Mavungu dit avoir vu Kobler avec la bénédiction de Tshisekedi

Mardi 10 juin 2014 - 10:57

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Le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu s’est confié à la rédaction de «RD-Congo». Dans une interview exclusive, Mavungu parle du soutien du président de l’UDPS, Etienne Tshisekiedi au patron de la MONUSCO,

Martin Kobler, pour son implication dans la recherche des solutions à la crise politique rd-congolaise. Les déclarations de Mavungu démontrent comment au sein de l’UDPS se dégage deux tendances. L’une favorable au retour de l’UDPS dans le processus électoral, et l’autre, la voie de Tshisekedi lui-même encore à la recherche de l’impérium. Mavungu est revenu sur certains dossiers qui fâchent à l’UDPS.

Quelle est la signification que vous donnez à votre sortie politique du jeudi 29 mai, à la paroisse Notre-Dame de Fatima, aux côtés de Vital Kamerhe et d’autres responsables des partis politiques membres de la plate-forme «Sauvons la RD-Congo», dont Martin Fayulu?
Ce n’était pas une sortie politique. Il était nécessaire qu’après plusieurs jours des travaux d’ensemble avec les amis, à l’initiative de la communauté internationale à travers le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, Martin Kobler que nous rendons compte à la nation.

Rendre compte de quoi?
Des conclusions issues de nos quatre jours des travaux intenses. La communauté internationale s’est finalement rendue compte de la gravité de la crise de légitimité. Elle a chargé le représentant spécial de l’ONU, d’accompagner la classe politique de la RDC dans le but de résoudre cette situation qui frappe notre pays depuis la proclamation des résultats des élections du 28 novembre 2011. Etant donné que nous nous approchons aussi des élections, il était question dans nos séances de travail à la résidence de Martin Kobler et chez l’ambassadeur des Etats-Unis, que nous dégagions des voies et préalables dans le sens d’obtenir un processus électoral apaisé et inclusif.

Vos travaux ont tourné essentiellement autour de quoi?
Nous nous sommes mis d’abord d’accord de mener la lutte ensemble. Cette lutte, elle est électorale. Nous avons examiné des points relatifs au processus électoral dans sa globalité. Nous avons cerné ce processus sur le plan politique et technique. Sur le plan politique, par exemple, nous avons exigé des lois qui encouragent des bonnes élections. Sur le plan technique, nous tenons au serveur central, qui se trouve être la garantie pour des élections crédibles et transparentes. Le calendrier doit découler d’un consensus politique entre les acteurs politiques et de la société civile. Ce calendrier consensuel doit reprendre l’ensemble du processus des élections.

Allez-vous maintenir cette alliance UDPS et «Sauvons la RD-Congo», pour la transformée demain ou après demain, en une plate-forme électorale?
Nous ne parlons pas encore d’alliance. Je vous ai dis que l’initiative venait de Kobler. Une initiative que nous avons trouvée très parfaite et que nous avons épousée. La maintenir, cela ne dépend pas que de nous UDPS. Nous, c’est dans nos habitudes le respect des engagements. C’est aux autres de tenir à ces engagements que nous avons pris ensemble devant témoins –c’est-à-dire la communauté internationale représentée ici par Martin Kobler.
Allez-vous donc la maintenir si tous les partenaires pouvaient tenir aux engagements?
Je ne saurais le prédire maintenant. L’avenir nous le dira, parce qu’au jour d’aujourd’hui, je n’ai aucune idée des différentes personnes qui vont concourir à l’élection présidentielle de 2016. L’objectif n’est pas celui-là pour le moment. Aujourd’hui, il est question de nous mettre ensemble, de déployer des énergies face à un adversaire commun Kabila.

Est-ce qu’une rencontre au sommet est envisagée entre Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe?
Pour le moment cette rencontre n’est pas envisagée.
Un peu plu tard?
Ce n’est pas nécessaire.

Pourquoi n’avez-vous pas associé le MLC dans la déclaration de Fatima?
Le MLC n’était pas présent à Fatima, mais il a travaillé avec nous pendant les quatre jours. Ses observations sur le processus électoral rencontrent nos attentes. Le MLC partage totalement notre point de vu. Il finira par signer cette déclaration un jour. Il est seulement question de le rappeler.

