Michel Bongongo intensifie la chasse aux détourneurs

Lundi 15 février 2016 - 14:08

Le ministre d’Etat chargé du Budget passe à la vitesse supérieure pour mettre fin à une valse de détournements des salaires d’agents et fonctionnaires de l’Etat. Une mission d’enquête mise en place par le ministère révèle une dilapidation de 13, 6 milliards de francs au dernier trimestre de l’année 2015 dans cinq anciennes provinces : Bandundu, Equateur, Kasaï-Occidental, Kasaï-Oriental, Bas-Congo.

 

C’est profitant de la cérémonie d’échange des vœux organisée le samedi 13 février à Beatrice Hôtel que le ministre d’Etat chargé du Budget, Michel Bongongo, a dévoilé les conclusions d’une commission d’enquête menée dans les cinq provinces, dans leurs anciennes configurations, pour auditer le circuit dû payement des agents et fonctionnaires de l’Etat affectés aux secteurs de la Santé, de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel ainsi que de l’Enseignement supérieur et universitaire.

 

Couvrant les trois derniers mois de l’année 2015, cette enquête, menée par un groupe syndical, a fait une révélation accablante 13, 6 milliards de francs (soit plus de 14 millions de dollars) sont détournés par des moyens véreux des doublons (1 336), des noms fictifs (1 202), des noms de personnes décédées (2 038) et révoquées (32).

 

L’Equateur, avec 6,9 mi1liards de francs, est la province qui présente le chiffre le plus élevé. Il est suivi de Kongo Central (3,3 milliards de francs) du Bandundu (2,2 milliards de francs), du Kasaï-Occidental (0,7 milliards francs) et le Kasaï-Oriental (0,5 milliards francs). Ces chiffres auraient pu être beaucoup plus salés si l’équipe d’enquête avait le plein accès à toutes les informations dans ces provinces. Jean-Baptiste Ndefu, syndicaliste et rapporteur de la mission, a fait savoir qu’ils ont fait face à une résistance de certains agents qui ne voulaient pas leur fournir des documents. D’autres, dit-il, ont joué à l’usure du temps pour échapper au contrôle.

« Dans tous ces secteurs, il y a eu des anomalies. Par exemple, les frais de fonctionnement qui n’arrivent pas à destination C’est le comble de l’ensemble du pays, ce que nous avons trouvé dans les cinq provinces », a indiqué Jean-Baptiste Ndefu.

 

Déjà à Kinshasa, le contrôle lancé en juin 2015 avait donné lieu à un détournement de l’ordre de 10,9 milliards de francs, dont 6,3 milliards en fonctionnement et 4,6 milliards en rémunération.

Dans les cinq dernières provinces, l’équipe d’enquête a noté également des irrégularités dans des établissements bancaires qui auraient soit retenu une partie des frais de fonctionnement de manière abusive, soit gardé pour leur compte les résidus des salaires et frais de fonctionnement non versés plutôt que de les rendre au Trésor public.

Cette importante somme dilapidée, une fois récupérée, permettrait au gouvernement de payer des milliers d’autres fonctionnaires mécanisés mais qui restent non payés. Mais aussi, d’envisager une revue en hausse de l’enveloppe salariale des agents et fonctionnaires de l’Etat.

Voilà pourquoi le ministre d’Etat appuie sur l’accélérateur et ne compte pas s’arrêter là. Il a indiqué qu’en plus des sanctions administratives contre les détourneurs identifiés, le gouvernement va engager des poursuites judiciaires. Ce qui sera également une façon de dissuader d’autres potentiels arnaqueurs. « Si au cours de l’exercice 2015, le contrôle a adopté, pour des raisons pédagogiques, la voie de la dissuasion, à ce jour, le gouvernement de la République sur instruction du Président de la République, transmise par le Premier Ministre, a décidé au-delà des sanctions administratives, de saisir les instances judiciaires », confirme le ministre qui, décidément, compte traquer des détourneurs jusqu’à leur dernier retranchement.

CONGO NOUVEAU