournissent des résultats rapidement, nécessitent une formation limitée et permettent la pose d’un diagnostic de paludisme au niveau communautaire », a-t-il expliqué.

En clair, précise-t-il, les TDR du paludisme détectent des antigènes spécifiques (des protéines) produits par les plasmodies présentes dans le sang des personnes infectées. Le sang est habituellement prélevé par une piqûre au doigt, puis placé dans une cassette et les résultats sont disponibles en 15. « Lorsque c’est négatif, juste une seule barre apparait ; au cas contraire, deux barres apparaissent.  S’il existe des variations entre les quelques 200 produits de TDR disponibles sur le marché, les principes des tests restent similaires… », a martelé le médecin.

Au nom de la Coopération britannique(DFID), bailleur de ce programme, Albert Mudingayi, lui-même conseiller en santé, a fait noter qu’étant donné le caractère innovatif de ce projet, il faudrait prendre tout le temps pour apprendre ou tirer de leçons de cette expérience pilote à travers plusieurs études. D’ores et déjà, assure-t-il, le gouvernement britannique s’aligne au cadre stratégique international de lutte contre le paludisme et se conforme déjà au nouveau plan stratégique 2016-20 en cours de finalisation.

Enfin, Alison Malmqvist, directrice exécutive adjointe de l’ASF/PSI, a salué cette volonté d’aller vers des malades car 70% de nos concitoyens se présentent directement dans les pharmacies en cas de fièvre et se font prescrire systématiquement des antipaludiques sans confirmation du diagnostic. « C’est dans ce cadre que nous entamons la formation de 300 pharmaciens et agents de comptoirs dans le secteur privé pour lancer la prise en charge correcte et rationnelle du paludisme avec l’utilisation systématique des TDR », a-t-elle informé.

Tshieke Bukasa