Après la déclaration, la suite c’est quoi?
La déclaration marque le début d’une série d’actions politiques sur terrain. Chaque parti, avec l’UDPS en tête décidera de la suite à donner. L’UDPS en ce qui nous concerne, nous n’avons pas encore levé l’option de rentrer dans le processus électoral. Nous attendons la suite à nos préalables pour envisager des actions.
Quels sont ces préalables?
La revisitation du contentieux électoral de 2011. Vous le savez que c’est Etienne Tshisekedi qui avait gagné ces élections. Il doit prendre l’effectivité du pouvoir.

Entre nous, comment cela peut-il être possible. Quel est le mécanisme?
Nous pensons que c’est possible, surtout que la communauté internationale est prête à appliquer l’Accord-cadre pour faire tomber toutes les institutions. Nous voulons dans un premier temps faire confiance à cette communauté internationale. Nous ne faisons encore rien pour le moment et cette position, nous la partageons dans le cadre de notre dynamique avec nos amis de «Sauvons la RD-Congo». Le moment viendra où nous allons appliquer l’article 64 de la constitution.

Vous pensez appliquer l’article 64, mais depuis que vous envoyez les gens dans la rue, Kabila ne s’est jamais senti inquiéter. Il est là de marbre. Ne voyez-vous pas qu’il faille changer des méthodes?
La méthode la plus démocratique c’est celle qui concourt à l’article 64. Pas d’autre. Le moment viendra où Kabila cédera.

Tshisekedi sera-t-il candidat à l’élection présidentielle?
Il sera candidat à sa propre succession. Quand j’évoque l’Accord-cadre, c’est en fait pour vous dire qu’il y aura un compromis politique avant les élections de 2016. Tshisekiedi doit exercer ses fonctions de chef de l’Etat.

Pourquoi c’est Tshisekiedi qui doit être candidat. Ne voyez-vous pas qu’il est malade, âgé et il a déjà été candidat en 2011. Ne pensez-vous pas à un jeune?
D’abord, laissez-moi vous informer que Tshisekiedi est en bonne santé chez lui à la maison. Il serait interné à l’hôpital s’il était malade. Il sera notre candidat, puisque jusque-là il le fait très bien. Notre nation est détruite et même ses hommes. Il faut une restauration totale. Seul Tshisekedi au sommet de l’Etat peut résoudre ce problème. Et puis notre peuple lui fait encore confiance.
Vous dites qu’il est en bonne santé alors que des sources affirment que Tshisekedi a des sérieux ennuis de santé. Quand l’avez-vous vu personnellement?

Avez-vous un problème avec notre président! Je vous confirme que Tshisekedi se porte bien. La dernière fois que je l’ai vu, c’est le 29 mai. Je l’ai vu pour lui faire rapport de nos contacts et rencontres avec les envoyés spéciaux.
Qu’elle a été sa position?
Il est très favorable. Il a salué la visite et les différentes prises de position des envoyés spéciaux sur le processus politique dans notre pays. Il veut que la communauté internationale s’implique d’avantage dans la résolution de la crise de légitimité au sommet de l’Etat.

C’est donc Tshisekedi lui-même qui vous a instruit de limoger son directeur de cabinet et porte-parole Albert Moleka?
Albert me connaissant très bien, sait que je ne peux rien poser comme acte sans l’aval du président. Je n’ai pas agi seul. J’ai eu du président des instructions pour déchoir Moleka de ses fonctions de directeur de cabinet et porte-parole de Tshisekiedi.

Ici le doute, pourquoi lui-même Tshisekedi ne l’a pas fait par une décision, au lieu de vous autoriser d’agir par une note circulaire?
Albert sait dans quelles difficultés il nous a mis pour rendre une décision. Il a amené avec lui tous les membres du cabinet et même l’outil du travail. Il a mis le cabinet dans l’impossibilité de travailler. Comment le président pouvait-il prendre une décision dans ces conditions? C’est pourquoi, il m’a demandé d’établir une note circulaire pour signifier à Moleka, qu’il ne faisait plus partir du cabinet de chef.

