L’opinion avait perdu de vue cette affaire qui avait pourtant fait couler pas mal d’encre, de salive et des larmes au lendemain des évènements sanglants survenus lors de l’irruption d’un groupe d’adeptes de ce mouvement confessionnel dans les studios et bureaux de la RTNC. Ce jour-là, le 30 décembre 2013, des jeunes-gens portant des armes blanches, notamment des flèches et des lances, des habits traditionnels et des amulettes autour du cou, avaient envahi le siège de la Radio et Télévision Nationale du Congo, particulièrement l’un des studios où ils avaient fait des déclarations tapageuses avant que les éléments de la Garde Républicaine ne les appréhendent pour les acheminer vers les cachots de l’Agence Nationale de Sécurité aux enviions de la Primature. Un autre groupe aurait tenté d’attaquer le camp militaire Colonel Tshatshi sur les hauteurs du Mont Ngaliema tandis qu’un troisième groupe s’était présenté à l’Aéroport International de Ndjili toujours dans l’espoir de s’en emparer.
Des accrochages armés avaient lieu entre eux et les éléments de la Garde Républicaine qui se soldèrent par un bilan macabre: des dizaines des morts et des blessés graves suivis des arrestations des centaines d’entre eux.
Tentative de prise du pouvoir
On apprendra plus tard que la mission leur confiée consistait à faire une déclaration de prise du pouvoir au nom de leur chef spirituel qui se trouvait, à Lubumbashi à partir d’où il aurait dirigé lesdites opérations.
Prison militaire de Ndolo
Après plus d’une année d’enquêtes et investigations et suite aux pressions exercées par les Ong de Défense des Droits de l’homme locales et internationales, ces adeptes ont enfin été acheminés vers la prison militaire de Ndolo. Où ils ont été placés dans des cachots aux côtés d’autres prévenus militaires et civils ayant commis des infractions pénales ou criminelles en compagnie des militaires.
C’est là où ces adeptes ont bénéficié du droit de visite des membres de leurs familles respectives et autres connaissances. Voilà qu’au moment où tous les regards sont braqués sur les élections locales, municipales et provinciales, ces adeptes du prophète Mukungubila vont être enfin présentés devant la justice militaire.
Mukungubila non inquiété
Dans un premier temps, le prophète Mukungubila avait été annoncé se trouver à Lubumbashi dans sa résidence privée sur les hauteurs du quartier Bel Air où il aurait tenu une conférence de presse pour encourager ses adeptes jetés dans les cachots de l’ANR. On apprendra plus tard qu’il s’était évadé pour prendre une destination inconnue. C’est au mois d’avril 2014 que sa présence sera annoncée à Jobourg en Afrique du Sud où il avait eu maille à partir avec la justice sud-africaine. Kinshasa espérait en vain de le voir extradé pour subir la rigueur des juges congolais pour connaitre les tenants et les aboutissants des actes téméraires commis par ses adeptes. Depuis lors, c’est le silence radio sur son cas car il continue à se la couler douce dans sa villa cossue du quartier Santon à Jobourg.
En attendant, il s’avère que ce procès va être chaud, animé, palpitant et émouvant, .dans la mesure où il va mettre sur la place publique des compatriotes accusés d’avoir tenté de prendre le pouvoir avec des armes blanche, en s’emparant ainsi des lieux stratégiques que sont la RTNC, l’Aéroport International de Ndjili et le Camp Colonel Tshatshi. Celui-ci, on le rappelle, est situé non loin de l’ancien Palais Présidentiel, de la Cité de l’Union Africaine où logent parfois certains chefs d’Etat et de gouvernement en visite officielle en RDC et à quelques mètres de la grande tente où se tiennent parfois des réunions du Conseil des ministres, du bâtiment abritant l’Etat-Major Général des FARDC et des bureaux du Conseil- 1er spécial du chef de l’Etat en matières de sécurité.
Affaire des mutins de la Voix du Zaïre
L’opinion voudrait profiter de cette aubaine pour connaitre enfin la vérité sur ces épisodes tragicomiques qui ressemblent, à certains égards, à cette affaire dite des Mutins de la Voix du Zaïre qui en 1990 avait fait rire jusqu’aux larmes les kinois et les voisins d’en face. De par son déroulement en direct de la télévision nationale et surtout les propos tenus par ces « mutins » qui demandaient gentiment et sourire aux lèvres au chef de l’Etat de l’époque de démissionner de son siège. Les images balancées en direct montrèrent aussi comment d’autres militaires reprirent facilement les locaux du studio sans tirer le moindre coup de feu.
Comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir de l’époque organisa un procès où les « mutins » répondaient avec une légèreté déconcertante aux questions leur posées par les juges du tribunal spécial institué à cet effet. Dorant quinze jours, les kinois se régalèrent de ce spectacle désolant et ridicule leur balancé en direct de la télévision et radio nationale par des magistrats supérieurs militaires. On ignore où ces mutins condamnés auraient été envoyés pour être exécutés ou pour purger leurs peines privatives de liberté. Ce spectacle se termina en eau de boudin et l’eau continua à couler calmement sous le pont.
Par F.M.