Médias : David Applefield prévient contre les dangers de la manipulation

Mardi 3 novembre 2015 - 09:53

L’Ambassade des Etats- Unis d’Amérique à Kinshasa a organisé hier lundi 2 novembre 2015, à l’Hôtel Faden House à Gombe, et à l’intention des responsables de médias congolais tant de la presse écrite que de l’audiovisuel, un atelier sur les stratégies des médias axé principalement sur l’éthique et le journalisme d’investigation. Une trentaine des dirigeants des médias congolais ont pris part à cette formation animée par le consultant David Applefield de Financial Times.

Cette formation a débuté, comme il faudrait le signaler, par un rappel des notions de base sur l’exercice de la profession journalistique, la liberté de la presse et l’indépendance des médias vis-à-vis du pouvoir et des pressions des acteurs politiques. Afin de sauvegarder cette indépendance, a martelé David Applefield, les médias doivent se départir de leur dépendance vis-à-vis des tenants du pouvoir, pour affirmer leur autonomie financière. Cela ne peut être possible que si les médias se débarrassaient de mauvaises habitudes qui les rendent prisonniers des acteurs politiques, surtout quand on sait que ces derniers se permettent même d’orienter certains articles sans respect des principes journalistiques, et en violation du code d’éthique et de déontologie des journalistes.

Indépendamment des charges d’exploitation, du coût de production et du contexte politique et économique, David Applefield a insisté sur les efforts que doivent déployer en interne, les médias qui, à son avis, sont appelés à être plus créatifs, plus innovants et même entreprenants pour créer de nouvelles sources de revenus, indépendantes des pressions des milieux politiques. A la lumière de quelques exercices pratiques, il croit savoir que ces efforts ne donneront leurs fruits que si au niveau de chaque rédaction, les journalistes développaient les mêmes valeurs, défendaient les mêmes intérêts et poursuivaient les mêmes objectifs. Car, c’est à partir de cette synergie qu’on peut dégager la même énergie et que l’on peut devenir à la fois dynamiques, audacieux, rigoureux, performants et efficaces.

Suite à l’étude de quelques cas puisés de l’expérience vécue dans certains journaux, le consultant américain a relevé la nette différence des méthodes de travail entre les médias anglophones et francophones. Et c’est le sens de créativité et d’innovation développé au sein de Financial Times, The Newyork Times, de Navajo Times (le journal des Indiens Navajo des USA) et d’autres médias qui l’a fortement inspiré, avant de la partager avec les responsables des médias congolais. Il s’est également basé sur l’expérience que lui-même a vécue au Cameroun et dans d’autres pays africains.

Un autre principe sur lequel il s’est attardé est qu’il faut partir de mauvaises habitudes pour lancer de nouvelles idées. Aussi pour susciter un intérêt majeur pour son exposé, David Applefield  a insisté sur les efforts à développer à l’interne, notamment la création de nouvelles rubriques, l’identification de nouvelles idées qui parlent aux gens, qui les incitent à s’intéresser aux médias et à leur contenu, avant qu’ils réagissent.

Il reste persuadé qu’il faut toujours équilibrer la partie informations avec les nouvelles sur l’actualité et la partie «commerciale» avec les encarts publicitaires et les communications.

Pendant la campagne électorale, David Applefield pense que c’est la période au cours de laquelle les médias doivent créer plus de pages entièrement consacrées à la campagne électorale, aux messages des candidats, et la grille tarifaire spéciale reposant sur les réalités économiques, doit être publiée régulièrement, afin que les partis politiques sachent quand et comment orienter leurs communications et organiser leurs campagnes. Et pour la diversité des informations, il a fait remarquer qu’il était plus intéressant pour les médias de donner peu de commentaires, et de privilégier un grand espace aux interviews, aux citations des candidats et des réactions d’autres personnalités.

            Pour le cas particulier des violences sexuelles pris pour exemple, David Applefield note que les médias devraient soutenir la campagne de lutte axée sur le thème «  Rompre le silence », en développant les meilleurs arguments pour augmenter leur impact sur l’ opinion.

J.R.T.   

 

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