Quand vous dites que Moleka a rendu la tâche difficile au cabinet pour prendre une décision, faites-vous allusion au cachet sec de Moleka que maman Marthe demandait expressement?
L’ensemble de services du président y compris le protocole, Moleka les avaient amené avec lui. Le cachet sec du président n’est pas le mien. Moi j’ai mon cachet sec.

Pourquoi Félix Tshisekiedi parle de la maladresse de votre part dans la prise de cette décision?
Quand je vois le président, je ne suis pas obligé de me faire accompagner de quelqu’un d’autre. Si Félix a dit ça, c’est peut-être parce que cela est sorti dans la presse et on n’a commencé à s’en prendre à sa famille. Etant membre de cette famille, il a le devoir de la défendre. Il ne reproche pas l’acte, mais la publicité qui a suivi cette révocation.

Ne voyez-vous pas que cette façon de travailler de Tshisekedi, cache un manque de respect et de considération envers ses collaborateurs?
Vous savez, demandez à Moleka, qu’il vous dise pour qu’il soit nommé à ce poste de chef de cabinet du président, il est passé par qui.
Que dites-vous du concept -UDPS tshintu tshetu –entendu «l’UDPS c’est notre affaire des baluba»?
C’est un vieux concept qui a existé à l’époque, que nous avons éradiqué depuis. Aujourd’hui, ça n’existe plus. Les artisans de ce concept ont été anéantis par les artisans de l’UDPS l’affaire de tous les Congolais.

De quoi maman Marthe se mêle dans les affaires de l’UDPS?
Elle est combattante du parti, membre de la Ligue des femmes de l’UDPS. En plus, elle est l’épouse de notre président. Pourquoi ne peut-elle pas s’intéresser aux affaires de l’UDPS? Elle a ce droit.
Elle a ce droit. Même celui de vous convoquer vous secrétaire général de l’UDPS pour une réunion qu’elle préside?
C’est faux. Elle ne m’a jamais convoqué dans une réunion. C’est plutôt le contraire. C’est moi, qui, à la suite des gros mensonges propagés au nom de maman Marthe par la présidente de la Ligue des femmes Denise Lupetu, que je le fais venir dans une de nos réunions pour qu’elle nous fixe sur ces allégations de Lupetu à son nom. Elle est venue et elle a confondu Lupetu, qui mentait à tout bout de champ au nom de maman.
Pourquoi maman Marthe s’était fait accompagnée à cette réunion de cet abbé qu’elle a fait directeur de cabinet?
En tout cas, elle est libre de se faire accompagner de qui elle veut, pourvu qu’elle n’entre pas dans la gestion des affaires du parti.

Si elle a eu à chasser Valentin Mubake, Albert Moleka et l’un de vos adjoint Vianney Kabukani, vous Mavungu, elle vous a déjà empêché l’accès dans sa parcelle?
Ça ne met jamais arrivé. D’ailleurs, je ne veux pas me mêler dans ces petites histoires. Le cabinet du président est séparé de mon bureau.

Ne voyez-vous pas, qu’il est temps de déplacer le cabinet du président de cette résidence?
Pourquoi le déplacer? Parce que le président lui-même y tient encore.
Qu’est-ce qui ne va pas avec votre adjoint, avec qui vous partagez le même prénom, Bruno Tshibala?
Nous n’avons pas de problème.

Pourtant il vous a désavoué, vous accusant d’avoir trafiqué les différents règlements intérieurs réaménagés des organes et structures de l’UDPS, et vous avez fait signer cela à Tshisekiedi?
Est-ce qu’un adjoint peut-il désavouer son chef. Ce sont des racontars, auxquels je ne peux pas prêter attention.
Jacquemain Shabani, votre prédécesseur avait été traduit devant la justice pour une affaire de 300.000 dollars des cartes. Il a été suspendu pour répondre devant la justice. Il y a plus d’une année passée, que Tshisekiedi qui le poursuivait a été débouté, mais alors pourquoi vous n’avez jamais pensez réhabiliter Shabani dans ses droits?
Tant qu’il ne va pas rembourser l’argent, il ne rentrera pas à l’UDPS.

