Nord-Kivu : les FDLR refusent de «mourir»

Mercredi 24 juin 2015 - 09:37

Pendant que l’opinion nationale se focalise sur les « Consultations » du Chef de l’Etat, prélude à un possible « Dialogue » entre délégués des forces politiques et sociales du pays, le Nord-Kivu continue de baigner dans un état de ni guerre, ni paix. Cette insécurité récurrente a maintenant pour animateurs « visibles » des rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et ougandais ADF. Quant aux ennemis « invisibles » de la paix, ils se cachent derrière un conglomérat de forces négatives allant des nébuleuses Mai-Mai aux résidus voire nouveaux adhérents du M23 (Mouvement du 23 mars 2009), sans oublier des éléments des armées régulières ougandaises et rwandaises.

Comme pour réaffirmer leur présence au Nord-Kivu, en dépit de la traque dont ils sont l’objet depuis le début de cette année, à la demande conjointe de la CIRGL (Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs) et du Conseil de Sécurité des Nations Unies, ils ont encore frappé le dernier weed-end.

En effet, avec la complicité des Mai-Mai, ces éléments réfractaires à toute démobilisation et à tout retour volontaire au Rwanda, se sont permis d’occuper militairement, en l’espace de 48 heures, les localités de Chondo, Kamadi et Charuganda, dans le territoire de Rutshuru, aux encablures du Lac Edouard. Il a fallu une offensive musclée des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) pour les déloger de cette contrée du Nord-Kivu.

L’action téméraire menée par les rebelles rwandais, au moment où la campagne de leur traque par les soldats loyaux bat son pleine, traduit leur volonté de ne pas déposer les armes ou de rentrer dans leur pays d’origine.

A la recherche d’un espace vital ?

L’occupation des localités de Chondo, Kamadi et Charuganda par les rebelles génocidaires rwandais, désormais honnis par la communauté internationale et africaine, est à décrypter comme l’indice de leur détermination à poursuivre leur entreprise machiavélique consistant à empêcher les autochtones du Nord-Kivu à retrouver la voie d’une paix durable. Cela fait penser que ces encombrants rebelles chercheraient à s’aménager un espace vital en territoire congolais, susceptible de leur permettre de revendiquer, dans les mois ou années à venir, le statut de membres d’une tribu ou ethnie congolaise.

On voit venir là la menace de l’émergence prochaine d’une nouvelle minorité tribale ou ethnique fabriquée de toutes pièces par ceux qui arment les FDLR, financent leurs activités militaires et terroristes, les intoxiquent afin qu’ils déclinent systématiquement toute offre de reddition volontaire et de rapatriement organisé dans leur pays d’origine.

Devoir de vigilance

La RDC ayant choisi l’option du désarmement des FDLR par la force et de leur liquidation par les armes, même sans le concours des Casques Bleus de la Monusco, elle n’a plus d’autre alternative que mettre le pas dans les opérations militaires engagées à cette fin. Par conséquent, un devoir de vigilance incombe aussi bien aux troupes qu’aux populations civiles au Nord-Kivu et même au Sud-Kivu, où persistent encore des poches de résistance de cette force négative étrangère.

La capacité de nuisance des rebelles rwandais, prêts à massacrer des civils ou à s’attaquer aux FARDC, à piller les biens de paisibles citoyens, à se rendre maîtres temporaires des villages, devrait inciter les compatriotes en uniforme comme ceux évoluant dans le civil à conjuguer des actions d’alerte en vue de prévenir les mauvais coups, qui ont tendance à se répéter dès qu’il y a relâchement de la vigilance.

Le Nord-Kivu et, dans un degré moindre, le Sud-Kivu, devrait être placé en état d’alerte permanente, de manière à mettre progressivement les FDLR hors d’état de nuire. A cet effet, une parfaite localisation de leurs «zones opérationnelles », de leurs sources d’approvisionnement en armes et munitions ainsi qu’en argent s’impose. De même que l’identification de leurs commanditaires planqués en dehors du Nord-Kivu voire de la RDC ainsi que leurs complices locaux. Comme dit plusieurs fois dans nos colonies, une « union sacrée » des forces vives internes est nécessaire pour venir à bout d’une force négative dont la longévité dans cette partie du pays constitue une interpellation pour la cohésion nationale.

Kimp