Processus électoral: Nangaa s’étale sur l’état des lieux

Lundi 15 février 2016 - 13:27

Pendant que le numéro de la Ceni sollicitait l’accompagnement de son institution par tous les acteurs, l’abbé Nshole a soutenu que pour l’Eglise catholique, le dialogue est une voie royale de sortie de crise, à condition qu’il n’énerve pas la Constitution, mais respecte les institutions du pays!

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa, a connu un week-end très chargé qui lui a permis de présenter l’état des lieux du processus électoral tour à tour aux participants de la tribune d’expression populaire sur le dialogue, organisée par le Bureau de liaison avec le Parlement, une structure de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), aux chefs traditionnels du pays et à l’Assemblée provinciale de Kinshasa et l’exécutif provincial de la même ville, dans le cadre des échanges citoyens.

L’occasion a été donnée au président Corneille Nangaa d’inviter les acteurs politiques de la société civile et autres partenaires au processus électoral d’accompagner la Ceni dans le travail difficile auquel elle s’est engagée, qualifié de  » chemin de la Croix « .

Tout a commencé par la tribune d’expression populaire sur l’opportunité ou non de la tenue du dialogue politique, organisé le 12 février 2016, dans une de salles des conférences du Centre interdiocésain de Kinshasa. Les délégués de la Majorité présidentielle, Léonard She Okitundu, et de l’Opposition, le député national Mirindi de l’Union pour la Nation Congolaise (Unc), sont intervenus pour donner, chacun, la position de sa famille politique par rapport au dialogue politique en gestation dans le pays.

Tout le monde au dialogue

Le 1er secrétaire adjoint de la Cenco, l’abbé Donatien Nshole, est aussi intervenu pour inviter tout le monde au dialogue. Il a lancé l’appel aux acteurs  » à un engagement sincère pour un dialogue qui répond aux aspirations de tous « . A travers son intervention, l’abbé Nshole a réitéré la volonté de l’Eglise catholique qui a toujours fait appel à un dialogue depuis février 2012, alors qu’on ne parlait pas encore du terme glissement.

Pour la Cenco donc, le dialogue est une voie royale de sortie de crise, parce qu’il y a crise. Il s’agit, a-t-il ajouté,  » d’un dialogue qui ne doit pas énerver l’esprit de la Constitution, que toutes les parties n’acceptent pas de violer la Constitution du pays, mais qui respecte les institutions ».

Le délégué de la Majorité, le sénateur She Okitundu, a relevé pour sa part, l’opportunité du dialogue qui va permettre l’organisation des élections dans un climat apaisé.

Ce, pendant que celui de l’Opposition, le député national Mirindi, de la plateforme politique  » Dynamique de l’opposition « , refuse ce forum. Il a parlé, lui, de la mauvaise foi des gouvernants qui sont à la base de cette situation en refusant de financer le processus électoral. Ce dernier s’est demandé  » qu’est-ce qui rassure qu’en faisant le dialogue, les élections seront apaisées et respecteront les standards internationaux ? « .

Un le cadre légal, la Constitution

Le représentant de l’Opposition anti-dialogue a expliqué, à cet effet, toutes les péripéties qui ont émaillé le parcours politique dans le pays, des situations créées par ceux qui dirigent le pays, l’ouvrage du professeur Evariste Boshab, la conditionnalité de la tenue des élections par le recensement de la population, la tentative de révision de la loi électorale qui avait créé des manifestations de protestation de la part des Congolais en janvier 2015… et autres manœuvres délibérées du gouvernement de financer les élections dans le pays.

Le président de la Ceni, Corneille Nangaa, a été le dernier intervenant en procédant à l’état des lieux du processus électoral. Il a, d’entrée de jeu, rappelé le cadre légal, la Constitution qui impose l’organisation de 11 scrutins dont cinq sont directs et six autres indirects, et aussi les derniers cycles électoraux organisés dans le pays en 2006 et en 2011.

Il a, en outre, rappelé la situation de disfonctionnement au niveau du Sénat qui, au lieu de cinq ans, totalise aujourd’hui 10 ans depuis sa mise en place.

Pour ce qui est du fichier électoral, la Ceni vient de lancer l’appel d’offre international pour l’achat des kits électoraux afin de permettre la révision du fichier électoral. La Ceni, selon son président, estime à plus de 42.000.000 d’électeurs pour ce nouveau cycle électoral de 2016. Pendant qu’en 2006, le fichier électoral était de 25.000.000 électeurs, contre 32.000.000 électeurs pour 2011.

Le président Nangaa a aussi soutenu que pour ces deux derniers cycles électoraux, il a fallu 16 mois pour procéder à la révision du fichier électoral, de l’appel d’offre jusqu’à la constitution de ce fichier. Le président de la Ceni a, par ailleurs, relevé le montant de 22 millions USD accordés dernièrement par le gouvernement dans le cadre du plan de décaissement de plus de 300 millions USD convenus entre l’exécutif national et la centrale électorale.

Le même état des lieux a été fait à l’intention des chefs coutumiers dans le cadre de l’échange citoyen entre la Ceni et l’Association nationale des chefs traditionnels du Congo tenu le même 12 février dernier, cette fois-là au siège de la Ceni à Kinshasa. Le président de cette association, Sa majesté Godefroid Munungo Mwena Bantu, a parlé de la bonne volonté de la centrale électorale de tenir les meilleures élections.

Pour lui, son organisation est déterminée à accompagner la CENI et va désormais sensibiliser la base de l’évolution du processus électoral. Pour sa part, le secrétaire général de l’association, Nfumu Difima, a lancé un mot du côté des bailleurs des fonds pour donner les moyens à son organisation pour un travail sur le terrain, surtout que le parlement vient de voter les lois qui reconnaissent le pouvoir des chefs traditionnels.

Disposer de meilleures informations

La série des rencontres sur l’état des lieux du processus électoral a été clôturée avec l’échange citoyen entre la Ceni et les institutions provinciales de Kinshasa (Assemblée provinciale et gouvernement provincial de Kinshasa). Après l’intervention du président Corneille Nangaa, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, a relevé l’importance de disposer de meilleures informations d’actualité afin sensibiliser à la base à Kinshasa.

Raison pour laquelle il a émis le vœu de la mise sur pied d’une commission ad hoc pour travailler avec la Ceni afin de bénéficier à temps réel de toutes les informations nécessaires sur le processus électoral et sensibiliser la population. Il a annoncé un montant de 45 milliards FC prévu par le gouvernement provincial de Kinshasa pour la Ceni.

Par Lucien Kazadi T.