La Cour suprême de justice de la République démocratique du Congo s'est donné quinze jours supplémentaires lundi pour dire si elle est en mesure de juger l'opposant congolais Vital Kamerhe, poursuivi dans une affaire de diffamation.
Les juges devaient se prononcer sur la validité de la saisine de leur juridiction pour ce dossier. Ils ont reconnu comme "partiellement fondées" les objections présentées par les avocats de M. Kamerhe, président de l'Union pour la Nation congolaise (UNC), mais ont renvoyé leur décision au 13 avril.
M. Kamerhe est poursuivi par le ministère public et Mme Wivine Moleka, élue du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, le parti du président Joseph Kabila), pour avoir accusé publiquement celle-ci d'avoir fraudé pour emporter son siège de député en 2011.
A la suite d'une requête du ministère public, la plus haute juridiction de la RDC avait décidé fin janvier de juger M. Kamerhe "en premier et dernier ressort".
L'UNC, troisième parti de l'opposition par le nombre d'élus à l'Assemblée nationale, avait alors affirmé que le litige entre M. Kamerhe et Mme Moleka avait été réglé à l'amiable de longue date et avait dénoncé "un acharnement aux allures politiciennes" destiné à obtenir la condamnation de M. Kamerhe afin de l'empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle, prévue pour fin 2016.
M. Kamerhe a été l'un des principaux organisateurs des manifestations de janvier contre la nouvelle loi électorale. Selon les sources, 27 à 42 personnes ont été tuées, essentiellement à Kinshasa, au cours de ces manifestations, de leur répression et des émeutes qui ont eu lieu dans plusieurs villes du pays du 19 au 22 janvier.
Promulguée en février, la nouvelle loi électorale risque, selon ses détracteurs, d'entraîner un report de la prochaine présidentielle.
La Constitution interdit à M. Kabila de se présenter à ce scrutin et l'opposition le soupçonne de chercher à vouloir obtenir un "glissement" des prochaines échéances électorales afin de se maintenir plus longtemps à la tête de l’État.
Le président congolais est au pouvoir depuis 2001. Ancien président de l'Assemblée nationale, M. Kamerhe a été son directeur de campagne pour la présidentielle de 2006. Entré en dissidence en 2010, il est arrivé troisième (avec moins de 8% des voix) à la présidentielle de 2011, marquée par des irrégularités massives.