Médecins du Monde France plaide pour l’éducation sexuelle et la légalisation de l’avortement en RDC

Vendredi 11 décembre 2015 - 13:24

20% de jeunes filles et femmes dont l’âge varie entre 15 et 24 ans ont leur premier rapport sexuel avant 15 ans à Kinshasa. C’est ce qua fait savoir l’organisation non gouvernementale Médecins du Monde France (MDM), hier jeudi 10 décembre, dans la salle polyvalente de l’Institut Française à Kinshasa. C’était lors de la présentation des résultats de l’étude sur “ les déterminants socioculturels et communautaires des grossesses non désirées et des avortements à Kinshasa ».

Cette étude a été menée par l’équipe du Laboratoire d’Etude et de Recherches sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL) pour Médecins du Monde/France, avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFC), en partenariat avec le Programme National de Santé des Adolescents. Elle a été présentée à l’occasion de la clôture des 16 jours d’activisme contre toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles.

 

Une moyenne de 19,9 ans pour le premier enfant chez les Congolaises

 

Selon ces résultats, l’âge médian à la première naissance est de 19,9 ans pour les femmes. Toutefois, explique ladite organisation, ceci cache que 27% de femmes de 15-19 ans ont déjà commencé leur vie procréative. 21% ont déjà au moins un enfant et 6% sont enceinte. Le taux est de 4,3% avant 15 ans.

 

Concernant l’utilisation des 4méthodes contraceptives, d’après le ministère de la Santé publique, le pourcentage global d’utilisation des contraceptifs par les femmes pour la RDC (2013- 2014) est de 19%, reparti entre les méthodes modernes 8% et les méthodes traditionnelles 11%, avec 11,5% d’utilisation méthodes modernes et traditionnelles confondues dans la tranche des 15-19 ans et 22% dans la tranche 20-24 ans. A Kinshasa plus particulièrement, selon les données de 2014 du Pma 2020, 35,6% de femmes de 15 à 49 ans utilisent une méthode contraceptive, soit moderne (21,6%), soit traditionnelles (14%). Mais les femmes de la tranche 15-24 ans, sexuellement actives et hors union, sont 45% à utiliser une méthode contraceptive.

 

L’avortement est illégal en RDC, sauf si la vie de la femme est en danger: Dans les autres situations, les femmes ont recours à l’avortement clandestin, et ce malgré’ les peines encourues, ainsi que les risques et conséquences pour la santé que cela entraine.

 

Le Code pénal congolais de novembre 2004 prévoit 5 à 10 ans de servitude pénale pour la femme qui se fera volontairement avortée, et 5 à 15 ans pour celui qui avorte une femme. Il sied de signaler que cette étude a concerné trois zones de santé ciblées. Il s’agit de trois zones urbaines ‘de Kinshasa Selembao, Kingabwa et Ngaba.

 

Les recommandations

Pour réduire les grossesses non désirées et les conséquences des avortements à risque, Médecins du Monde/France pense qu’il faut améliorer l’offre de santé sexuelle e reproductive, modifier les savoirs et les perceptions sur les contraceptifs pour une meilleure acceptation, et améliorer la formation du personnel en matière de soins post-avortements. Il faut, par ailleurs, agir sur l’environnement familial et communautaire, notamment sur l’éducation sexuelle des jeunes filles et des jeunes hommes, puis sur l’attitude des hommes et des femmes envers les contraceptifs, et enfin porter une attention particulière au genre et à la capacité d’agir des femmes.

 

 

Informer et communiquer

L’école, les responsables des confessions religieuses, les medias et les structures privées de travail comme les ateliers d’artisanat constituent des espaces à investir pour réussir cette mission.

 

C’est ainsi que Médecins du Monde/France recommande aux acteurs communautaires et à la société civile d’appliquer des stratégies d’information et de communication de proximité d’une part, avec des messages adaptées aux besoins et aux attentes de différentes catégories d’âge et avec une approche basée sur le genre, et de masse d’autre part pour faire apparaitre ces questions dans l’espace public. Aux services sociaux et de santé, il est recommandé d’améliorer l’accessibilité aux services de santé sexuelle et reproductive pour ‘les adolescents dans les structures sanitaires.

 

Aux services de communication, Médecins du monde recommande de renforcer les capacités de communication des médias en formant des journalistes sur l’éducation sexuelle en termes de contenu et de méthode ainsi que d’autres acteurs actifs dans la communication de masse.

 

Enfin, Médecins du Monde recommande aux décideurs politiques la vulgarisation des conditions actuelles qui permettent l’avortement thérapeutique en RDC, la publication dans le journal officiel du Protocole de Maputo, sa vulgarisation et l’évaluation de la mise en œuvre du protocole prévue dans le cadre de l’Union Africaine et également faire un plaidoyer pour modifier ou abroger l’article 178 du code pénal qui interdit la promotion et la distribution des contraceptifs.

 

Par CARROLL MADIYA

 

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