Plan B de la MP en cas d’échec du glissement : Kabila, l’homme seul

Vendredi 25 mars 2016 - 12:25
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Un plan B circule dans la Majorité présidentielle en cas d’échec de la tentative d’imposer un troisième mandant du chef de l’Etat Joseph Kabila. Dire que c’est pour avoir proposé un pareil scénario que le G7, désormais dans l’Opposition, a été diabolisé jusqu’à être chassé de la MP, il y a de quoi parler d’une trahison qui se prépare dans la famille politique du chef de l’Etat. Dans la MP, on n’est plus loin du reniement. Un plan B de la MP sans Kabila n’est rien d’autre que la trahison. Ce n’est évidemment qu’une question de mois, voire de jours.

 

Haro sur le glissement et le 3ème mandat du président de la République, Joseph Kabila ! C’est une véritable levée de boucliers, de tous les démocrates aussi bien de la République démocratique du Congo que du monde, qui s’observe pour barrer la route à tous les subterfuges orchestrés par la Majorité présidentielle pour fouler aux pieds le pacte républicain issu de Sun City.

 

L’impasse artificielle actuelle est une construction des acteurs au pouvoir pour ne pas se plier au jeu démocratique tel que défini’ par la Constitution. Tout a été fait pour retarder le plus possible la tenue des élections, notamment la présidentielle, en vue d’assurer un glissement de pouvoir au Chef de l’Etat, en violation de la loi suprême. Pourtant, « le salut du peuple, c’est la loi suprême », disent les latinistes.

 

La Rédc se voit braquer tous les projecteurs de ses partenaires. Tout le mondé soutient, à juste titre, que la stabilité du géant Congo influera sur toute celle de la sous-région. Autrement dit, si on veut voir la sous-région des Grands Lacs africains retrouver la paix et la stabilité, il faudra commencer par la RDC. C’est cette importance du Congo-Kinshasa qui justifie l’intérêt particulier de la communauté internationale à voir ce pays demeuré sur la voie de la démocratie, lancée depuis seulement dix ans.

 

Cependant, à l’approche de la fin du deuxième et dernier mandat de l’actuel président de la République, tous les signaux sont au rouge. Les dirigeants ne s’empressent pas d’organiser les élections dans le délai constitutionnel. Ce qui met en mal l’alternance à la présidence de la République au 20 décembre prochain.

 

DANS L’OEIL DU CYCLONE

Cette situation est un véritable cocktail molotov dans le pays avec toutes les implications sur le plan régional. La RDC est entourée de 9 pays voisins et héberge plus de 70 millions d’habitants. Une nouvelle implosion, du pays aura des conséquences incalculables dans toute l’Afrique et mettrait à mal les intérêts de plusieurs pays occidentaux qui y ont investi massivement durant ces dix dernières années profitant de la situation de paix et de la stabilité. L’histoire de la RDC montre qu’à chaque crise politique, l’économie en pâtit terriblement.

 

Voilà qui a poussé le secrétaire général des Nations unies à déclarer récemment au Conseil de sécurité : « Par le passé, les crises politiques qui ont frappé la région des Grands Lacs se sont traduites par des violences généralisées et de graves problèmes de sécurité. Nous devons empêcher ce scénario de se reproduire». Lors de son dernier passage en février 2016 à Kinshasa, Ban Ki-Moon, parlant de la situation politique en RDC, a clairement ciblé la cause. : « Les retards dans le processus électoral m’inquiètent et cela augmente les tensions politiques relatives à une possibilité d’un troisième mandat du président Kabila ». Depuis, toute la communauté internationale embraille dans le même sens.

 

Tous les envoyés spéciaux des pays occidentaux et toutes les institutions internationales appellent Kinshasa à organiser les élections dans le délai constitutionnel et à assurer l’alternance démocratique en décembre 2016.

 

LE PLAN DE LA TRAHISON

Face à la persistance de la pression, la Majorité présidentielle revient petit à petit sur terre. Non pas pour dire au président de la République que le plan du glissement et d’un 3ème mandat a peu, de chance de réussir. Plutôt, les caciques de la MP font la ronde de chancellerie pour présenter un plan B sans Kabila.

 

« Selon certaines sources, des figures du régime «tentent de se préparer un plan B pour ne pas couler avec le navire si Joseph Kabila ne réussissait pas à se prolonger malgré l’interdiction qui lui en est faite par la Constitution. Ils font comprendre qu’ils n’agissent comme ils le font que parce qu’ils y sont obligés; donnent à des gens extérieurs à la Majorité présidentielle des faveurs ou des renseignements qu’ils ne leur demandaient pas, etc. », a révélé récemment la Libre Belgique. En clair, certains cadrés de la MP estiment qu’en cas d’échec de leur plan chacun peut sauver sa peau. C’est la trahison pure et simple.

 

Les sept partis frondeurs de la Majorité présidentielle exclus en septembre 2015 avaient raison sur toute la ligne. Eux, ils ont eu le courage de dire clairement à l’autorité morale de la MP que le glissement ou un 3ème mandat sont des démarches suicidaires politiquement et qu’il était de l’avantage de’ la ‘famille politique du chef de l’Etat d’envisager l’alternance en préparant un bon candidat. Mais, la sanction de la MP a été sans appel, l’exclusion du G7.

 

L’opinion nationale et internationale peut donner aujourd’hui raison au G7. A peine six mois après leur départ de la MP, l’on se rend compte que ceux qui sont restes commencent à penser la même chose que le G7 mais en catimini. Ils cherchent à quitter le navire MP avant qu’il ne coule et abandonner leur capitaine. Le Raïs devra ainsi faire face à son destin et devant la tempête de l’Histoire. Les Congolais, dans leur très large majorité, sont hostiles au glissement et à un 3ème mandat de Joseph Kabila. Il en est de même des partenaires de la RDC engagés à soutenir la, pérennisation de la démocratie, gage de la stabilité.

 

A tout prendre, Joseph Kabila est un homme seul. II doit faire face à toutes les pressions internes et comme externes des partenaires de la RDC, en homme seul. Tout le monde attend qu’il se prononce sur la fin de son mandat. Les positions défendues sur les plateaux de télévisions par certains cadres de sa mouvance ne sont qu’un trompe-l’œil. En réalité, ils attendent le jour-j pour se soustraire. L’histoire récente du régime Mobutu est-elle en train de se répéter?

 

Toutefois, il n’est jamais tard pour mieux faire. La présidentielle et les législatives peuvent toujours avoir lieu en septembre 2016. Pourvu que le président de la République se décide, seul devant sa conscience, à respecter les prescrits de la Constitution dont il est le premier bénéficiaire après ses deux mandats.

LE POTENTIEL