Le spectacle désolant de policiers en uniforme, ou en tenue débraillée, porteurs d’armes ou pas, qui déambulaient à travers les rues et quartiers de Kinshasa, à longueur des journées, tracassant de paisibles citoyens, de janvier à décembre, sans bulletin de service ou ordre de mission, pourrait bientôt relever d’un passé révolu. A la base de ce changement de comportement, la mise en œuvre depuis la semaine passée, de la décision du Commissaire général de la Police nationale congolaise d’engager dans la ville de Kinshasa, la lutte contre les tracasseries policières.
En effet, aux plaintes formulées par les opérateurs économiques sur la divagation des policiers en tenue porteurs d’armes, très visibles dans les parages de petits ports et les alentours des marchés de Kinshasa et particulièrement au centre-ville, dans le secteur de l’avenue du Commerce, les services du Commissariat général ont noté que dans la plupart des cas, ces éléments irréguliers dépourvus de bulletins de service ou d’ordre de mission, agissaient de leur propre chef sous l’empire de tracasseries policières.
Aussi pour lutter contre ces maux qui rongent la police et écornent son image d’une police de proximité proche de la population, des instructions ont été données pour que des équipes de la Police des polices puissent se déployer d’abord, au centre-ville où la présence des policiers en divagation est de plus en plus prononcée et où se commettent de nombreux abus. Si l’ordre est rétabli à ce niveau, l’opération de lutte contre les tracasseries policières pourra se poursuivre dans d’autres communes de la ville de Kinshasa.
Le week-end dernier, des policiers qui rançonnaient les piétons sur l’avenue du Commerce, sous prétexte de contrôler les marchandises achetées, les factures et les documents d’identité, ont été interpellés par les patrouilleurs de la Police des polices. Surprise désagréable ! Ces quelques éléments de la police territoriale dépourvus d’un bulletin pouvant spécifier l’objet de leur mission, sa durée et la composition de l’équipe, n’avaient que leur uniforme pour interpeller leurs « proies » à qui ils entendaient soutirer quelques billets de banque.
La réussite de cette campagne tient surtout à la pérénnisation de ces opérations
L’on croit savoir que pour ces manquements à la discipline, les policiers indisciplinés seront entendus sur procès-verbal, avant que soit décidée la punition de corps. Et au cas où il y aurait des plaignants, victimes de tracasseries ou d’extorsions de leurs biens, ces policiers feront l’objet de poursuites judiciaires.
Ceux des policiers irréguliers surpris en divagation, ont été appréhendés et embarqués à bord des jeeps qui les ont acheminés à l’état-major de la Police des polices.
Depuis le lancement de cette campagne de lutte contre les tracasseries policières, les commerçants fréquentant le centre-ville, ont poussé un ouf de soulagement. En débarrassant les principales places marchandes de la ville, le Commissariat général de la PNC tient à redonner une autre image de la police, mais aussi à sécuriser les paisibles citoyens pendant leurs emplettes.
Quelques Kinois interrogés sur la portée de cette campagne, ont encouragé le Commissariat général à poursuivre cet effort. Mais les observateurs redoutent un relâchement qui pourrait être préjudiciable au maintien de la discipline au sein de la police territoriale appelée à se muer dans les années à venir, en la police de proximité. L’on espère vivement que dans le cadre de la réforme de la police, tout sera fait pour que la Police des polices puisse continuer à jouer son rôle de chien de garde, celui de veiller au maintien de la discipline et à sanctionner les brebis galeuses. Une fois de plus, pour réussir la campagne de changement des mentalités et de comportements dans les rangs de la police, il faut, comme on dit, que force reste à la discipline.
J.R.T.