Nouvelles révélations à la Prison centrale de Makala : Chebeya exécuté par le major Kengakenga

Mardi 4 août 2015 - 12:02

Des révélations troublantes sur les circonstances de la mort de l’activiste des droits de l’homme, Floribert Chebeya, en juin 2010, continuent de pleuvoir. Hier lundi 3 août 2015 devant la Haute Cour Militaire, les avocats de la partie civile ont de nouveau fait trembler le prétoire.

Maître Richard Bondo, premier à ouvrir les hostilités, a révélé que Floribert Chebeya avait été sommairement exécuté à l’Inspection générale de la police. D’après cet avocat de la partie civile, le corps sans vie du directeur exécutif de la Voix de sans Voix avait été jeté à Mitendi par ses bourreaux pour brouiller les pistes.

Me Richard Bondo a soutenu que le coup fatal avait été donné le 1er juin 2015 par le major Christian Ngoyi Kengakenga, accompagné de son garde du corps, le sergent-major Jacques Mugabo.

Cet avocat de la Cour pénale internationale a souligné que l’exécutant est un spécialiste en arts martiaux, désigné par « l’association des malfaiteurs » montée pour éliminer Chebeya sans laisser de traces.

Il a ajouté que Christian kengakenga, qui dirigeait le bataillon dénommé « Simba » du général John Numbi, avait été exfiltré par ce dernier et envoyé à Lubumbashi, avant de se retrouver, dans des circonstances floues, au Rwanda.

A Kigali, a souligné Me Richard Bondo, cet officier présumé rwandais, transfuge de la rébellion du RCD/Goma, serait sous la protection de James Kabarebe, ministre rwandais de la Défense et ancien chef d’état-major de l’armée rwandaise.

Il a démontré l’infraction d’assassinat dans le chef des prévenus détenus à Makala et d’autres acquittés au premier degré. Il a estimé que l’infraction relative à la détention illégale retenue par le premier juge pour réprimer l’assassinat de Bazana était fantaisiste.

Maître Richard Bondo a également sollicité de la Haute Cour la surséance de son arrêt suspendant les poursuites contre les prévenus fugitifs.

Relayant son confrère, maître Kabengele a réaffirmé, à l’instar de Thierry Michel, que l’assassinat de Floribert Chebeya relevait d’un crime d’Etat. Selon lui, le fait que l’assassinat de Chebeya était planifié par des agents de l’Etat dans la concession de la police confirme, si besoin en était encore, que l’activiste des droits de l’homme avait été tué par des fonctionnaires de l’Etat agissant sous les ordres des autorités officielles, surtout que la plainte contre les présumés auteurs du génocide sur les adeptes du mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo mettait en cause certaines autorités militaires et civiles.

Maître Kabengele a soutenu que Chebeya, fut un homme très fidèle à sa femme, contrairement au communiqué du général Oleko, qui alléguait le dérapage sexuel comme la véritable cause de la mort du Directeur exécutif de la Voix de sans Voix.

Il a regretté que la Haute Cour Militaire ait fermé les yeux sur les indices sérieux qui prouvent l’implication des généraux Numbi et Oleko dans l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.

Maître Kabengele a fait état d’intenses contacts téléphoniques suspects entre John Numbi et Oleko avant, pendant et après la mort de Floribert Chebeya. Bien que suspendu de ses fonctions, le général John Numbi continuait de donner des ordres, par voie téléphonique, au général Oleko.

Par ailleurs, ce dernier recevait régulièrement des instructions de l’ancien Inspecteur Général de la police pendant son audition au cabinet de l’auditeur général des FARDC, a affirmé maitre Kabengele.

La prochaine audience est annoncée pour ce jeudi 0 6 août 2015.

ERIC WEMBA

 

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