Mais, la justice l’a blanchi?
Il n’a jamais nié qu’il n’a pas reçu 300.000 dollars destinés à la fabrication des cartes. Cet argent appartient au parti, l’UDPS n’est pas rentrée dans ses droits.

Vous dites qu’il ne rentrera pas à l’UDPS. Mais, il n’a jamais quitté le parti?
Ceux qui partent attendent toujours des décisions. Pour moi, Shabani ne fait plus parti de l’UDPS. il doit rembourser l’argent. S’il est encore membre de l’UDPS, où verse-t-il ses cotisations annuelles.

Il détient encore sa force de frappe avec à l’appui des fédérations de Kinshasa, qui le soutiennent. N’estimez-vous pas qu’il faille compter avec lui?
Les fédérations que vous évoquez, mais c’est son groupe avec lequel il a détourné les 300.000. Ce sont ses protégés. L’UDPS ne va pas mourir à cause de ce groupe.

Vous ne voulez plus de Shabani, alors que des sources proches de votre secrétaire national chargé de l’extérieur, nous apprenons que Félix Tshisekedi venait de rendre récemment visité à Jacquemain Shabani à son cabinet d’avocat?
Cela nous importe peu. Nous estimons que Shabani doit au parti de l’argent. Tant qu’il ne restituera pas ce qu’il doit à l’UDPS, il restera en dehors du parti.
Et vous-même, votre leadership est contesté. On le juge trop faible pour mener un parti des masses comme l’UDPS?
Je connais bien tous ces hommes qui passent leur temps à me diaboliser. Le chien aboie la caravane passe. Ils ne sont plus membres de l’UDPS. S’ils étaient de l’UDPS, ils seraient dans nos réunions et verseraient régulièrement leurs cotisations. Se réunir ici et là au nom de l’UDPS, c’est facile, mais porter encore les couleurs de l’UDPS ce n’est plus possible. C’est normal qu’ils contestent mon leadership. Ils sont à la défensive cherchant des voies et moyens pour me déstabiliser et nuire à mon travail.

Vos méthodes de travail sont jugées amorphes. Qu’en dites-vous?
Même quand nous serions au pouvoir, ce sont les mêmes méthodes que j’utiliserais. Je ne suis pas un méchant comme eux. Et ce ne sont pas leurs manoeuvres qui affaibliront l’UDPS.

Parmi les combattants que vous avez fait arrêtés récemment, l’un d’entre eux a trouvé la mort. A l’UDPS l’on vous tient responsable de ce décès. Que dites-vous?
C’est cela leur méchanceté. Pourquoi ils ne sont pas allés m’accuser au parquet? Ils donnent l’impression d’aimer ce combattant plus que les membres de sa famille, qui ont avoué que leur enfant prenait du chanvre et du supu na tolo. C’est ce qui a causé sa mort.

Pourquoi vous n’avez pas assisté au deuil?
J’ai joué à la sagesse. Mes détracteurs m’attendaient au tournant pour me faire voir de toutes couleurs. Le climat n’était pas propice pour que je fasse le déplacement à ce deuil, de peur de raviver des tensions.
Le congrès de l’UDPS, vous le confirmez pour juillet 2015?
C’est l’année prochaine. Le mois n’est pas connu.

Félix a parlé de juillet?
C’est moi qui dois préparer ce congrès. Je vous affirme que le mois n’est pas connu.
Dans votre déclaration de Fatima, vous annoncé qu’au cas où Malumalu campait sur sa position, vous allez retirer vos délégués siégeant au bureau de la CENI. N’est-ce pas là reconnaitre les députés UDPS?
L’UDPS n’a pas envoyé des délégués à la CENI. La déclaration est le fruit de plusieurs formations politiques.
Il faut cependant poser la question à ceux qui se réclament membres de l’UDPS à la CENI, tel que les choses se présentent aujourd’hui, si le secrétaire général de l’UDPS vous demandait de vous retirer, allez-vous le faire? Parce que vous vous dites de l’UDPS. Posez cette question à Samy Babibanga et à Jean-Pierre Kalamba et nous allons poursuivre le débat.

JOHN TSHINGOMBE
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