PROGRAMME SINO CONGOLAIS TOUTE LA VÉRITÉ SUR LES ROUTES

Vendredi 8 avril 2016 - 05:21
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L’ACGT est formelle, le rapport coût-qualité prime.
* Pour réaliser ces ouvrages, cette structure gouvernementale travaille avec CREC 8 et SINOHYDRO, deux entreprises chinoises cotées parmi les meilleures au monde.
* La population est invitée à protéger ces infrastructures pour assurer leur durabilité.

Tout projet ou ouvrage, a un cycle de vie. La conception, la mise en œuvre, l’exploitation et la maintenance en sont des étapes. Le directeur général de l’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT), Médard Ilunga l’a rappelé à son auditoire, des journalistes triés sur le volet. Sur nos routes, les dégradations sont perceptibles, qu’il s’agisse de celles construites dans le cadre du Programme Sino- Congolais (PSC), du financement japonais ou d’autres bailleurs de fonds, mais elles doivent être qualifiées, catégorisées et référencées par seuil de tolérance, d’alerte et d’intervention pour définir de manière adéquate les politiques d’entretien, a fait remarquer Médard Ilunga.

Pour conforter ses propos, le patron de l’ACGT a cité à titre d’exemple, les fissures observées sur le boulevard du 30 Juin. En réponse à cette fissuration justement, il a indiqué qu’elle est inhérente au " phénomène de retrait hygrométrique propre au procédé de grave hydraulique. Stable trois années après, elle ne gêne ni le confort ni la sécurité des usagers. « Ce n’est donc pas à considérer comme un défaut", a-t-il précisé. Le problème, ce sont les conditions d’exploitation des routes congolaises qui les rendent très précaires.
Des rivières jonchées des bouteilles en plastic et autres déchets ménagers, caniveaux et collecteurs bouchés par des immondices jetées volontairement par des populations, des séparateurs et poteaux électriques brisés par des automobilistes inconscients, trottoirs pour piétons violés délibérément par des conducteurs indisciplinés… Ca et là, des constructions anarchiques sont érigées, répandant eaux résiduaires et pluviales, sables, graviers et autres déchets solides sur la chaussée, alors que les caniveaux sont bouchés et tous les systèmes d’assainissement bloqués.
On assiste ainsi à des détériorations anormales et tout à fait précoces de nos ouvrages, dues en grande partie à l’incivisme des populations rd congolaises elles-mêmes. Pour Médard Ilunga, la population doit développer une nouvelle mentalité, s’approprier ces infrastructures et les protéger.

CONDITIONS D’EXPLOITATION PRECAIRES
Pour le Dg de l’ACGT, " il est prudent d’éviter de plonger dans l’amalgame en imputant les erreurs d’une phase à une autre. Les conditions d’exploitation de nos routes les rendent très précaires ", a indiqué Médard Ilunga.
Le patron de l’ACGT explique que ce qui dégrade précocement nos routes, " ce sont l’agressivité des trafics, les impacts mécaniques et chimiques sur les ouvrages, les dysfonctionnements des systèmes d’assainissement. " Ce n’est pas tout. " L’évolution vertigineuse de la mobilité à Kinshasa entre 1980 et 2015, amplifiée par toutes les questions de comportement citoyen explique les dégradations, dans une ville où les routes secondaires et tertiaires sont inexistantes ou en très mauvais état ", a-t-il analysé.
" La population doit prendre conscience de bien protéger ses infrastructures, a-t-il conseillé, ajoutant qu’aucun intervenant n’est à l’abri des responsabilités vis-à-vis des garanties de parfait achèvement et garanties décennales. "
Le Dg de l’ACGT rappelle qu’en règle générale, s’agissant des routes, « la responsabilité décennale ne concerne que les couches d’accise et non celle de roulement, sensible aux aléas des usages. Dans les conditions actuelles de gestion des routes, la solution à la durabilité des routes est notamment d’ordre éthique et citoyen. "
Le Programme sino-congolais (PSC) avait reçu les félicitations de toute la nation pour avoir offert des routes modernes, éclairées, équipées des ouvrages d’art et d’assainissement dimensionnés, en tenant compte des règles parasismiques, bien maîtrisées des partenaires chinois. L’ACGT, depuis 2012, s’est dotée de compétences nécessaires pour assurer, par exemple, efficacement la maîtrise d’œuvre de conception et de travaux. La conception-réalisation du départ place à la collaboration efficace maître d’ouvrage - maître d’œuvre - entreprise. " La qualité des travaux est managée grâce à la collaboration des principaux acteurs ; depuis 2011, il est fait recours aux bureaux d’études internationaux recrutés par appel d’offres : Egis International (France), Cima International (Canada), Gauff Engenieure (Allemagne), etc.
" Aucune entreprise chinoise n’a été exonérée de défauts constatés pendant la mise en œuvre des ouvrages. A titre d’exemple, en juillet 2011, l’entreprise chinoise CREC 8 avait été sommée de reconstruire entièrement 4 km de l’avenue du Tourisme et en mars 2012, 1 km sur le boulevard Sendwe à Kinshasa", a confié le Dg Médard Ilunga

CREC 8 ET SINOHYDRO, DEUX ENTREPRISES PARMI LES MEILLEURES
Le directeur général de l’ACGT a exprimé sa satisfaction pour les réalisations dans la construction des infrastructures par deux entreprises chinoises présentes en RDC depuis 2008. " Les entreprises CREC 8 et SINOHYDRO impliquées dans le programme sino- congolais sont toujours classées parmi le top mondial du BTP ", fait-il fièrement remarquer.
Médard Ilunga assure que le programme sino-congolais est un modèle dualiste intégrant à la fois le développement minier et la Construction des infrastructures.
Depuis 2008, CREC et SINOHYDRO ont réhabilité plusieurs routes de la capitale congolaise, Kinshasa, et dans les provinces. Malheureusement, des routes sont en mauvais état faute d’entretien.
S’agissant du coût des routes congolaises, sujet pour lequel beaucoup de gens -souvent non qualifiés en la matière-, se perdent à tort en conjonctures, un des experts techniques de l’ACGT a fait noter un principe : " la route est multiple ! Multiple par les choix structurels, la nature des matériaux, par son sol d’assise, son environnement, par ses gabarits et la complexité des ouvrages qu’elle porte. Son prix n’est pas unique. C’est à tort qu’on fixe de façon sommaire à 1 million USD, le coût unitaire du kilomètre de n’importe quelle route. Pour preuve, le coût global de l’autoroute Chicago Skyway, longue de 12,5 km- est de 1,83 milliards USD soit 146,4 millions USD au km. Quelle conclusion tirer sur un tel coût sans détails ? ", s’est-il interrogé. Pour cet expert de l’ACGT, " la définition des ouvrages est le seul complément d’informations susceptibles de guider la compréhension des coûts. "
L’ACGT est une structure gouvernementale qui assure le pilotage des projets de construction et de modernisation des infrastructures des secteurs de routes, voiries, chemins de fer, ports, aéroports, énergies, social, santé, tourisme, sports, bâtiments, et autres infrastructures publiques. Elle est un service public relevant de la tutelle du ministère de l’Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction (ATUHITPR) doté d’une autonomie administrative et financière.
Didier KEBONGO