NOUVELLES PROVINCES RUÉE À KINSHASA VERS LES GOUVERNORATS

Jeudi 16 juillet 2015 - 06:21

Déjà, des tractations sont en cours dans la capitale congolaise.
Les politiciens ne perdent jamais de temps. Car, tous les enjeux sont suivis de près pour ceux qui ont l’habitude de se coucher le plus tard possible et souvent lorsqu’ils s’assurent que tout est désormais sous contrôle, c’est-à-dire sous leur contrôle. C’est d’ailleurs le cas actuellement avec des tractations en cours dans la capitale congolaise. Rien n’est donc fait au hasard et tout est fonction des calculs à travers les officines politiques habituées à cet exercice tant convoité. Même s’il faut attendre le mois d’août prochain prévu pour le démembrement de différentes provinces de la RDC afin de passer de onze provinces traditionnelles à vingt-six au total conformément à la Constitution du 18 février 2006.
Au total, vingt-une provinces, à part le Bas-Congo, la ville de Kinshasa, ainsi que celles du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema, sont attendues en août prochain pour réaliser finalement les vingt-six provinces prévues par la Constitution congolaise. Or, vingt-une provinces, cela sous-entend vingt-un gouverneurs et autant de vice-gouverneurs dans le contexte congolais. En politique, très souvent, cette réalité renvoie toujours à autant d’enjeux pour les deux camps en présence, à savoir la Majorité présidentielle et l’Opposition. Les hostilités sont ouvertes, surtout à travers la grande bataille pour les élections provinciales.

LES TRACTATIONS SONT DEJA EN COURS A KINSHASA
Comme à l’accoutumée en RD Congo, à l’approche des enjeux politiques, les tractations se déroulent pour anticiper sur le nouvel ordre. Actuellement à Kinshasa, renseignent des sources généralement bien informées, des tractations ont lieu avec, au centre, des noms des candidats gouverneurs et vice-gouverneurs ciblés. Même si, au terme de la Constitution, les tickets des candidats gouverneurs de provinces et leurs adjoints seront élus par les futurs députés provinciaux attendus pour les nouvelles provinces. Mais, rien n’empêche aux partis ou regroupements politiques de se concerter d’avance en vue de planter déjà le décor de ceux qui pourront diriger les vingt et une entités politico-administratives devant voir le jour d’ici quelques semaines ou mois.
On espère, dès lors, qu’au niveau de la Majorité présidentielle et de l’Opposition, on prend déjà des dispositions nécessaires pour des nouvelles provinces appelées à relever le défi du développement. Car, si les actuelles provinces peinent à suivre le train du développement, la tâche sera plus ardue pour les futures entités qui ne partiront pas nécessairement avec les faveurs du pronostic. Surtout qu’à première vue, les nouvelles provinces ne feront que l’affaire de nouveaux dirigeants, le peuple, devra encore attendre avant de voir ses aspirations rencontrer les préoccupations des politiciens. Voilà qui justifie d’ailleurs la position des antis découpage territorial ou démembrement de la RDC en cette période précise de l’histoire de la RDC.

IL IMPORTE VRAIMENT DE TIRER LES LEÇONS DU PASSE
Que valent aujourd’hui les provinces de la RDC ? Apparemment pas grand-chose en deux législatures. Car, presque partout, la révolution de la modernité ne semble se justifier que par les efforts du chef de l’Etat. Même si, par ci par là, on évoque un bilan qui est loin de cadrer avec la réalité. Pourtant, d’une manière générale, l’impulsion donnée par Joseph Kabila ne paraît pas se justifier sur le terrain. C’est à croire que si le Raïs ne s’était pas impliqué réellement, très peu de résultats seraient réalisés à ce jour. Il faut donc, très logiquement, aux nouvelles provinces de tirer des leçons du passé. Surtout lorsque le Gouvernement central indique que les rétrocessions aux entités territoriales décentralisées ne se réalisent pas comme prévu.
L’installation de nouvelles provinces en RDC devra coïncider avec la bonne gouvernance pour mettre un terme aux détournements enregistrés dans ce secteur. Voilà le défi de nouvelles entités politico-administratives pour que les secteurs, chefferies, territoires et autres emboîtent le pas à la révolution de la modernité prônée par le président de la République. Sinon, cette vision ne restera qu’un vœu pieux ou un simple slogan que les politiciens mettent en exergue dans leurs discours sans aucune volonté de la matérialiser. D’ailleurs, à une période donnée, alors que le Katanga semblait incarner la vision de la modernité, Moïse Katumbi avant indiqué qu’il n’avait pas pu réaliser son programme. Tel qu’il l’avait conçu.

NOUVELLES PROVINCES, DE NOUVEAUX DEFIS A RELEVER
Pour que les nouvelles provinces incarnent de nouveaux défis à relever, il faudra que leurs actions soient suivies à la loupe. Mais, au moment où l’action initiée il y a quelques temps par le chef de l’Etat, à travers son conseiller spécial en matière de bonne gouvernance, lutte contre la corruption, blanchiment des capitaux et financement du terrorisme, n’a pas encore jusque-là donné des résultats s’agissant des gouverneurs de provinces cités dans l’opération, rien ne permet donc de s’assurer que, désormais, plus rien ne sera comme avant. Or, cette action pédagogique devrait servir d’exemple, à moins que les soupçons enregistrés ne soient pas du tout à la hauteur du grand défi à relever. Sinon, à quoi aura servi la campagne médiatique menée par le Pr Emmanuel Luzolo Bambi Lesa ?
Car, rien que le fait que les ressources destinées aux entités territoriales décentralisées n’aient jamais été perçues, tout cela devrait surtout figurer au centre d’une grande action pour tirer les leçons du passé et éviter que cela ne se reproduise dans l’avenir.
Si cela semble passer dans l’opinion pour un simple fait divers, malgré la sonnette d’alarme tirée par la réunion de la troïka stratégique du Gouvernement central, il y a de quoi se demander si les nouvelles provinces pourront réellement matérialiser la vision de la révolution de la modernité. Autant donc d’espoirs pour les politiciens et d’inquiétudes pour les populations congolaises. Si rien n’est fait pour inverser la tendance, il faudra se résoudre à conclure que les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. M. M.