L’homme est quasiment le seul à avoir répondu, jusqu’ici, aux révélations des noms faites par l’Agence France Presse (AFP) le mercredi 24 juin, dans la soirée. Ses proches affirment entre autres que le gouverneur de l’ancienne province du Katanga serait la principale cible dans la plainte de Joseph Kabila. Les autres gouverneurs ne seraient, selon eux, que de «la garniture ».
Une partie du voile, et non de moindre, a été déjà levée, le mercredi 24 juin dans la soirée, quand l’AFP a divulgué certains noms des présumés corrupteurs, fraudeurs et détourneurs qui sont repris dans la plainte déposée, le mardi 23 juin, auprès du Parquet général de la République par Joseph Kabila via Luzolo Bambi, son conseiller spécial pour la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et le terrorisme. Il s’agit de Moise Katumbi, Alphonse Ngoy Kasanji, Alex Kande et Marcellin Cishambo respectivement gouverneur du Katanga, du Kasaï-Oriental. Kasaï-Occidental et du Sud-Kivu. Gustave Beya Siku, récemment éjecté du poste de directeur de cabinet du Chef de l’Etat, n’est pas en reste. Si au Sud-Kivu Marcellin Cishambo s’est réservé de tout commentaire, il n’en est pas le cas dans la ville cuprifère. « Ce n’est pas la première fois que le pouvoir tente de saper l’image de Moïse Katumbi », rappelle l’un de ses conseillers relayé, le .25 juin, par Jeune Afrique. Déjà en 2010, poursuit la même source, « une plainte avait été déposée à Bruxelles et à Londres par l’Etat congolais contre Katumbi pour blanchissement d’argent et achat d’armes. La procédure s’était soldée par un non-lieu ».
La contre-offensive de Kabila
Bien que Katumbi affirme ne pas avoir été « officiellement saisi », d’après RFI, du côté du Katanga, l’on croit dur comme fer que la personne visée par cette plainte serait le gouverneur du Katanga. Dans le bras de fer qui l’oppose depuis quelques mois à Joseph Kabila - depuis sa déclaration du 23 décembre 2014 contre un troisième faux pénalty L Kabila semble avoir pris sa revanche en déposant cette plainte. Déjà, début janvier, le Président de la République avait fustigé devant les notables katangais l’inadéquation qui existe entre les richesses de la province et la misère de la population katangaise. L’homme aurait donc « bien choisi le moment pour passer à l’attaque, sachant que les trois gouverneurs visés quitteront leur fonction d’ici le 30 juin avec l’installation des nouvelles provinces », es time une source diplomatique qui s’est confiée à Jeune Afrique. Surtout que depuis début janvier, on s’attendait à une « contre-offensive » du chef de l’État, après les propos de Katumbi sur le « troisième faux penalty ».
Katumbi serein...
Ce n’est pas la première fois que le pouvoir tente de saper l’image de Moïse Katumbi. Dans l’entourage du gouverneur sortant du Katanga, on ne se dit « pas surpris » par cette plainte. Car une autre avait été déposée à la veille des élections de 2011. Et à chaque fois, « c’est toujours Luzolo Bambi, à l’époque ministre de la Justice et aujourd’hui conseiller spécial du chef de l’Etat, qui est à la manœuvre. Et comme en 2010, le pays se trouve à la veille d’une présidentielle et on soupçonne Katumbi d’avoir des ambitions pour le scrutin », rappelle-t-il. Avant de lâcher: « On dirait qu’ils ont peur que Katumbi brigué la magistrature suprême. » Selon ce conseiller du gouverneur, Moise Katumbi est « serein » et attend que soient officiellement signifiées les accusations portées contre lui. « Il sait que c’est lui qui est visé : c’est lui le plat principal et les autres personnes citées ne sont que la garniture », explique-t-il, soulignant toutefois que le gouverneur du Katanga se dit « prêt à prendre ses responsabilités. » sans donner plus de précision.
Le gouvernement se réserve …
Pendant ce temps, le gouvernement se refuse de tout commentaire, notamment sur les noms des personnalités révélées par l’AFP. On ne veut ni confirmer ni infirmer l’identité des personnes citées. « C’est un document avec une série de dénonciations faites par plusieurs personnes », a indiqué Lambert Mende, ministre des Médias et porte-parole du gouvernement. A l’en croire, « il appartient au Procureur général de la République d’enquêter et de faire le tri. Il n’est pas bon de citer des noms ».
Par Dido Nsapu